Chapitre XXIII : Le verre de trop, Partie 2
J'avais mal à la tête. Le bruit que faisait tous ces gens, toutes ces odeurs, tout me paraissait horriblement désagréable. Pire que ça, toutes les bières que j'avais bues un peu plus tôt, commençaient à me retourner le ventre. J'esquivais chargée comme une mule les derniers passants qui m'empêchaient d'atteindre une ruelle un peu plus calme, quittant les rues commerciales de ce village puant.
Quelques personnes dans un sale état jonchaient le sol. Certaines étaient des ivrognes qui avaient trouvé confortable le pavé crasseux de la ruelle, d'autres, les mains tendues attendaient que je leur donne de l'argent. Mais moi, j'avais mal à la tête et mon ventre gargouillait, au point de me donner la nausée. Sans donner une quelconque attention à ce qui m'entourait, je rendais le surplus de bière qui me barbouillait. Cet endroit sentait de toute manière déjà la crasse et le pourri, je ne pouvais pas plus salir, en quelque sorte.
Quelques pas supplémentaires m'amenaient à une nouvelle rue fortement peuplée. Les cris de tous les vendeurs m'agressaient, je puais, j'avais faim, sommeil ; il fallait absolument que je trouve un endroit où me reposer. C'est après quelques mètres, et quelques coups d’œil, que je remarquais un attroupement autour d'une hôtesse peu vêtue ; elle clamait que son établissement proposait repos et réconfort aux valeureux, en échange de pièces d'or. J'appréhendais l'accueil que l'on me réserverait, mais il fallait que je tente ma chance.
Sans adresser un mot à la femme presque nue, s'exhibant à l'entrée de la bâtisse, je poussais l'énorme porte en bois massif de cette auberge. La refermant silencieusement derrière moi, j'eus un peu de mal à distinguer ce qui m'entourait au premier instant. L'intérieur était faiblement illuminé d'une lumière rouge, provenant de bougies elles-mêmes recouvertes d'un tissu écarlate ; entre mon état actuel et l'éclat du soleil matinal, l'adaptation à la luminosité du lieu était un peu compliquée.
Quelques secondes après, je distinguais à droite plusieurs bancs et canapés, pour la plupart vides et pour les autres, occupés par des hommes et des femmes, qui tout en buvant, avaient l'air de se rincer les yeux sur les corps nus qui sillonnaient la pièce, parfois dansant, minaudant, séduisant... À ma gauche prenait place un long comptoir sombre, derrière lequel, se tenaient un homme et une femme, encore une fois, dévêtus, ou très peu vêtus, pour être précise.
Je m'avançais vers ces derniers, tout en regardant, curieuse, les formes et courbes que proposaient ce lieu. Me rapprochant du bar, les regards des hôtes se dirigeaient vers moi. Je me raclais la gorge, consciente de mon ivresse, j’inspirais calmement.
« Bonjour, je voudrais prendre un bain, manger, boire et dormir. C'est possible ici ? Leur demandais-je d'une voix timide, soulagée de ne pas avoir eu de retour de bière en plein milieu de ma phrase.
– Si vous avez de l'or, tout est possible, ici. Vous êtes seule ?
– Oui je suis toute seule... Quelle question, je le cacherais où l'autre, sous ma cape ?
– Et combien de temps souhaitez-vous rester parmi nous ? Me retournait-on.
– Aujourd'hui et cette nuit, je repartirai au petit matin.
– Oui cela va sans dire. Êtes-vous familière à ce genre d'établissement ?
– Euh, vous voulez dire aux auberges ? Les deux membres du personnel se regardaient et pouffaient, puis la jeune hôtesse reprenait.
– Ici, vous pouvez consommer nourriture, boisson et chair.
– Ah non, je ne suis pas une cannibale moi... À nouveau ils riaient, puis cette fois-ci, c'est l'hôte qui poursuivait la conversation.
– Ici, vous pouvez avoir de la compagnie, afin de laisser libre court à vos envies sexuelles, une personne, deux ou même plus. Tel que votre désir le souhaitera.
– C'est-à-dire que... Je n'avais absolument pas imaginé cet établissement comme ça. Je pensais que ces gens aimaient juste se balader nus. Je désignais alors les actuels clients. Je pense qu'une seule personne m'irait... Enfin, je crois.
