Chapitre XXV : Le rituel des Pleines Lunes, Partie 1

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 Détournons notre regard de la cité sombre, et de la pénombre qui l'entoure et l'embellit, et repartons vers des contrées plus verdoyantes, sous les rayons d'un soleil chaud et dont le vent transporte les chants de la sylve. Aventurons-nous dans une épaisse forêt, dont le ramage de tous les arbres rayonne d'un éclat égal à celui d'une émeraude, abritant mystérieusement en son sein, un village bien caché. Ce hameau sylvestre est constitué de cabanes arboricoles fixées aux troncs, reliées pour certaines par des passerelles en bois et autres cordages douteux.

 Ce village s'avérait être tout aussi difficile à trouver qu'une once d'intelligence dans le cerveau d'un fantassin ; aussi, peu de Mithreïlidiens en connaissent la localisation, et encore moins les étranges locaux, qui, faute de ne vivre qu'entre eux depuis de nombreuses décennies, ce sont un peu éloignés des coutumes et normes sociales... N'ayant jamais eu l'occasion de recevoir la visite ou même de rencontrer d'autres êtres pensants. Nous retrouvons, un de nos rescapés, évanoui, les traits livides et le teint pâle, bâillonné comme du vulgaire gibier, que l'on aurait cueilli plutôt que chassé, aux vues de son état lamentable. Ce dernier est posé, inanimé, à l'ombre de quelques arbres, tandis qu'à côté de lui, deux chasseresses s'animent et s'agacent autour du corps inerte.


 « Dis, tu crois qu'il va se réveiller ? Il n'a pas l'air d'aller très bien, quand même... Lâchait inquiète la première inconnue.

– Il fallait peut-être se poser cette question AVANT de l’assommer... Ou plutôt AVANT de le frapper si fort avec ta masse... Lui rétorquait sa consœur d'un ton suffisant et accusateur.

– Ah parce que maintenant, ça va être de ma faute en plus... Détournant le regard de son interlocutrice.

– C'est bien toi qui lui as écrasé ton arme sur le crâne, non ? Que je sache ?

– Peut-être, oui. Murmurait-elle, coupable.

– Bon et bien... Assume.

– Mais c'est toi qui as paniqué ! Et qui m'as faite réagir comme ça.

– C'est la meilleure. Je ne savais pas que dire : Il y a quelqu'un derrière ce buisson, s'entendait chez toi comme : « Assommons-le et ramenons-le au village. » Rageait-elle.

– Cesse de geindre, un peu. Premièrement il n'est pas encore au village, puis... Elle posait son regard sur le petit personnage allongé et comateux. Tu ne trouves pas qu'il fait un peu pitié ? Avec ses petites ailes et sa taille chétive ? C'est un gros insecte, tu crois ?

– Cela explique d'autant plus ta réaction, je cite : Trouvons un déchet, amochons-le un peu plus qu'il ne l'est déjà, et ramenons-le au pied de notre village, pour être certaines qu'il s'enfuit, et qu'il révèle où sont dissimulées nos habitations... IL VA FALLOIR LE TUER, TU COMPRENDS ÇA ?! LE PREMIER NON-FÉLICIEN QUE NOUS CROISONS ! J’avais clairement autre chose en tête.

– Tu dramatises, de toute façon, il ne survivra sûrement pas, enfin peut-être pas. Puis ça va, hein. Tu vas me mettre ça sur le dos alors que tu peux aussi utiliser différents tons pour exprimer différentes émotions. Elle haussait la voix. Si tu n'avais pas couiné comme un marcassin pourchassé par un loup, peut-être n'aurais-je pas réagi de la sorte...

– Parce que madame est parfaite, j'avais oublié ça. Lui répondait-elle, vexée.

– Je dis juste que...

– Tu dis juste que tu as fait n'importe quoi et que maintenant tu te demandes si tu n'as pas plongé ce voyageur dans le coma avant de l'avoir potentiellement condamné à mort. Un pauvre innocent...

– Tu deviens sénile, tu radotes. Qu'importe ce que tu en penses, la grande prêtresse en jugera...

– Parce qu'en plus tu vas aller baver ce qu'il s'est passé ?! Après tu vas finir par dire que c'est de ma faute si nous avons ramené ce… Enfin… Voilà, ça, jusqu'au village ? De ma faute si nous avons enfreint au moins trois règles du village ? De ma faute si tu lui as sauté dessus la tête pleine d'envies belliqueuses ?

