Chapitre XVII : Un cheveu dans l'assiette, Partie 2

14 minutes de lecture

 Je ne savais pas trop ce qu'allait faire cet étrange personnage. Mais maintenant, je le tenais là, fermement dans ma main. Peut-être avais-je surréagi, mais dans le doute, il éveillait bien trop mes soupçons pour le laisser agir à sa guise. Et s'il n'avait pas d'arme apparente sur lui, c'est qu'il s'agissait là d'un magicien.


« Ton histoire ne tient pas debout. Lui lançais-je. Si ce que dit Gnas est avéré, tu n'aurais pu en aucun cas te trouver ici avant nous. Premièrement, car nous sommes revenus sans détour, et que si tu nous avais dépassé, je t'aurais vu. Tant la méfiance que l'impatience, me faisaient bouillir. Alors, il va bien falloir que tu craches le morceau, sinon ce sont tes tripes que je vais te faire cracher. J'avais haussé le ton, et je le sentais déglutir sous la pression de ma main.

Puis les tripes, soit c’est cuit, soit c'est un peu sale de les voir sorties à table. Surenchérissait Gnas à mon propos.

– Je... Je veux bien parler... Mais lâche-moi, je ne m'enfuirai pas ! Bafoullait le petit homme puant. Je prenais un instant pour réfléchir, je n'avais pas envie de provoquer un esclandre ici, mais quand bien même il essayait de nous jouer un tour, nous étions trois et lui seul.

– Tente quoi que ce soit, et je promets que tu finiras encastré dans le mur derrière toi, ajoutant un trophée de plus, à côté des têtes de sanglier empaillées. Soufflais-je.

– Ou dans la cheminée ! Gloussait Gna'.

Ou dans la cheminée, oui...

– Je ne veux pas finir en miette, merci. Je me tiendrai sage. Rétorquait-il, se sentant menacé.

– C'est souvent ce que dit Tne', il se tient pas bien pour autant, hein. Réagissait Gna', en soufflant.

– Hé la brute, je te signale que c'est de moi que tu parles, alors doucement ou...

– Oui oui, tu vas sortir des grillons de ton sac et nous dire que ceux-là peuvent nous transformer en lézard. Le coupait-elle en pouffant.

– Bon. Les interventions stupides de Gnas commençaient à cet instant à me monter à la tête. J'allais les congédier de toute façon. Avant que des tables ne volent, et entre nous. Je regardais Tne'. Prends Gnas avec toi, et demandez à l'aubergiste ce qu'il sait du bonhomme.

– Je suis pas une enfant ! Et t’es pas ma gino.. géni... T’es pas ma mère ! Râlait-elle en bafouillant. Je peux très bien être monotone !

– Autonome Gnas, autonome. La corrigeait Tne'. Très bien, nous y allons de ce pas, viens. Il s'approchait de Gnas, lui tapotant l'épaule, tandis qu’il se dirigeait vers l'office.

– Tsss, c'est toujours les mêmes qui peuvent s'amuser. Maugréait-elle, frappant du poing sur la table et le suivant.

– Bon, maintenant que nous sommes au calme...

– Je t'ai entendue ! Braillait Gnas.

– Tais-toi, bon sang. Qu'elle savait être agaçante quand elle le voulait. Je me focalisais sur ma prise et relâchais mon étreinte manuelle. Ça va mieux ? Tu vas parler maintenant ? Garde quand même les mains sur la table, je n'aimerais pas avoir à faire un geste inconsidéré en ta direction, armée d'une chaise, ou d’un quelconque objet se trouvant à ma portée. Le menaçais-je.

Je suis pas d'accord ! Lançait Gnas, qui venait presque de faire demi-tour jusqu’ici. Si quelqu'un doit le cogner à coup de chaise, c'est moi qui veux le faire. Une autre interruption intempestive, je ne la relevais même pas, ça la ferait peut-être se taire. C'est ça, ignore-moi. Pfff. Elle repartait, cela fonctionnait.

– Si tu veux que je te révèle ce que je sais, je vais te le dire alors. Le petit homme qui pouvait enfin prendre la parole avait l'air déconcerté de devoir parler. Il n'y a pas mille solutions de régler ce litige de toute façon, je ne suis pas en état de lutter... »

 Je m'assis en face de lui. Il se présenta à moi ; j'en fis tout autant, puis il commença alors une explication toute aussi farfelue qu'intéressante. Il se mit à me parler de la chronologie des événements durant une vie, des flux qui nous entouraient, la naissance, la mort, le monde, le temps et l'espace. La façon dont tout cela s'imbriquait ensemble, les conséquences des uns sur les autres. La causalité d'un acte passé sur le futur. Jusque-là, tout me semblait bien clair.