– Vous comprendrez que ces services sont payants et qu'il y a des règles. Vous payez maintenant pour votre chambre, le bain et vos repas, et avant de partir, vous paierez l'extra-consommation. Entendu ? M’indiquait l’hôtesse.
– Je suppose, oui. Et c'est combien, alors ?
– Une journée, une nuit, deux repas ?
– Comptez-en trois… Des repas, et de quoi boire aussi...
– Cela fera 60 pièces d'or. L'hôte que vous choisirez vous donnera son prix au moment venu.
– Voilà. Je sortais difficilement l'argent de la besace, empilant laborieusement les pièces en six piles.
– Merci. »
L'homme récupéra ladite somme, et désigna sa voisine afin de me guider. Faisant le tour du comptoir, la femme me rejoignit et me fit à son tour signe de la suivre. Lorsqu'elle se retourna, je pus constater qu'elle portait un étrange sous-vêtement, laissant visible toutes ses fesses, le tout maintenu par deux bouts de ficelle.
« Cela ne doit pas tenir bien chaud, quand même... Pensais-je tout haut. »
L'hôtesse se tourna vers moi, sourit, puis avança sans rien dire en direction d'un escalier peu éclairé, qui s'enfonçait dans cet étrange endroit. Au bout de quelques marches, elle soupira puis d'un ton très sérieux se mit à énumérer plusieurs choses.
« Il est interdit de frapper votre compagnie, de l'insulter, ou de lui manquer de respect. Si vous voulez faire quelque chose en particulier, assurez-vous bien que votre hôte ou hôtesse soit d'accord et partant. Interdiction de se battre avec les autres clients, interdiction de pratiquer de la magie dans l'établissement, de ramener des personnes extérieures si elles ne nous sont pas présentées et qu'elles n'ont pas payé leur entrée, interdiction d'invoquer des créatures animales ou humanoïdes pour participer à ce que vous ferez, nous sommes un établissement respectable. Interdic...
– Comment je sais qui est un hôte ou qui ne l’est pas ?
– Interdiction de vous enfuir avec votre compagnie, ces personnes appartiennent à l'établissement, et pour finir interdiction de consommer ce qui vient de l'extérieur. Elle reprenait son souffle, toujours en train de gravir les marches de l'escalier en bois. En ce qui concerne les hôtes et hôtesses, nous portons tous ce bracelet de cuir. Elle me montra le sien. Il vous suffit juste de nous le demander, si vous avez un doute.
– D'accord. À vrai dire, je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais ici, ni ce qui pratiquait ici, mais je rêvais juste du bain que j'allais savourer dans quelques instants, et quelque part, j’aimais bien regarder ses fesses rebondir à chaque marche qu’elle gravissait. Dîtes, je n'ai que ça comme tenue...
– Vous trouverez une robe de chambre dans votre penderie, je vous préviens, elle est large, alors vous flotterez sûrement dedans. Puis, si vous restez longtemps habillée ici, peut-être que vous passerez à côté de certains divertissements du lieu. Elle me faisait un clin d’œil étrange.
– Ah oui d'accord, je vois. »
En réalité, je ne comprenais rien du tout, mais bon, si elle devait tout me réexpliquer, jamais je ne réussirais à prendre mon bain, alors je faisais semblant, et tout en faisant semblant, je manquais la dernière marche sur laquelle je posais le bout de mon pied, et me rattrapais au postérieur de ma guide, que j'empoignais comme j'aurais saisi une rampe d'escalier.
« Vous avez l'air timide au premier abord, mais en fait vous êtes plus farouche que vous n'y paraissez, je me trompe ? Me questionnait-elle d'un ton complètement différent que durant son discours, et ça, sans même se vexer et d'une voix à la limite de la perversion. Comme Tne' quand il me parlait de mes blessures, étais-je obligée de constater.
– Ahem... J'ai glissé... Lui répondais-je, un peu idiote.
– Oui, c'est bien entendu, quelque chose que l'on entend souvent ici. »
Je me sentais bête, surtout qu'il s'agissait d'un stupide malentendu. Une fois le premier palier atteint, l’hôtesse se retournait dans ma direction.