– Grrrrrr. Venait-elle de réellement et farouchement grogner. Ne me cherche pas.

– Tu vois, tu me parles de compréhension, mais tu ne fais aucun effort Decadrys...

– Yzidris ?

– Quoi ?

– J'en ai plein la tête, là, des idées et envies belliqueuses. Et si cela peut te conforter, elles ne visent pas un parfait inconnu.

– Tu n'oserais pas, moribonde. Disait-elle d'un ton plein de défiance.

– Moi, haha, mourir de ta patte, moi ? Les Lunes s'aligneraient pour pouvoir se cacher la vue d'une telle infamie et incohérence.

– Plutôt que d'essayer de faire de l'esprit, Decadrys, tu ferais mieux de commencer à t'en servir, de ton esprit. Avant de te retrouver dans le même état que lui. Elle désignait le petit homme allongé. »


 La patience de toute personne a ses limites, celle de la chasseresse accablée de reproches venaient d'être atteintes, et cette dernière venait de fondre sur Yzidris, tout en décuplant sa taille, et revêtant la même forme bestiale et féline que celle du mystérieux attaquant qui avait alors, quelques jours plus tôt amené notre petit groupe à se dissoudre. Les deux femmes, jusque-là d'apparence normale et plutôt coquette, se ruaient désormais méchamment l'une sur l'autre, tailladant en copeaux arbres et buissons autour d'elles, marquant troncs et roches d'entailles larges et profondes laissées par leurs immenses griffes toutes déployées.

  Des touffes de poil ensanglantées volaient par-ci et par-là, sous les coups que s’assénaient Decadrys et Yzidris, leur farouche combat était accompagné par quelques insultes et provocations proférées par des voix mi féminines mi-monstrueuses, elles-mêmes entrecoupées par leurs hurlements furieux. À nouveau le corps-à-corps était recherché, elles se fonçaient l'une sur l'autre, les crocs se plantaient sans insister, les corps se bousculaient et trébuchaient. Profitant de quelques erreurs, Decadrys finissait par avoir l'avantage et alors qu'elle s'apprêtait à frapper à l'aide d'un petit arbre fraîchement déraciné le crâne de son opposante, une silhouette se dessinait dans le champ de vision des combattantes, instantanément, le combat cessait.

 « En ce qu'il est de la discrétion, je pense que vous pouvez faire mieux, par contre, en ce qu'il est des règles de vie et de sécurité du village, vous ne pouviez pas faire pire. »


 Affectées par la même grimace, les deux belligérantes retrouvèrent leurs apparences humaines, reprenant leurs esprits et détournant le regard l'une de l'autre. L'une se retirant légèrement et l'autre imposant sa posture.


 « C'est bon, Meladrys… On ne faisait que s'entraîner. Soupirait Yzidris. Subitement, la concernée se rapprocha d'un pas prompt des deux premières chasseresses, avec un regard menaçant.

– Vous ne pourrez pas faire les gamines éternellement. Commençait-elle à les sermonner. Surtout si vous vous permettez de compromettre notre dissimulation, et notre tranquillité.

– Pas la peine de faire la cheffe, Mela'. Venait de souffler Decadrys. Tu ne l'es pas.

– Je ne suis PAS ENCORE la grande prêtresse, c'est important de le préciser ! Et méfie-toi de ce que tu avances, car une fois au pouvoir, je te ferai bannir si tu ne sais pas te tenir tranquille ou si tu me manques de respect. Comme ça, en errant tu pourras toujours faire autant de grabuge que tu veux, tu ne nous nuiras plus.

– Ton respect, tu sais où tu peux te le fourrer... Rétorquait-elle, irritée, à mi-voix.

– Pardon ?! Meladrys s'avançait quasiment jusqu'à ce que son front aille buter contre celui de Decadrys, plantant ses yeux fendus dans les siens. Mon respect je te l'imposerai, car moi j'ai le pouvoir dans le sang ! Alors que toi, tu n'es faite que pour être gouvernée et pour obéir bien gentiment. Lui crachait-elle, en détournant directement le regard et en repartant tout de suite d'où elle était venue. »

 Se retrouvant hors de sa vue, Decadrys se métamorphosa à nouveau, et sans bruit, ramassa l'arbre déraciné auparavant, qui était destiné au crâne d’Yzidris, et l'envoya du plus fort qu'elle le put en visant Meladrys. Cette dernière le reçut de plein de fouet, et fut projetée dans les broussailles. En un éclair, c'est une masse enragée qui ressortit des fourrées et fondit droit sur Decadrys, qui encaissa la charge.

