Chapitre X : L'expédition punitive, Partie 1
Le lendemain matin, tandis qu'elle émergeait avec difficulté, la tête secouée par tout l'alcool qu'elle avait ingéré la veille, sa première pensée fut sa propre image, en train d'abattre la créature majestueuse. Ce songe l'aidait à rassembler son énergie, qui allait lui être bien nécessaire, alors qu'elle roulait dans son lit, bien chaud et confortable. Elle se rendait d'ailleurs compte qu'elle n'était pas chez elle, et en tournant la tête, elle put s'apercevoir que Malvongue - la guerrière qui avait entamé le sujet de la traque au lézard géant - dormait encore les poings fermés non loin d'elle, sifflotant tout en ronflant.
C'est en regardant plus attentivement, que Félicie se rendait compte que la femme avait poussé toute la couverture de son corps, exposant donc à la jeune fille, sa nudité. Félicie regardait la peau marquée de quelques coups et cicatrices et les maigres formes de sa colocataire de chambre, puis enfonçait sa tête sous l'édredon et s'inspectait elle-même. Félicie commençait à se palper la poitrine, la jugeant tout de même plus rebondie que celle de sa voisine, tandis qu'elle sentit comme une chaleur douce emplir son entre-jambes.
Elle glissait ses doigts entre sa fourrure pubienne, qui atterrissaient sur son clitoris qu'elle décida de caresser lentement. Une chaleur enivrante l'envahit rapidement, et lorsqu'elle fermait les yeux, elle continuait de se voir victorieuse, brandissant la tête fraîchement décapitée du monstre légendaire. Après quelques frottis, le bout de ses doigts glissa le long de ses lèvres, finissant par arriver à l'entrée de son vagin, tout humecté. Avant d'être trop tentée pour augmenter le rythme de sa masturbation, elle se rappela qu'elle n'était pas seule et décida de stopper là son onanisme, pourtant bien déterminé à être consommé jusqu'à ce qu'elle jouisse.
Elle n'en fit rien, et s'extirpa de son lit en un instant, afin de ne pas se laisser le temps d'être à nouveau conquise par le cocon duveteux dans lequel elle se trouvait. Lorsqu'elle fut debout sur ses grandes jambes, la première bouffée d'air qu'elle inspira était viciée par les vapeurs éthyliques que les femmes avaient du expulser durant toute la nuit, elle fut prise d'un léger vertige et manqua de trébucher sur place, encore un peu ivre de la veille, se rattrapant avec lourdeur, faisant craquer une planche usée du parquet, et de ce fait, perturbant le sommeil de sa voisine. Cette dernière ouvrait les yeux, surprenant donc Félicie, toute nue et en train de vaciller à côté de son lit, comme si elles avaient été sur un bateau tanguant au gré des vagues.
Sa comparse s'étirait de tout son long, se cambrant tout en allongeant ses bras, passant une de ses mains dans ses cheveux, et grattant son cuir chevelu du bout de ses ongles. Pendant ce temps, Félicie était restée de marbre, un peu embarrassée d'être surprise de la sorte, puis oublia cette gêne lorsque la guerrière se leva à son tour, elle aussi dénudée, puis commença à s'habiller sans faire d'histoire, la femme féline en fit de même, se glissant en premier lieu dans le bas de sa tenue qui ne manqua pas d'intéresser Malvongue.
« Je me demandais par quel système pouvais-tu être libre de jouer avec ta queue tout en étant habillée.
- Ah, et bien les vêtements ont été faits spécialement pour moi. Lui répondait Félicie, la voix un peu cassée. La couturière a donc prévu une ouverture au-dessus de mes fesses pour que ma queue passe.
- C'est génial ! Tu as d'autres améliorations vestimentaires ? Lui demandait Malvongue, à peine réveillée mais déjà bien vive.
- Oui, les coutures sont extensibles derrière mes genoux et à l'intérieur des coudes. J'ai aussi des trous dans mon capuchon pour laisser passer mes oreilles.
- C'est tellement bien. J'aurais tellement voulu être comme toi. Elle se clarifiait la voix. Je veux dire à moitié féline, c'est sexy.
- Sexy ? Semblait interrogative Félicie.
- Oui, attrayante, désirable avec des atouts un peu différents des autres Mithreïlidiennes, quoi.
- Ah bon ? Comme quoi ?
- Bah dans ton cas, un peu tout. Entre ta frimousse, tes oreilles et ta queue... Tu as été gâtée. Sans parler de tes seins. Ahem. Elle se raclait la gorge une nouvelle fois. D'ailleurs avant de te déshabiller cette nuit, je t'aurais imaginée un peu plus... Poilue.
- Tu-tu m'as déshabillée ?