« Voilà, je vous donne la clé de votre chambre, cela sera la quatrième porte à votre droite, la salle avec les bains est en bas, venez nous consulter dès que vous serez prête. D'ailleurs, dans votre état, je vous somme de vous laver avant de demander une quelconque compagnie. »
Je sais que j'empeste, grosse maline... Mais plutôt que de lui dire, je souriais bêtement, récupérais ma clé et m'empressais de trouver ce qui allait être mon premier lieu de repos avec un vrai lit depuis plusieurs jours. Sans perdre un instant, je fonçais vers la porte en question, faisais grincer la serrure, et m'empressais de jeter au sol toutes mes affaires, avant de me dévêtir à mon tour et de me jeter sur mon lit. Ils ont raison, me disais-je, d'être nu tout le temps... Ça doit être le pied. À peine avais-je commencé de profiter de mon immense lit moelleux, et que le calme s'était installé, que j'entendais les murs voisins trembler, et les voix d'une femme et d'un homme se mélanger. Je venais enfin de comprendre.
Sans prendre la peine de m'habiller - j'avais bien compris la coutume du lieu - je récupérais sous le bras la large tenue fournie par l'établissement et me dirigeais vers l'escalier afin de descendre et pouvoir enfin aller prendre un bain. L'ambiance du rez-de-chaussée était assez torride, il fallait le reconnaître, certains regards croisaient le mien, on m'observait, de bas en haut, on me scrutait sous toutes mes coutures, c'était étrange, je décelais à la fois de l’envie et du dégoût dans les yeux des clients et hôtes. J’accélérais le pas en suivant les odeurs de savon et de fleurs qui émanaient d'un couloir, donnant sur une porte, qui elle s'ouvrait sur le paradis.
La pièce aux bains, s'offrait à moi. Une brume chaude et délicieusement parfumée masquait le plafond, tandis que le sol était parsemé de larges trous, lesquels étaient remplis d'une eau fumante abritant quelques couples profitant de l'intimité du lieu pour se relaxer, ou faire l’amour d’ailleurs. J'en choisissais un libre, dans lequel je m'affalais avec un plaisir sans équivalence possible.
Des marmites fendues étaient posées près de chaque espace creusé, qu'une hôtesse remplissait régulièrement pour entretenir le niveau des bains, des rigoles évacuaient le surplus débordant, j'aimais beaucoup ce système, et pour ne pas mentir, c'était la première fois que je me lavais ailleurs que dans une rivière ou sous la pluie. J'étais sous le charme du lieu. Je fermais les yeux, pensais à tout ce que j'avais vécu jusque-là, et finissais par m'endormir en pensant à Evialg, qui avait mystérieusement disparu quelques jours plus tôt.
Je me réveillais finalement plusieurs heures plus tard, toute molle et surtout moins patraque qu'en arrivant ici. Après m'être faite craquer de toute part, je décidais de sortir de mon trou d'eau bien chaude. Je me glissais dans l'immense tenue que j'avais laissée près de moi et je fonçais me rassasier.
Ce n'est qu'après avoir eu bien mangé, que la curiosité m'amena à la rencontre des employés du local. On me présenta plusieurs hommes, mais cela ne me parlait pas beaucoup, et ils ne m'attiraient pas du tout. Je finissais par regarder les hôtesses, leurs formes, leurs courbes, leurs mains. Sans bien comprendre ce que je faisais, je m'avançais maladroitement vers l'une d'entre elles, et sans trop savoir quoi lui dire, je l'abordais. Elle était blonde, plus petite et plus fine que moi, mais devait néanmoins être plus âgée que moi. Sa poitrine maintenue par un corset, laissait néanmoins ses tétons visibles. C’était par ailleurs, ce détail lascif qui m’avait finalement convaincu de me diriger vers elle.
« Bonjour... Je regardais son poignet pour m'assurer qu'elle portait bien un bracelet. Je, euh...
– Tu veux passer du bon temps avec moi ? Me lançait-elle d'un ton taquin et joueur.
– Oui, je suppose, enfin... Je ne savais pas du tout dans quoi je me lançais.
– Et bien, je ne te plais pas ? Elle se dandinait devant moi et soupesait malicieusement un de ses seins. Je peux être douce ou sauvage, comme tu le voudras ma belle.
– C'est que... Je n'ai jamais... Enfin, tu sais.
– Qu'est-ce que tu n'as jamais ? Touché une femme ? Si seulement elle savait, que je n'avais aucune expérience avec les gens et encore moins avec mon corps... Je commençais à me dire que j'avais fait une erreur, et je me sentais gênée, à paraître si brouillonne. Pourtant, en la regardant, je sentais mon sang se réchauffer, comme si quelque chose en moi, m'amenait à la vouloir. En fait... Sa main saisissait la mienne et la plaçait sur sa poitrine, si douce et si chaude. J'étais troublée, je ne savais pas si je devais la regarder dans les yeux ou continuer à scruter son corps. Je ne sais pas trop ce que je dois et peux faire en fait.
