Prologue
Mithreïlid, La Terre Intemporelle
Voyez-vous, je suis certain qu'une infinité de mondes existe, et pour être plus précis, qu'une infinité d'univers différents les uns des autres, nous entoure. Nous ne faisons jour après jour, que traverser différentes strates et dimensions dans lesquelles nos corps évoluent, où nos âmes se développent. Le monde dans lequel je vis est sûrement à mille lieues de celui dans lequel vos enveloppes charnelles se trouveront, au moment où vous commencerez à lire ces quelques mots. Il s'agit d'une terre de magie et de mystères, où tout être naît avec une vocation, une caste, et grandit selon des rites qui lui sont propres. Nos plus vieux récits content l'histoire de puissants fondateurs au nombre de treize. D’ailleurs, je ne vous l'ai pas encore dit, mais l'ensemble de tous les territoires dans lesquels nous vivons se nomme Mithreïlid : le continent perdu dans le temps.
Qui dit treize êtres originels, dit treize castes, toutes animées par des déterminations bien différentes les unes des autres.
Certains Mithreïlidiens vont donc être issus de familles guerrières, tandis que d'autres ont été capables dès leur plus jeune âge de comprendre les bases des arcanes et deviendront par la suite de farouches manipulateurs de magie. Mais n'allez pas pour autant croire que la population de ce continent se scinde seulement en deux clans : d'un bord les attardés fonçant -en hurlant- au combat, épée tirée, et de l'autre les intellectuels -toujours un grimoire à la main- désirant vous transformer en grenouille. Non. Certains de nous abandonnent tout bonnement l'idée de combattre, choisissant la voie de l’artisanat, tandis que d’autres se contentent de vivre leurs vies… Il faut de tout pour faire un monde, pas vrai ?
Nos habitations sont majoritairement constituées de pierre, de paillis et de bois, tandis que nos routes s'avèrent être un assemblage anarchique de larges pavés grotesques et mal taillés, qui, comme par magie, après plusieurs heures de marche, transforment vos pieds en venaison sanguinolente et votre dos en bouillie. Oui, nous vivons dans une époque belle et bien médiévale.
Oh, je vous entends déjà penser que nous ne sommes qu'un peuple de paysans, cependant, détrompez-vous. Nous avons déjà découvert toutes les transformations permises par les minerais et raffinons donc du métal ; bien que ce dernier demeure une ressource rare et convoitée uniquement dans le but de forger les armes et les premiers mécanismes... Nos constructions en sont donc dépourvues, et tant mieux car seul un fou pourrait vouloir construire un bâtiment en acier, tant c’est laid !
Au moment où j'écris cela, certains Mithreïlidiens vivent de grandes épopées, voyageant selon leurs propres quêtes, errant au gré de leurs désirés périples. Après tout, nous vivons à l'époque des Héros, ainsi que des "chevauchées" épiques mais... lentes. Il me faut vous préciser que nos plus rapides moyens de transports sont des créatures hissées sur deux pattes, hybrides -légèrement débiles- issues d'un croisement entre une poule géante, un sanglier et un Dragon, vous imaginez un peu cela ? Contentez-vous bien de les avoir en tête plutôt que de les croiser : ces bestioles puent et sont aussi malodorantes que dépourvues d'intelligence. Mais passons.
Ensuite, j'aimerais pouvoir vous décrire plus précisément notre Monde, mais pour ce faire, je devrais en parler en long et en large, cela prendrait des heures, des jours, voire même... des cycles entiers. Or, mon Temps est tout aussi compté que précieux.
Ce fameux Temps est d'ailleurs un drôle de paradoxe par chez nous : il se tord, s'étend, s'explore, se manipule et se conte. Autant vous dire que nos esprits ne se lassent pas d'essayer de le comprendre, et donc de mettre sous écrits ses étranges fluctuations ; cependant, aussi riche soit la connaissance du Temps, elle est protégée de la curiosité dans d'impénétrables temples, ses secrets jalousement gardés par des érudits, son utilisation demeurant particulièrement dangereuse et ses matérialisations meurtrières. Cela me rappelle que j'ai d'ailleurs oublié de vous parler d'un léger détail.
En effet, nous autres, habitants de Mithreïlid, ne sommes pas les seuls à vivre sur ces terres. Des créatures magiques -et d'autres moins, telles que les larves, par exemple- peuplent notre monde ; oh, il y a de tout encore une fois, des trolls et des ogres, des oiseaux, des taureaux bipèdes, des Dragons -oui oui– ainsi que des arbres et des plantes qui peuvent se mouvoir et cherchent à vous dévorer. Une fois de plus, une liste serait trop longue à dresser, alors autant vous dire que nous dénombrons plusieurs centaines d'espèces non humanoïdes vivant conjointement à nous autres Mithreïlidiens, toutes bien différentes les unes des autres, domesticables pour certaines et pas du tout pour d'autres. Vous comprendrez donc qu’en plus des inévitables querelles entre Mithreïlidiens, nous avons de quoi castagner et fourbir nos aptitudes au combat. Mais je divague...
Peut-être qu’un jour, aurons-nous la chance de nous « croiser » au détour d'un chemin, d'un bois, ou d'un champ de bataille. Qui sait, ce dont demain sera fait et quels mystères enveloppent hier ?
Eruxul le Guerri-érudit
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