 J’essayais même de tisser un parallèle entre ma propre histoire, et mon passé ; son explication "temporelle" avait du sens, après tout, nous naissons bien petits et finissons par grandir, vieillir, mourir – même parfois un peu prématurément pour certains. Cependant, son récit se troublait quant à sa présence dans cette continuité, il me parlait d'événements dont seuls d'anciens écrits, dont m'avait parlés Tnemesnap, pouvaient témoigner, seuls eux, car ces péripéties s'étaient déroulées il y a bien trop longtemps pour un contemporain de l’ère actuelle. L'espérance de vie maximale d'une personne dans cet univers se limitant à une centaine de cycles, au mieux, pour les plus coriaces ; on pouvait en voir des choses, mais tout avait une fin. Lui se servait d'exemples plus que concrets, remontant historiquement à cinq cycles ! Ou il me mentait ou alors son explication n'était pas du tout achevée.

 Son histoire se poursuivait, Gnas et Tne' étaient partis se coucher, je voulais commander de la bière, cette boisson que j'avais tant appréciée malgré l'avoir gâchée puis m'être enfuie la dernière fois que j'en avais bue. Je faisais signe à l'aubergiste qui revenait quelques secondes plus tard les mains occupées par deux chopes en acier, dont un col de mousse blanche dépassait du récipient. Nous reprenions alors notre conversion, tandis que mon interlocuteur, Eruxul, abordait maintenant, une prétendue déformation que l'Histoire de Mithreïlid avait connue. Était-il en train de me faire croire que le temps pouvait donc être remodelé ?

 Je ne comprenais plus, comment pouvait-il parler de modification du passé, alors qu'il venait de me tenir un discours sur l'inscription d'un événement et sa finalité... Nous pouvons toujours nous excuser envers une personne si nous l'avons froissée, ou même guérir d'une plaie avec la guérison. Mais, lui avait l'air de dire qu'il était possible de retourner en arrière et de changer les choses. Je lui riais au nez.


  « Ne me fais pas croire l'impossible Eruxul, ce que tu dis là, contredit complètement la notion de causalité dont tu me parlais plus tôt, et à laquelle j’adhérais. Si tout peut être modifié, le monde perdrait la tête. Plus rien n'aurait de sens et... Il me coupait.

– Tu ne me crois pas ? Alors ouvre grand les yeux. Hé patron ! Le tavernier qui dormait jusqu’alors, avachi à son office, sursautait, puis venait à nous penaud, ensuqué par ce réveil brutal ; quant au magicien, il avait l'air de réciter quelque chose.

– Pas la peine de me faire le coup des mains, hein. Lui soufflais-je, méfiante. L'homme d'âge mûr se tenait désormais devant nous, le conteur se levait et le touchait. Tous deux disparurent immédiatement. Mais ce n'est pas vrai ça ! Je suis trop bête, je savais qu'il allait me fai... Seul mon compagnon de tablée réapparaissait, assit en face de moi, comme quelques instants auparavant. Je, euh, tu m'expliques ce qu'il s'est passé ? Il est où le tavernier ? J'étais abasourdie. Je ne comprenais plus rien du tout.

– Sois patiente. Il était désespérément calme, cela ne m’allait pas.

– Patiente, non mais tu plaisantes ?! Tu viens de faire disparaître quelqu'un là ! Et je devrais me cal...

– Et voici les bières que vous m'aviez commandées jeune dame. Le tavernier arrivait vers nous, avec deux chopes supplémentaires. Ah, mais ? Je vous les avais déjà servies ?

– Tournée précédente, mon cher, mais nous les prendrons volontiers ! Emboîtait-il immédiatement.

– Comment ça tournée précédente ? Mais elles sont pleines vos chopes. Puis, je ne me souviens en aucun cas, vous en avoir déjà amenées ! Le vieil homme avait l'air de se questionner intérieurement, hébété.

– Vous avez dû oublier, cela peut parfois se produire, à votre âge. Lui répondait Eruxul, en riant. Je restais coite, perdue, tout autant que le tavernier. Quelque chose m'échappait, et je n'étais donc pas la seule ainsi troublée. Ce n’est pas grave après tout, ne vous en faîtes pas, elles ne seront pas gaspillées ces bières.