– Si tu ne sais pas trop, tu peux me laisser faire alors ?
– Faire quoi ? Je me rendais compte de l'idiotie de ma question en ce lieu.
– Hahaha, tu es mignonne toi, avec ton air innocent. Si cela ne te plaît pas, tu pourras toujours me le dire et j'arrêterais.
– Je suppose que vu comme ça... C'est moins pire qu'un combat à mort, hein ! La femme se rapprochait de moi, plaquant son buste lisse contre le mien, elle enroulait ses bras autour de mon cou. Elle était plus petite que moi, alors je la sentais se mettre sur la pointe des pieds, elle posait ses lèvres sur les miennes, les suçotant tendrement, puis elle reculait.
– Cela te rassure ? Ricanait-elle.
– Un peu, oui. Murmurais-je, troublée. Bien que je ne le pensasse pas du tout.
– Alors, allons-y ! S'empressait-elle de dire avant de me saisir par la main et de m'amener dans les escaliers. Je te laisse m'ouvrir ta chambre, cela sera la dernière chose que tu auras à faire... Pour le moment. »
Je m’exécutais sans broncher, ratais la serrure sous le coup d'un tremblement, je réussissais. J'entrais, insérant la clé de l'autre côté de la porte, et me retournais face au lit, un peu dubitative. J'entendais le loquet grincer derrière moi, puis sentais ses mains m'entourer la taille, glissant sous le nœud qui retenait l’ample tenue de la chute, ses doigts jouèrent avec le cordon de tissu, puis la robe glissa de ma peau.
J'étais tétanisée, étrangement excitée, mais gênée, puis une de ses mains se dirigea vers mon bassin, frôlant mes cicatrices, s'interrompant dans sa descente, je frissonnais, puis ses doigts continuèrent leur chemin avant d'atteindre une petite boule, cachée là, entre les plis de mon anatomie. Une énorme bouffée de chaleur m'envahit subitement, c'était si bon, presque autant qu’un coup de coude dans les gencives. Je frémissais sous ses premières caresses, me courbais par à-coups.
Elle retirait ses doigts, puis me retournait face à elle. Son regard s'arrêtait sur mon corps, et sur toutes les marques qui le sillonnaient. Je contemplais ses yeux, qui parcouraient chacun de mes membres, qui suivaient les balafres, cela m’embarrassait, je finissais par cacher ma peau tout en fuyant son regard.
« Ne me regarde pas comme ça... On dirait que je suis un monstre...
– Allons... Je ne pensais pas ça du tout ! Tu te poses trop de question tu sais.
– C'est que... »
Elle interrompait ma phrase et me fit basculer en arrière, m'allongeant sur le lit. Pour moins que ça je me serais débattue et lui aurais mis mon front contre le sien... Mais, là c'était différent, elle m'attisait, et je me sentais de plus en plus chaude. Elle me poussait pour que je puisse m'étendre complètement, puis elle me rejoignait à son tour après avoir retiré son très court pagne. M'enfourchant à califourchon, plaçant une de ses mains sur mon cou, et l'autre sur la petite boule précédemment découverte et titiller. Je me sentais couler du sexe.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que tu touches exactement pour que je me sente si… Si attisée ? Mes mots innocents et maladroits soulevaient sa curiosité et faisaient apparaître un sourire sur son visage.
– Ça ? Demandait-elle en continuant sa caresse, en me faisant gentiment gémir.
– Aaaaaah... Je jouissais. Oui ça.
– C'est ton clitoris ma belle, et sûrement l’un des rares endroits sensibles de ton corps, à constater les marques qu’ont laissé coups que tu as reçus.
– Cloti-quoi ? Lui répondais-je, ignare.
– Hahaha. »
Elle ne disait rien de plus, et je la voyais descendre toute entière le long de ma peau, de sorte à mettre son visage face à mon clito-truc.
