Chapitre 20C: novembre 1771

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Lorsque les premiers flocons de neige se mirent à tomber, je proposais à ma sœur d'emmener Malou et Auguste jouer dehors. Après avoir eu son accord, nous nous rendîmes jusqu'au parc où j'avais mes habitudes enfant, et je les laissais jouer dans la blanche. Malou ne bougea pas, elle n'avait jamais vu de la neige de sa vie. C'était une petite fille bavarde, aux cheveux raides bruns, qui dépassaient en quelques mèches de son petit bonnet contre le froid, elle portait une épaisse robe bleue sur laquelle on avait enfilé un manteau de fourrure et de petits souliers de cuirs détrempés par la neige. Je lui montrais la consistance de la neige, pour qu'elle ait envie de jouer avec, mais était d'avantage intéressée par ce qui se passait autour d'elle.

—''Regardez Malou, c'est de la neige...

Elle pointa du doigt son frère et s'exclama.

—''Gust! Gust!

—''C'est votre frère Auguste. Mais regardez la neige Malou...

—''Val ! Val !

—''Un cheval. Si vous vous extasiez à chaque fois que vous en voyez un... Oh mais qu'arrive-t-il à votre frère ? Bon, si la neige ne vous intéresse pas, allons le voir.

Nous allâmes voir Auguste, qui pleurait assis lamentablement au milieu des autres enfants qui couraient eux, sans faire attention à lui. Cet enfant était insupportable, il pleurait sans cesse pour un rien, j'étais sûr qu'il venait de tomber ou réclamait sa mère. Pourquoi n’était-il pas comme les autres enfants ?

—''Que vous arrive-t-il encore mon garçon ? M'agenouillais-je près de lui

—''Maman... maman... maman… Réclamait-il en frottant ses yeux humides

—''Je vais vous ramener auprès de votre mère, mais il n'est pas question de priver votre sœur de sa sortie.

Je prenais Auguste fils par la main sévèrement, Malou d'une autre, et nous rentrâmes. Une fois arrivée chez elle, je frappais, Auguste père m'ouvrit.

—''Bonjour Louise, vous étiez sortie avec les enfants ?

—''Oui, je vous ramène votre fils. Si vous me le permettez, je vais me promener avec Marie - Louise.

—''Que lui arrive t-il? S’est-il blessé ?

Je lui répondais un peu énervée qu'il était de son devoir d'apprendre à cet enfant à se détacher de sa mère, à cesser de pleurer dès la première chute de sa hauteur. Cela ne lui plût pas je crois, et il ramena par le bras son enfant pleurnichant à l'intérieur avant de refermer la porte au nez. J'étais donc sur le palier avec Malou.

—''Quel bougre votre père ! Il exagère de nous claquer la porte au nez tout de même ! Bon allons-nous promener Malou, puisque nous sommes seules contre le monde.

Je lui donnais la main affectueusement et nous descendîmes les escaliers marche par marche, au rythme de la fillette, concentrée sur ce qui s'apparentait pour elle a une véritable ascension.

Une fois dans la rue, elle ouvrit grand les yeux sur ce monde plein de bruits, de voix, de mouvements. Elle était curieuse, et pointait parfois du doigt un cheval ou un pigeon, alors que je lui racontais ma vie sans espoir de réponse. Nous nous rendîmes jusqu'à une boutique de gâteaux ou j'avais mes habitudes, mais n'ayant pas d'argent sur moi, nous nous apprêtions à repartir. C'est alors qu'une une voix masculine se fit entendre derrière nous.

—''Mademoiselle ! C'est pour l'enfant...

Je me retournais, et le gérant me tendit un énorme sablé pour la petite. Une fois sorties de la boutique, alors que j'avais le biscuit et que je cherchais une issue à son sort, Malou me regarda en réclamant ce qu'elle devait considérer comme un dût. Prise par une envie de la frustrer et gourmande, je le mangeais. La réaction de ma nièce fut immédiate : elle se laissa tomber par terre en refusant de faire un pas de plus, ce biscuit était apparemment à elle. Avec la bouche pleine, comme pour finaliser ma cruauté, je tentais de la relever. En vain. Alors que je me trouvais dans une situation difficile, en pleine rue passante, et que je commençais à regretter ma gourmandise, un homme vint m'aider. Il me salua et lui dit clairement :

—''Cela suffit maintenant ! Voyez la situation dans laquelle vous mettez votre mère !

Je fus quelque peu surprise que l'on me pense mère de l'enfant, mais qu'importe, le résultat était là : Marie - Louise, étonnée par cette autorité étrangère, se releva et fis à mes côtés le trajet du retour sans rien dire.

Une fois la capricieuse ramenée à ses parents et une petite visite de Camille faite, je rentrait, satisfaite d'avoir rendu service à ma sœur. Une fois rentrée chez mon frère, je trouvais Madeleine pleurant sur son lit. Elle m'expliqua qu'une de ses amies venait de mourir en couches, et elle avait très peur de la mort. Je la rassurais, bien que le risque soit toujours présent, et lui donnais l'exemple de France qui avait mis au monde six enfants sans jamais avoir de problèmes. Proche du terme, ses larmes montraient une grande fatigue autant que de la peur.

Quelques jours plus tard, je prenais mon déjeuner quand on frappa à la porte. Étonnée, je quittais la table pour aller ouvrir : il y avait une dizaine de femmes devant la porte. Alors que j'allais leur demander leur identité, Madeleine apparut.

—''Je vais m'en occuper. Entrez mesdames !

Les femmes nous saluèrent une par une, et s'installèrent dans le salon. Qui était t-elles? Madeleine leur posa des questions à chacune, en commençant par une vieille femme, directement renvoyée : ma belle - sœur cherchait une nourrice pour donner le sein à son enfant et entretenir l'appartement. Plusieurs passèrent l'entretien, mais jamais elle ne convenait : soit elle était trop vieille, soit il n'était pas sûr qu'elle ait du bon lait. Au bout d'une demie- heure, déçue après avoir renvoyée une par une les nourrices, Madeleine s'en retourna vers moi. Elle avait encore quatre mois, au lieu de ça elle devrait se passer d'aide-ménagère : son enfant devrait être nourri mais pour rien au monde elle ne l’allaiterait : elle avait d'autres choses à faire que pouponner.

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