- Bah oui, vu l'état dans lequel tu étais cette nuit, nous n'allions pas te laisser repartir toute seule, même si tu es une héroïne locale, on ne sait jamais.
- Merci, mais pourquoi m'avoir déshabillée ?
- Ah, et bien pour que tu sois plus confortablement installée, c'est logique, non ?
- Oui, mais...
- Oh ne t'inquiète pas, je ne t'ai rien fait, j'étais trop saoule de toute façon moi aussi pour te faire quoi que ce soit. Je n'ai presque pas lorgné sur toi non plus d'ailleurs.
- Hmmmm. Merci alors. Lançait Félicie un peu dépitée, mais rassurée.
- C'est normal, allons ! D'ailleurs... Tu crois que je pourrais te toucher ?
- Me-me toucher ? C'est un peu spécial quand même non comme demande?
- Oula, tu as mal compris, du calme. Riait Malvongue. Je voulais dire te toucher la queue et tes épaules, pour voir si c'était doux.
- Ah... Je réagis un peu vite parce que c'est la première fois que je me retrouve nue face à quelqu'un alors...
- Ah bon ? Belle comme tu es, on ne t'a jamais fait d'avance ?
- Et bien... La femme-féline eut un instant d'égarement. Si, mais bon...
- Je ne voulais pas t'incommoder, si il y a quelque chose à dire, tu m'en parleras un jour, dès que tu te sentiras prête. Mais du coup, je peux quand même caresser ta fourrure ? Continuait de s'extasier Malvongue à l'idée de pouvoir passer ses doigts dans les poils soyeux.
- Euh, oui. D'accord, tu peux.
- Ohlalala, c'est comme je l'imaginais. S'exclaffait-elle, tout en pressant la queue touffue et cotonneuse de Félicie. Tout moelleux et tout doux. Et tes oreilles dis, je peux les caresser aussi ?
- Oui vas-y. L'autorisait Félicie, un peu plus détendue.
- Waouh, en plus d'être mignonnes elles sont aussi toutes douces. Et tu les contrôles librement, comme ta queue ?
- Non. Mes oreilles elles suivent mes humeurs je crois, mais ma queue par contre, c'est bien moi qui la déplace.
- C'est trop bien ! Une fois j'ai rencontré une fille comme toi...
- Comme moi ?! Il y a une autre personne à moitié félin ?
- Non, c'était il y a quelques cycles de ça, dans un tout petit village perdu entre des champs et des forêts. Il y avait une petite fille, mais qui elle avait des ailes et une tête d'oiseau. Hal, ou peut-être Hel, ou Hul. Je ne me souviens plus de son nom. Mais elle ne pouvait pas voler en tout cas. Triste pour elle.
- Ah... Je pensais qu'il pouvait s'agir de quelqu'un exactement comme moi.
- Peut-être que c'est le cas, car durant tous mes cycles de vie et tous mes voyages, vous êtes les deux premières Mithreïlidiennes que je vois être ainsi différentes de nous autres. Mais tant mieux ! Vous êtes encore plus uniques que nous !
- C'est sûr que pour être différentes... Nous le sommes. peut-être qu'avec ce voyage j'en saurais un peu plus sur ma condition !
- Ah ! Mais ça veut dire que tu t'es décidée ? Tu vas nous accompagner ?
- Oh que oui ! Cette chasse au Dragon, ça me tente plus que tout.
- Ça c'est une excellente nouvelle, il faut aller l'annoncer aux autres, nous profiterons du petit-déjeuner pour leur dire. Puis après nous partirons !
- Je devrais quand même passer à l'armurerie, j'ai mon cadeau qui m'y attend...
- Ah bon, en quel honneur ?
- J'ai eu treize cycles hier.
- Treize cycles !? Mais je te croyais beaucoup plus vieille moi ! Hé ben, héroïne à treize cycles, tu es précoce toi, c'est incroyable. Tu es encore plus exceptionnelle qu'on le pensait en fait !
- Je ne sais pas quoi dire.
- Ne dis rien, alors. Tu voudras peut-être saluer tes parents aussi alors, avant que nous quittions Draconica et sa région ?
- Oui, je devrais aussi faire ça. Bon et si nous allions manger ?
- Oui, c'est une excellente idée. Je vais aller réveiller les autres, on se rejoint en bas. »
La guerrière quitta en trombe la chambre qu'elles occupaient, et seulement quelques instants après et quelques joyeux jurons renvoyés, elle fut de retour et amena Félicie au rez-de-chaussée de « L'écume des Terres », de façon à ce qu'elles préviennent l'aubergiste qu'il fallait qu'on leur dresse une table pour cinq et que l'on prépare de quoi rassasier un régiment. Bientôt, la salle de réfection s'emplissait de vie tandis que le groupe enfin réuni, s'adonnait à dévorer les premiers mets qui arrivaient, tout le monde cherchait à éponger la cuvée de la nuit précédente.