« Qu'est-ce que tu vas... Aaaaaahh. »
Au moment où elle posait ses lèvres sur mon pubis, l’extase s’immisça farouchement dans ma chair, puis sa langue vint heurter et suçoter mon clitoris, j’étais prise de convulsion, tandis que mon corps et mon cerveau étaient pris d’assaut par une immense explosion de plaisir. Comme si ce qu'elle était en train de me faire, mon corps l'attendait depuis toujours, le désirait ardemment plus que tout, peut-être même plus qu’une lame venant se loger dans ma peau. Mon sang brûlait en moi, je vacillais tendrement. Cette langue chaude et humide qui me glissait dessus, c'était l'achèvement d'une longue quête de jouissance et de plaisir, qu'un millier de lames me perforant n'avait pas réussi à me faire atteindre, tout du moins, pas sans causer d’innombrables dégâts par là-même. Mais il n’y avait aucune perspective de combat se profilant, et je savais que j’allais pourtant prendre mon pied.
Machinalement, mes mains agrippèrent le contour de son visage, tandis que le suçotement de ses lèvres autour de mon clitoris faisait vaciller mon corps, de plus en plus nerveusement, tandis que je désirais que cette sensation s’accentue davantage. Mes hanches étaient hypnotisées par le plaisir, et j'exécutais de lents va-et-vient avec mon bassin, je lui plaquais la bouche sur moi, jusqu'à sentir sa langue me pénétrer tendrement, puis retourner sucer cette petite boule magique.
J'étais détrempée, de sueur et d’extase, et je savais que je mouillais désormais abondamment, jusqu'où cela pouvait-il aller ? Jusqu'où cette bouche à plaisir pouvait-elle m'amener ? Ses doigts glissaient sur mes tétons, me les pressaient, je chouinais de plaisir. Comme dans un combat au suspens insoutenable, l'excitation était à son comble, et j'en voulais plus encore ; comme pour reprendre le dessus, je m'extirpais sans aucune difficulté de la chaude pression que la femme exerçait, et l'allongeais à ma place.
Je bouillonnais d'excitation, la curiosité me rongeait, je voulais lui faire ressentir l'explosion ardente qui avait traversé ma chair quelques instants plus tôt. Allais-je réussir ? Sans crier gare, j'étais désormais à quatre pattes, face au lit, la bouche si près de son sexe quand...
Quand une odeur putride arriva à mon nez. Putride comme celle d'un marais dans lequel des animaux sauvages venaient mourir tous les jours, immonde comme l'odeur d'une plaie purulente et gangrenée. Je me levais précipitamment et allais directement vers la porte, l'ouvrais.
« Bonsoir celui qui pue. Lançais-je, retrouvant bien celui que je pensais trouver devant ma porte.
– Je ne sais pas si je peux le dire mais... Il s'arrêtait de parler, perturbé, m'inspectant de bas en haut. Tu as du nez Gnas. On peut le dire.
– Pourquoi, c'était interdit ? Je ne comprenais pas.
– Qu'est-ce qui est interdit ? Me questionnait-il, tout autant perdu que moi.
– De le dire ? M'étonnais-je.
– Non... Il était médusé. Mais ce n'est pas grave, tu sais. Qu'importe, tu peux t'habiller s'il te plaît ?
– Franchement... Je prenais conscience de ma nudité, des pertes transparentes dévalant mes cuisses, ainsi que de ce que j’allais faire avant d’être dérangée. Tu débarques comme ça, tu m’interromps, et en plus, je dois m'habiller alors qu'ici tout le monde est nu... Je me retournais vers la femme, et je pensais aux coutumes de cette auberge, puis refaisais face au nabot. Tu aimes ce que tu vois ? Mais dis-moi, tu ne voudrais pas te joindre à nous par tout hasard ? Il faut juste prendre un bain avant. Glissais-je malicieusement.
– Non mais, c’est du grand n’importe quoi. Il n’était clairement pas intéressé et détournais la tête, tant mieux quelque part. Cela ne t’ennuierait pas que l'on parte d'ici ? ET QUE TU T'HABILLES ?! Il insistait fortement.
– Ça va, ça va. Maugréais-je, tout en me dirigeant vers le lit, et vers ma "compagnie". Euh, je ne comprends pas tout... Mais, je dois m'habiller et partir. Je... euh. Je vous dois combien ? Demandais-je gênée.
– Rien, gamine. Tu me paieras la prochaine fois que tu resteras et que l'on finira ça. Disait-elle d'un ton farouche.
– C'est du joli... Soufflait le nabot pourrissant, épiant notre conversation, et comprenant qu’il s’agissait là d’une relation tarifée.