– Vous devez avoir raison, c'est que je ne me fais plus tout jeune et...Il se passait la main sur le visage, dubitatif. Bon tant pis, on va mettre ça sur l'âge. Trinquez bien. Il parlait à voix basse. Et repartait, les deux premiers récipients vides en main.

– Qu'as-tu fait ? Lui demandais-je, tout en soulevant mon godet. Je ne lui ai pas commandé de bières, enfin si, mais cela remonte quand même à quelques minutes... Et nous les avions déjà reçues.

– Je n'ai fait que le renvoyer dans le passé, juste après que tu lui ais, en effet, commandé des bières. Pour toi cela remonte, pour lui, c'est comme si ta demande ne datait que d'une minute, voire moins. Il me regardait, levait sa chope et en buvait une grosse gorgée. Je ne manipule pas d'élément pour ma part. C'est le temps que je peux contrôler, je suis un chronomancien. Lâchait-il tranquillement. Je scrutais, le regard flou, ma chope, me disant qu'il était quand même reparti avec nos deux premières en main, et que moi j'étais restée là et... Tu as l'air pensive, tu te demandes si tu as toi aussi voyagé dans le temps ? Et les verres avec ? Non bien sûr que non, seul le tavernier et moi avons voyagé, et dans les grandes lignes, je suis le seul à avoir traversé le temps, je n'ai fait que "déplacer" l'aubergiste. Répondait-il à ma question sans que je la lui pose.

– Mais, attends, tu es en train de me dire que tu peux remonter le temps sans cesse ? Je me rendais compte de la puissance de son pouvoir, légèrement inquiétée.

– Sans arrêt c'est un grand mot, la chair a ses limites, tu sais. Que cela soit en nombre d'utilisation ou en époque, je dois procéder avec modération. Il retroussait sa manche, déroulait un linceul englobant sa chair et laissait apparaître son bras, des lambeaux de peau s'en détachait, et une sale odeur en émanait.

– Ça pue ! Mais qu'est ce que c'est que ça ? Puis qui te l'a fait ? Lui demandais-je en me bouchant le nez.

– Ça ? C'est ce qu'a senti Gnas, et ce sont là, les usages du temps. Fatalement, je vieillis, et les voyages dans le temps ne m'aident en rien. Ma chair pourrit, et lentement, moi avec. Se renfrognait-il. J'en ai vu des choses, j'en ai suivi des héros, des prophéties, des exploits. Essuyé de nombreuses batailles et guerres. J'ai vu mes amis, de toute époque, mourir avant moi. Sans être éternel, j'ai déjà presque six cent cycles à mon actif. Six cent cycles ?! Et moi qui ne connais pas même le cycle de ma naissance. Je sentais des larmes me monter aux yeux. Tu en fais une tête, ça ne va pas ? Me lançait-il d'un ton compatissant.

– Écoute, tu ne vas peut-être pas le croire, mais si toi, tu connais des centaines de cycles d'histoire, moi je ne sais même pas d'où je viens, ni quel âge j'ai. Je ne sais même pas ce qu'il s'est passé il y a plus de dix cycles, avant que Tnemesnap, le petit à ailes que tu as vu tout à l'heure, ne me retrouve sur une plage, je ne connais rien sur ma vie. Alors le temps, qui semble une donnée évidente pour toi, est une notion très abstraite pour moi. Lui répondais-je en me ressaisissant.

– Et tu aimerais le découvrir ? Les corps ne voyagent pas très loin, mais les esprits et les songes eux, traversent les temps, sans se soucier de la décomposition. L'âme est éternelle, bien que son enveloppe éphémère. Il faut juste se poser et...

– Serais-tu en train de me dire que tu peux me faire voir ce que j'ai vécu avant ? D'où je viens, par exemple ? Je le coupais.

– Je pourrais faire voyager ton esprit oui, lui faire revoir ce que tu as vécu, cependant, je préfère te le dire d'avance, l'esprit oublie facilement ce qui l'a blessé, traumatisé. Ton passé est peut-être terrible. Et je dois aussi te prévenir, que dans ce voyage, si tu veux le faire, j'y serai obligatoirement, tu ne peux pas fouiller ton passé sans que j'en sois la torche. Les quelques réminiscences que j'avais eu, par-ci par-là ne m'aidaient pas vraiment. J'avais sûrement dû faire quelques bêtises, pour avoir en tête l'image de ce cachot et du pain pourri, mais du reste, je n'en savais rien. Quand bien même je "savais" ça, cela ne représentait du moins rien d'autre qu'un flou immense. Tu voudrais essayer ?