  Les deux se tenaient en échec, à paume contre paume, se foudroyant du regard et se montrant leurs crocs, elles se distançaient, puis se fonçaient dessus. Depuis plusieurs minutes elles se battaient, sans aucune retenue. Après quelques échanges de coups, de morsures, la terre et les feuilles brassées étaient écarlates, cependant Decadrys semblait désormais peiner à maintenir le rythme, et du fait d'un violent impact dans le thorax, venait de se retrouver au sol, avec les griffes de son adversaire plantées dans l'abdomen, qui rapprochait alors dangereusement sa gueule du museau de Decadrys.

  « Tu comprends mieux maintenant, pas vrai ? Tu le sais, je suis LA plus forte ! Elle accompagnait sa sentence d'une pression plus importante sur patte, soutirant un hurlement de douleur de Decadrys.

– Il suffit ! Si tu crois que la dignité d'être Grande Prêtresse s'obtient par la force, alors tu n'es pas faite pour l'être, Meladrys. Ou peut-être souhaites-tu remettre en question mes méthodes ? Yzidris qui s'était au préalable réfugiée non-loin de l'aventurier évanoui, de peur d'être impliquée à l'affrontement, venait d'être rassurée en entendant l'intervention de la Matriarche. Meladrys, remonte immédiatement au village et médite sur ton futur et sur les sombres desseins qui attendent ceux qui font prévaloir la force avant la compréhension. Le bruissement des feuilles et des branches des arbres voisins attestaient du départ de la farouche prétendante au pouvoir. Yzidris, je sais que tu es là dans les fourrés, et que tu caches avec toi quelque chose dont l'odeur ne m'est pas familière, viens par ici avec, je te prie. »


 Débusquée et percée à jour, Yzidris ne chercha pas à feindre quoi que ce soit, souleva le petit homme en le serrant contre sa poitrine, et l'apportait face à la Grande Prêtresse, tandis que Decadrys, endolorie, retrouvait difficilement son apparence à demie-humaine, restant tapie au sol, le corps encore gravé et balafré. La Grande Prêtresse reprenait :

 « Cet homme est en bien piteux état, mais vous n'y êtes pour rien, n'est-ce-pas ? Yzidris restait de marbre. Regarde-le. La Grande Prêtresse triturait l'assommé ailé tout en commentant. Il doit être affamé depuis des jours, il est tout atrophié, ratatiné, ses membres sont flasques, ses lèvres sont presque bleues, il sent l'urine d'hérisson... Puis cette taille si chétive... C'est comme s'il avait rapetissé. Yzidris ne pouvait s'empêcher de rire nerveusement au sarcasme de la Grande Prêtresse. Dépose le petit homme dans ta hutte, je viendrai...

– Dans ma hutte ?! Mais pourquoi ?! Yzidris croisait à nouveau le regard avec son interlocutrice, dont le rire était parti et dont l'impatience s'éveillait.

– Dépose le petit homme dans ta hutte, tandis que j'y amènerai Decadrys et je les soignerai, pendant ce temps-là, toi tu iras chercher des provisions comestibles et tu en feras une bouillie.

– Oui, Ô Grande Prêtresse. Reprenait Yzidris, lasse. Je fais ça immédiatement. »


 S’exécutant, elle prit l'évanoui sous un bras, et escalada quelques branches avec agilité et aisance, suivie de près par la Prêtresse chargée de Decadrys. Quelques minutes passèrent, et après avoir laissé les blessés au soin de la prêtresse, dans sa cabane suspendue, Yzidris revint, les mains encombrées d'un gros bol très sommaire fait d'argile, rempli d'un bouillon vert et marron, dont l'aspect visuel aurait sûrement réussi à dégoûter un aveugle.

 « Comment va Decadrys, Prêtresse ? Demandait-elle, en laissant la mixture peu ragoûtante au chevet du petit homme.

– Elle est très solide et très forte. Répondait-elle sans hésitation. Elle se remettra vite sur pied. Concluait-elle d'un ton très optimiste, voire fier. Meladrys n'y a pas été de main morte, mais Decadrys est actuellement envahie d'une énergie qui la ferait guérir plus vite que n'importe quel remède.