Après avoir mangé pour dix personnes, les aventuriers repus allaient préparer leur paquetage afin de se remettre sur les traces du Dragon. Félicie qui allait mettre la main à la bourse, fut priée de ne rien payer car comme le lui a-t-on glissé : « Nous avons tellement de pièces d'or, qu'elles nous encombrent », la jeune fille remercia quand même ses nouveaux compagnons, avant de leur donner rendez-vous à la sortie de Draconica deux heures plus tard, le temps qu'elle récupère son armure et puisse avertir ses parents de son départ.
Aussi elle se leva de table et partit dans les rues commerçantes de la cité surélevée où elle devait se rendre afin de rentrer dans son échoppe favorite « Acier et couture ». La boutique était à la fois dispensaire de tenues diverses et variées, du cuir à l'acier renforcé, mais aussi le paradis des armes forgées. La fille-féline était attendue, sa tenue, qui l'attendait elle aussi depuis plusieurs jours, était exposée au centre des rayons, bien sûr, elle ne le savait pas encore et se mit à lorgner sur la tunique en question, puis commença à la manipuler pour bien l'examiner.
Cette dernière, luisait d'un pâle éclat métallique sillonné par des faisceaux mauves, le plastron n'était pas très épais et décoré de gravures en or, un système de ficelle en cuir permettait de le nouer dans le dos, tandis qu'une capuche y était fixée au niveau de la nuque, cette dernière était percée en deux endroits et de couleur rubis, elle semblait être doublée avec de la fourrure et du cuir afin de la rendre imperméable.
Les manches étaient séparées du tronc, mais reliées par des filins en corde tressée et renforcée par des lanières de cuir, qui eux, étaient surmontées d'épaulières ornées de pointes recourbées. Les coudières en acier étaient amovibles, elles aussi posées sur une sous-couche en cuir robuste, les avant-bras étaient garnis par de longs gantelets en tissu, surmontés du même alliage que le reste des pièces et avec les mêmes décorations en or que le bustier.
Le bas de la tenue était lui constitué d'une jupe à volants en cuir, renforcée par des chaînons de cotte de maille, et à en juger par les chausses prévues, c'était une tunique pour femme, car les solerets avaient été remplacés par une paire de bottes hautes, elles aussi confectionnées avec du cuir et de l'acier, décorées par une ligne verticale de la même couleur rouge vive que la capuche. La pointe des pieds et l'appui du talon étaient endurcis par des plaques d'acier. Félicie constata que même le cuir reluisait de la lueur magenta discrète, aussi se dit-elle que tous les matériaux utilisés avaient été enchantés. Une armure pareille devait coûter une fortune se dit-elle.
« Elle te plaît ? Lança la vendeuse et couturière, qui la fit sursauter.
- Ah, bonjour. Oh que oui, elle me plaît, mais ce n'est pas pour tout de suite que je pourrais m'offrir une tenue de cette sorte. D'ailleurs, combien coûte-t-elle, par simple curiosité.
- Elle ne coûte rien Félicie, c'est le cadeau que t'offre la cité pour tous tes actes héroïques, et je t'avoue que mon mari et moi avons mis tout notre savoir-faire dans cette pièce unique.
- Vous me faîtes marcher. Rétorqua la jeune femme.
- Pourquoi ferais-je une chose pareille ? Tu sais, toutes les tenues que nous ont au préalable commandé tes parents pour toi, étaient un vrai défi pour nous. Il est vrai qu'avec tes différences physiques, modifier les coutures classiques n'était pas évident au début, mais nous avons pris goût à le faire, et aujourd'hui, tu vas te rendre compte que cette armure est encore plus exceptionnelle que tu ne peux l'imaginer. Que dirais-tu de l'essayer ?
- Bien sûr que je veux l'essayer, j'en rêve depuis que je l'ai aperçue. »
Félicie ne tarda pas à décrocher les pièces protectrices une par une du mannequin, et se dirigea vers une des cabines du lieu. Il lui fallut un peu de temps avant de bien assembler la tenue, elle finit par ressortir et se hâta de demander l'aide de la couturière afin de nouer les cordes dorsales. Quelques instants plus tard, elle se pavanait devant un miroir, dans lequel elle se contemplait dans cette armure resplendissante, cette dernière aussi belle que résistante. Elle enfilait le capuchon épais, laissant apparaître les fines pointes de ses oreilles, tout en prenant la pose.
« Elle te va tellement bien. Personne n'aurait pu rendre un tel honneur à nos créations.