– Mais, tu saurais dire mon âge comme ça, je veux dire sans « voyager » ? Lui demandais-je, préoccupée par le flou qui entoure ma vie.

– Tu ne dois même pas avoir une vingtaine de cycles à peine ! Riait-il. Mais je peux interroger ton corps, si tu veux. Je le regardais de travers.

– Et tu comptes t'y prendre comment ? Lui soufflais-je, comme agacée d'avance de la réponse que j'allais entendre. J'étais habituée aux réflexions salaces de Tne'. Il ne dit rien, et me saisit le poignet. Ses yeux s'ouvrirent en grand.

– Quelque chose m'étonne. Il me reprit le poignet, encore une fois sans me prévenir.

– Hé, non mais ça va, tu ne veux pas non pl...

– Pas de doute, la première fois il pouvait s'agir d'une erreur mais...

– Mais ? Je le regardais encore plus de travers qu'avant.

– Ton corps semble avoir plus de cent-cinquante cycles. C'était désormais lui, qui me regardait bizarrement.

– Quoi, est-ce vraiment fonctionnel ton truc ? Plus d'une centaine de cycles ? Hurlais-je complètement ébahie. Désolée, mais permets-moi d’en douter. Encore le tour de passe-passe et la disparition, c'était très crédible, et même plutôt agréable. Je levais ma pinte. Mais là, tu délires. C'est impossible. Je buvais mon godet, me disant que j'avais juste perdu mon temps à écouter un fou. Comment aurais-je pu être si vieille et ne me souvenir de RIEN ?

– Quels sont tes plus vieux souvenirs ? Me demandait-il, sans même avoir réagi à mon accusation.

– Je te l'ai déjà dit : je suis évanouie sur une plage et Tne' me sauve. De la noyade sûrement. Puisqu'il m'a réanimée.

– Oui, mais de quand date-t-il ce souvenir ?

– Je te l'ai dit, même pas une dizaine de cycles. Grognais-je, ayant l'impression de me répéter.

– Nous allons avoir du travail alors... Si tu veux vraiment te souvenir de ton passé. Tu n'as pas d'effet personnel avec toi ? Il avait l'air de tenir à m'aider, peut-être n'était-il pas si fou que je le croyais.

– Non, le chaperon noir que je portais plus tôt, c'est l'aubergiste qui me l'a donné et la tunique que je porte actuellement, c'est Tne' qui me l'a offerte, il m'a retrouvée nue sur la plage et mon arme... J'avais une brève absence et me reprenais. Mon sabre... Je l'ai trouvé sur un cadavre.

– Et ton arme ? Je doute qu'il n'y ait que ça à savoir à propos de cette lame. Me questionnait-il d'un air suspicieux.

– Bon, en effet je n'ai pas que ce sabre. Enfin, de matériel si. Bon, tu as l'air de vouloir m'aider alors... Je me concentrais, tendais la main, et faisais apparaître dans un éclair de lumière une épée scintillant d'un éclat nacré. Durant l'apparition ses yeux s'étaient à nouveau ouverts en grand.

– Incroyable !! Même de connaissance... Seuls quelques guerriers, et pas des moindres peuvent avoir recours à ce genre de pouvoir ! Puis, si encore ils étaient vivants, je comprendrais.

– Comment ça ? Lui disais-je, subjuguée.

– Je ne me souviens vraiment que d'une poignée de personnes capables de faire ça. Son visage se marquait d'une expression que je n'avais pas encore lu sur sa face, même durant ses récits. Quelque chose entre la fascination et le doute, entre sa connaissance et ce qui pouvait lui échapper. Il se clarifia la voix et se lança. Il y a de cela quatre cent cycles, les deux plus grandes cités que Mithreïlid ait connu furent érigées. Elles se nommaient Ilyohelm la Sainte et Teysandrul la Sombre. Toutes deux étaient dirigées par deux reines. Se distinguant l'une pour son amour et son acharnement à faire de Mithreïlid un continent de paix, l'autre, pour son goût prononcé à faire couler le sang, de la magie noire et de la nécromancie. Telles deux Déesses, elles eurent chacune leurs adeptes. Il amenait sa chope à la bouche puis reprenait. Tu te doutes bien que ce n'est pas pour jouer aux cartes que leurs disciples se retrouvaient.