– Oui, enfin ses plaies là... Elles ne vont pas guérir toutes seules... Ses yeux rencontraient ceux de l'aînée, agacée. Elle se reprenait. Et cette énergie... Cette énergie mystique qui... La Prêtresse la regardait décontenancée. Bon, je ne vais pas deviner alors, qu'est ce qui va la faire aller mieux ? Interrogeait, Yzidris, brouillonne.

– La motivation, et la détermination. Je pense que Decadrys convoite la même chose que ma fille, peut-être avec des motivations différentes. Mais maintenant, elle ne va plus vouloir perdre, et encore moins abandonner. Respectueusement et tendrement, la Prêtresse posait sa main sur le front de Decadrys, somnolant. Mais là n'est pas le problème, nous avons un étranger au village, mal en point, qui plus est, voyons ce que nous pouvons en faire. »


 La Prêtresse faisait signe à Yzidris de soutenir droit le haut du corps de l'inanimé, tandis qu’elle sortait de sa poche une herbe, la roulait en boule et lui faisait gober. Ce dernier écarquillait en grand les yeux, comme pris d'un foudroiement, apercevant en premier lieu le corps mutilé et à moitié nu d'une femme inconnue près de lui, tandis qu'il crachait le contenu de sa bouche, comme si cela allait changer quoi que ce soit au goût infect qui venait de le sortir de son coma. Puis finalement il s’apaisa, comme s'il était aux anges.

 La Matriarche se munissait de la bouillie, dont elle remplissait une cuillère en bois qu'elle amenait délicatement à la bouche du désormais réveillé, qui semblait absolument vouloir fuir ce qu'on lui tendait à manger. Forcé de prendre la première bouchée, il constatait d'un haussement de sourcils, qu'aussi ignoble qu'était d'aspect la préparation, elle était toute aussi délicieuse.

 Sans se faire prier, il se défaisait un peu de l'étreinte d'Yzidris et se rua sur le bol qu'il arrachait des mains généreuses, et qu'il se mit à dévorer sans aucune manière, créant l'étonnement dans l'assistance. Après s'être baffré, il se ressaisissait, se passa les mains sur les yeux, scrutant la Prêtresse, puis la blessée, puis se retournant vers celle qui le maintenait droit. Il se remettait face au bol, fermait les yeux et se mit à rougir.


« Cela ne va pas ?

– Ahem... Si tout va ben, tout via ben... Je labiouffe, je baliouffe... Je bafouille. Mais tout va bien. Tout va mieux à vrai dire, maintenant que vous me le demandez. Je suis peut-être mort, en fait. Tout bonnement et en tout honneur. Et sans remord, même ! Elle est pas belle la… La Mort ?

– Allons, ne dîtes pas n'importe quoi, nous sommes en vie, nous, donc vous aussi.

– Pourtant ce matin, j'étais mort. Enfin, je le croyais. Cela faisait plusieurs jours que j'errais dans cette forêt, perdu, sans connaître la moindre des plantes qui y pousse. Sans savoir comment m’en sortir. J'ai mangé des baies qui m'ont empoisonné, des champignons qui m'ont fait perdre haleine à finir les ailes dans les ruisseaux, pourchassé par les lumières tamisées et par les cris des marais. Il reprenait son souffle. Je suis tombé dans des nids d'insectes géants, je me suis endormi dans une tanière de blaireaux qui m'en ont chassé...

J’avais alors totalement perdu espoir, et je devenais fou, seul dans ces bois, noyé dans les fougères, je ne voyais plus le soleil se lever, ni se coucher, la lune ne me faisait plus parvenir ses rayons la nuit. Je suis incapable de chasser des bestioles, alors je me faisais à l'idée de peut-être laisser ma carcasse traîner, là au fond des bois... Puis ce matin, je marche sereinement, pour une fois l'air était plus chaud, j'étais plus serein, j'acceptais les faits, mes choix m'avaient conduit à la mort, j’avais finalement déjà survécu bien plus longtemps que quiconque n’aurait pu le parier.