- C'est vrai qu'elle est superbe, en plus, elle est ultra agréable à revêtir, j'ai presque l'impression d'être nue, c'est déroutant.
- C'est parce que nous avons utilisé un alliage bien particulier afin de forger les plaques protectrices, et encore, tu n'es pas au bout de tes surprises.
- Comment ça ?
- Peut-être pourrais-tu essayer de te métamorphoser, qu'en penses-tu ?
- Non je ne peux pas faire ça, l'armure va éclater durant la transformation. Elle est tellement solide, pour combattre je n'aurais même plus besoin d'user de ma forme bestiale.
- Fais-moi plaisir, transforme-toi, j'aime tellement te voir avec cette apparence.
- Mais... Vous avez sûrement énormément de temps à la concevoir, pourquoi détruirais-je votre travail ?
- S'il te plaît Félicie, montre-moi.
- Bon... Si vous insistez... Je regrette juste de la voir détruite... »
La femme-féline trouva un espace dégagé dans la boutique, où elle ne risquerait pas de faire tomber tous les étalages, réfléchit quelques instants de plus, puis finit par exécuter sa métamorphose, sous le regard insistant de la marchande, qui venait d'appeler son mari en criant que cela allait se produire. Ainsi, dans l'échoppe, Félicie recouvra son apparence massive, mais à sa grande surprise, l'armure qui aurait dû finir en mille morceaux était toujours en place, elle s'était juste adaptée à la taille imposante de Félicie. Les spalières s'étaient prolongées jusqu'à ses coudes, le plastron s'était élargi, les bottines elles aussi s'étaient agrandies. Aussi, bien qu'elle ressemble à une créature massive, Félicie s'appréciait vêtue de la sorte. Avant qu'elle ne parle, elle reprit son aspect normal.
« Elle dépasse de loin toutes mes attentes, je ne m'attendais pas à ça.
- Cela faisait une éternité que je n'avais pas pratiqué l'enchantement d'équipement. Lui annonça le forgeron tout en croisant les bras. Il y a longtemps, nous avions préparé quelques babioles enchantées, mais dont les effets étaient plus visuels que pratiques, aussi quand ma femme m'a parlé de ton cas, nous nous sommes dits que nous pourrions faire quelque chose d'exceptionnel, comme toi quoi.
- C'est vrai que cela m'avait manqué, tu vas sûrement relancer la mode de la magie vestimentaire, ma petite !
- Mais comment vous y êtes vous pris ?
- Ce sont les pierres que tu as confié au sage. Bien que lui n'est rien perçu de particulier quant à leur utilité, nous avons tout de suite constaté que les vibrations magiques qui émanaient d'elle étaient semblables à celles qui caractérisent le facteur magique d'accroissement et de réduction. Dit l'homme d'un ton emprunté à celui d'un savant un peu fou.
- Il ne nous suffisait donc plus qu'à extraire les propriétés magiques de la pierre, et d'en enchanter les pièces. Compléta la couturière.
- C'est tout ? S'étonna Félicie.
- Non, le procédé est plus complexe, mais un peu long à expliquer. Quoi qu'il en soit, si l'armure luit d'un reflet mauve, c'est parce que la pierre, une fois dépossédée de ses propriétés arcaniques, redevient un simple caillou coloré, aussi nous avons décidé de le briser et de teinter l'alliage avec la poudre obtenue.
- J'adore le résultat. Merci pour tout. »
Après avoir échangé quelques phrases ensemble, Félicie profita tout de même d'être à la boutique pour enrichir son arsenal d'une dague ainsi que d'une épée courte, tout en se munissant d'un imposant sac à dos en cuir, qu'elle garnit des vêtements avec lesquels elle était arrivée et partit, afin de retrouver ses parents au marché, seulement à quelques minutes de l'échoppe.
Bien que ces derniers eurent du mal à la laisser partir, cependant, ils savaient au fond d'eux, que leur petite fille était assoiffée de sensations fortes, que la région ne pouvait pas lui fournir ; ce sont les larmes de sa mère qui mirent fin à leur conversation et ne voulant pas s'encombrer du poids de la mélancolie, Félicie se rendit comme elle l'avait convenu avec son nouveau groupe, c'est-à-dire au pont qui relie Draconica à la campagne.
Elle se pencha au-dessus du rebord, regardant les vagues s'écraser contre les parois du bras d'eau. Ce bruit allait sûrement lui manquer, néanmoins, ce qui l'attendait au- delà de la chaîne montagneuse protégeant Draconica et sa région, l'excitait bien plus que tout ce dont elle avait rêvé jusqu'ici. Sa nouvelle vie commencerait au moment où elle franchirait le dernier col arborant les couleurs de sa cité natale.
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