 Ce fut une période de guerres et de massacres perpétuels. Nombreux furent les clans qui souhaitaient que la paix soit, mais tout aussi divers étaient les groupuscules qui ne voulaient qu'une chose : voir le monde à feu et à sang. C'est dans l'âme ça aussi, de façon éternelle ; soit nous avançons au détriment de compromis pour que le Bien triomphe, soit nous nous laissons emporter par la facilité et la colère, et alors le Mal progresse. Il buvait une autre gorgée de bière. Cette confrontation se conclut de la manière suivante.

 Les deux reines, épuisées de voir leurs adeptes échouer peu importe leur affiliation, sur-cycle après sur-cycle, se résignèrent à mener un combat singulier. L’une contre l’autre. Elles se défièrent dans un désert, par une journée magnifique. Cependant, cela ne dura pas. Aussitôt leur combat entamé, leurs forces au-delà de toute imagination ne firent que provoquer un déluge d'éléments, tuant la plupart des malheureux venus les voir se battre. Autour d'elles, tempêtes fulgurantes, tremblements de terre, soleil cuisant, pluies diluviennes, blizzards stridents, tous vinrent sillonner leur lieu de combat. Une fois de plus il s'abreuvait. Après plusieurs jours de lutte acharnée, profitant d'une perte d'attention, Hérylisandre embrocha sur sa lame funeste, Teïnelyore, tandis que cette dernière dans son ultime souffle, la décapita.

 Il est dit, car je n'ai pas assisté personnellement à cet affrontement, que leurs rares adeptes ayant survécu au spectacle, récupérèrent leurs dépouilles, et s'en retournèrent dans leur cité respective. Il faut savoir que ces deux grandes reines étaient pourtant issues de la même fratrie de redoutables guerriers, qui auraient dû être désintéressés des conflits entre Mithreïlidiens. Hélas, dans le cas de ces deux « sœurs », tout finit par les opposer : leurs objectifs, leurs façons d'être, elles se haïssaient sans limite.

 Cependant, le point où je voulais en venir te concernant… Elles avaient en commun ceci…

– Ces « Déesses » pouvaient matérialiser leurs armes, c’est ça ? Le coupais-je, pensant avoir suivi là où il voulait m’amener.

– Tout à fait… Elles pouvaient donner à leur puissance, une forme, animée ou non. Elles ne furent pas les seules à posséder ce don : au nombre de Treize, ils étaient ce que l'on pourrait qualifier de Dieux, tous dotés d’une puissance défiant les forces naturelles. Certains d'entre eux devinrent fondateurs de cités ou de peuples, faisant hériter leurs descendants de leur savoir ou de leurs traits physiques. Il semblait dérouté en croisant mon regard. Créant ainsi des combattants ou stratèges hors pair... Si la sagesse de certains a pu et su se transmettre, la plupart des disciples directs et respectifs de ces treize personnes hors norme se sont ligués les uns contre les autres, ou se sont éteints dans l’oubli le plus complet.

 Ils ont sûrement même fini par tous s'entre-déchirer, laissant ce savoir-faire et leurs caractères uniques disparaître, se perdant dans des flaques de sang, tout ça par souci d'ego. N'étant pas éternels, les membres de cette fratrie sont venus à mourir les uns après les autres, jour après jour, cycle après cycle. Laissant croître une nouvelle ère de guerre, toujours opposant le Bien au Mal. Voici où nous en sommes. Il se raclait la gorge, et attendait que je parle. Son récit m'avait passionné, jamais nous n’avions parlé de cela avec Tne', et durant mon temps de conscience, je n'avais jamais pu savourer une telle précision d'un quelconque événement. Néanmoins, un détail me troublait.

– Attends, que suis-je implicitement censée comprendre de toute cette histoire, finalement ? Serais-je moi aussi concernée ? Sautais-je sur place, et Gnas alors ? Pensais-je. Ne peut-elle pas en faire tout autant ? Qu'est-ce que cela fait de nous ?

– C'est bien la question qui me taraude l'esprit désormais aussi. Semblait désormais pensif mon interlocuteur. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 19 versions.

Vous aimez lire EruxulSin ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0