Tandis que j'entendais des voix, des voix douces, des voix de muses, le chant des anges, et là, le noir complet. Moi qui me disais alors « Ça y est ! Je suis libéré, mort, mais libéré. », et vous maintenant qui me dîtes que ça n'y est pas. Je suis perdu. Mort ? Vivant ? Je ne sais plus, sincèrement, ces derniers jours d’errance m'ont convaincu que mes choix, ma claire et complète inaptitude au camping et mes fréquentations m'avaient amené à la mort… Et que je le méritais. Mais non. Tout le monde restait sans voix. Mort ou pas mort par contre, votre amie là, elle ne va pas bien s'en remettre, mais si...

– Mais si quoi ?! Le secouait Yzidris, en attendant une réponse.

– Mais si vous me laissez chercher dans mon sac, j'ai peut-être quelque chose qui pourrait fonctionner, si bien entendu et après tout ce temps, son contenu est toujours intact.

– Il ne faut pas hésiter !! Yzidris laissait le petit homme tomber à plat dos, et se précipitait sur le fourre-tout qu'elle avait remarqué.

– Attends Yzidris. Et s'il en sort un poignard ou une arme ? Interrompait la Prêtresse. Laisse-moi chercher plutôt.

– Un poignard ? L’étranger au village hurlait de rire, provoquant l’incompréhension des deux autochtones. Il retrouvait son sérieux. Non vraiment, vous ne risqueriez pas de trouver ça dans mes affaires… Après, je veux bien que vous cherchiez mais…

– Mais quoi, inconnu ? Tu ne pourras pas récupérer ton arme si c’est moi qui cherche, c’est ça ?

– C’est une idée fixe, cette histoire d’armement. Non, c'est que... Il scrutait la Prêtresse qui, tout en prêtant attention à ce sur quoi elle mettait les doigts, semblait abasourdie, de ce qu’elle touchait, tout en cherchant à l'aveugle dans ce sac qui paraissait si petit. Des livres, des fioles, des pierres, des bourses, d'autres livres, des éprouvettes, des gants, des serpettes émoussées, des vêtements... Sans le savoir, elle découvrait qu'une armoire pouvait être contenue dans une sacoche.

– Que dois-je exactement rechercher là-dedans ? C’est un vrai méli-mélo. Semblait-elle s’impatienter, effleurant du bout de ses doigts, un peu tout et n’importe quoi.

– Vous ne pouvez pas dire que je ne vous avais pas prévenue. Ce sont des petites flasques, toutes rouges, voire brillantes, comme des rubis liquides. Bredouillait-il comme perdu. Couleur Gnas. Euh… Il se reprenait. Sang, je voulais dire.

– Voilà qui me guidera davantage. Elle se penchait au-dessus de l’ouverture du cabas, sachant qu’elle n’y trouverait en effet pas d’arme. Une de cette sorte-ci ? Désignait-elle un petit contenant en verre sorti du fourre-tout.

– Oui, c'est tout à fait ça.

– Et quel est son effet ?

– Faire cicatriser les plaies, et faire repousser la chair. Répondait Tnemesnap sans l'ombre d'un doute dans la voix.

– Repousser la chair ?! S'exclamaient de concert la Prêtresse et Yzidris.

– C'est une potion que j'ai mis du temps à stabiliser, mais elle fonctionne vraiment bien. Cependant, je n'en ai que peu de flasques... Alors… »


 Sans attendre, la Prêtresse en fit boire une gorgée difficilement déglutie par Decadrys. Cette dernière tira une tête pas possible, avala, puis quelques secondes après, elle était prise d'un grognement terrifiant, comme si elle souffrait le martyr. Croyant qu'elle était empoisonnée, Yzidris empoigna méchamment Tne', qui gesticulait dans tous les sens en montrant de la main Decadrys, dont la chair semblait remplir les crevasses laissées par les furieuses griffes.

 L'étreinte relâchée, les regards se tournaient vers la blessée qui elle-même constatait que ses blessures guérissaient instantanément. Tandis que Tne', lui, lorgnait d'un œil sur la reconstitution miraculeuse, et sur la poitrine angélique qui, non privée de ses morceaux, reprenaient un aspect tout à fait délicieux, il détournait innocemment le regard, avant de sentir deux bras venir l'englober et l'attirer chaleureusement contre une texture à la fois molle et à la fois ferme, provoquant un petit battement de moignons d’ailes chez l'intéressé.


  « Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je serais intéressée pour lire vos notes. Et par là-même vous invitez à dîner avec les deux responsables de votre arrivée au village, afin de clarifier quelques détails. Y compris celui qui entend que vous n'êtes pas censé repartir vivant du village. »

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