– Bon toi le rabat-joie... Je te permets surtout de te taire, hein. Grognais-je. »
Je lui claquais la porte au nez, je me sentais un peu chamboulée, et malheureusement, complètement refroidie. Cela m'embêtait de partir maintenant, j’aurais vraiment voulu continuer moi, et pouvoir rendre la pareille à ma compagnie. Terrée dans le silence, j'enfilais ma tenue et me revêtais de mon nouveau plastron. Je me sentais bête, n’arrivant pas à refermer l'attache dorsale de ma nouvelle pièce d’équipement. Une paire de mains venait à ma rescousse, glissant délicatement mais solidement les languettes de cuir dans la boucle.
« Tu dois combattre de sacrées créatures pour être équipée ainsi...
– Je ne sais même pas contre quoi je vais me battre. En fait, je ne sais pas grand-chose. Je m'ouvrais à elle, sans y prêter attention. Mais s’il est venu me chercher, je suppose que cela doit être important.
– Tu peux savoir que je t'attendrai ici, d'accord ? Elle m'embrassait sur la joue, tendrement. C’est une certitude, sans ambiguïté… Ou presque. Me glissait-elle en souriant.
– J'essaierai de m'en rappeler. Même si maintenant que j’y pensais, c’était avec Evialg que j’aurais voulu expérimenter cette partie de plaisir. Peut-être reviendrai-je un jour. »
Je récupérais mes dernières affaires et quittais la pièce en grognant. Celui qui m’avait interrompue m'attendait bras croisés, adossé au mur face à la porte dont je m’extirpais. Son regard s'écarquillait.
« Qu’est ce qu’il se passe encore ? J’ai un sein à l’air ? Une coiffure qui ne te plait pas ?
– Non pas du tout. Ce sabre c'est... Le Masamune ? Prononçait-il hésitant.
– Masa-quoi ? Disais-je en empruntant la direction de l’escalier.
– Le Masamune, Gnas ! Aucun doute possible… Affirmait-il. C'est une arme légendaire, mais tellement lourde que personne ne peut la brandir, pour ainsi dire, elle n'a sûrement jamais servi cette arme ! Elle aurait sûrement pu finir en décoration… La voir à ton dos… C’est… Prodigieux.
– Décidément, ça fait deux fois que nous nous voyons, et deux fois que je ne comprends rien à ce que tu me racontes. Par contre, comment tu connais mon nom ? Et qu'est-ce que tu viens faire là ? Et pourquoi es-tu venu me chercher moi ?
– Toutes tes questions sont reliées. Répondait-il simplement, comme si cela suffisait pour que je comprenne.
– D’accord... Cette réponse me semblait un peu légère. Mais encore ?
– Evialg. C'est Evialg qui m'avait parlé de toi à l’auberge, et c'est elle qui court un grave danger actuellement.
– Evialg ? Grave danger ? C'est marrant, ça sonne bien. Gloussais-je, toute fière, bien qu’entendre son nom autrement que dans mes pensées, me faisait battre le cœur un peu plus vite.
– Ça te va bien de faire de l'esprit, Gnas...
– Si elle n’avait pas disparu sans rien me dire, quelques jours plus tôt, je ne ressentirais pas ce besoin de me moquer d’elle. Mais passons.
– Cela doit sûrement être un malentendu, non ?
– Je n’en sais rien. Mais elle aurait pu… Elle aurait dû me prévenir, je me suis inquiétée les premiers jours. Puis finalement, je me suis faite une raison. Soufflais-je, énervée, et néanmoins toujours inquiète pour elle.
– Je suis certain qu’il y a une raison à son départ si rapide. Bon, toujours est-il que je sais comment tu t’appelles, pour ma part c’est…
– Nabot-puant ! Ça me va très bien ! Comme ça quand tu te retrouveras avec Tnemesnap, ça sera facile de vous distinguer. Nabot-ailé, nabot-puant. Parfait. Pouffais-je de rire, tandis que nous passions devant le comptoir de l’entrée, et que je saluais les hôtes d’un hochement de tête.
– Non… Enfin. Il semblait consterné mais ne cherchait pas à me raisonner. Comme tu voudras, mais sinon, c’est Eruxul.
– D’accord le puant, j’essaierai de m’en souvenir alors. D’ailleurs, il est où Tne’ ? M’inquiétais-je subitement, alors que lui aussi manquait à l’appel depuis l’assaut de la forêt. »
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