Chapitre XXIX : Chacun le sien, Partie 1
Suite au départ d'Hérylisandre, et à la tendresse que sa rencontre avait fait renaître au sein de mon âme, je m'étais adoucie, amenant Félicie à très rapidement s'attacher et s'ouvrir à moi : je connaissais désormais toute sa vie, son enfance, ses exploits ainsi que les tourments qu'elle avait dû affronter. Ne sachant pas quoi faire de son temps ni de sa fourrure, elle m'avait proposée son aide durant mes patrouilles, que j'avais volontiers accepté, nous avions ainsi pu nous rapprocher et devenir complices.
Après quelques jours de labeur ensemble, elle avait fini par me proposer que nous nous affrontions afin de nous entraîner. J'avais pu découvrir l'impressionnante force qui transcendait son être. Sa métamorphose m'avait donnée du fil à retordre, néanmoins, je me rendais bien compte que la puissance que j'avais en moi, ne semblait pas connaître de limite, si ce n'était celle de ma raison. Cela me forçait à modérer mes frappes, car mon opposante, bien que toujours motivée à apprendre de nos échauffourées, ne guérissait pas instantanément de mes coups. Cependant, elle était déterminée à progresser, et ses compliments à l'égard de mes talents me poussait à lui fournir le meilleur enseignement que je pouvais être en mesure de lui procurer.
Elle finit par me demander s’il lui était possible de rejoindre la garde de Bourg-en-Or, bien que cette requête fut alléchante, je la pressentais comme une sorte d'emprisonnement personnel, cela me cantonnerait encore plus à ma tâche, et je ne voulais pas passer ma vie à garder une cité, même si je désirais pouvoir un jour revoir Hérylisandre ici-même. Je m'étais laissée le temps d'y réfléchir, et je lui avais donnée rendez-vous dans mon habituelle taverne afin de lui exprimer ma réponse.
Le fameux soir était enfin venu, je l'attendais avec deux chopes. Enfin, Félicie arrivait. Je la voyais s'avancer à travers la foule joviale du lieu. Sa démarche avait si vite évolué durant ces quelques jours, elle était plus sûre d'elle, davantage confiante quant à la puissance qu'elle détenait en son être. Elle me remarqua, me sourit et me rejoignit.
« Ah ! Tu as tout prévu, moi qui avais la gorge sèche, on ne te la fait pas à toi !
— Héhé, que veux-tu, boisson et grande nouvelle font souvent la paire. Je lui rapprochais sa chope, elle s'asseyait face à moi en se mettant en tailleur sur le banc, levait son verre, nous trinquions puis buvions une grande lampée de bière. Bon, j'ai réfléchi à ta proposition.
— Ah ! Elle était très enthousiaste. Dis-moi tout !
— Je ne veux pas que tu rejoignes la garde.
— Ah... Mais... Son visage rarement ridé par la contrariété venait de se noircir, ses iris d’ordinaire fendus s'étaient arrondis. Elle avait furieusement posé son godet, et me regardait de travers. Je...
— Mais à la place, je te propose que nous partions quelques semaines toutes les deux à l'aventure, sans nous fixer d'objectif en particulier, juste d'errer, et de découvrir des régions qui nous sont inconnues, qu'en dis-tu ?
— J'ai eu tellement peur. Ses beaux yeux redevenaient fendus. J’ai bien cru que tu me détestais et que tu voulais que je parte !
— Non, je t'adore, tu le sais Félicie !
— Ben oui, mais là... Tu m'as effrayée et énervée en une phrase. Elle récupérait à deux mains sa bière, et la terminait d'un seul trait. Je vais m'en chercher une de plus, je t'en prends une aussi ?
— Avec plaisir ! Je finissais la boisson moussante et lui tendais le récipient vide. »
Elle s'en allait vers le comptoir, je prenais le temps de la regarder se dandiner tout en se frayant un chemin vers le comptoir, parmi les clients bruyants et agités qui animaient le lieu. Cette femme avait tout pour elle : charmante, adorable, drôle, exotique, un pouvoir incroyable, puis sa compagnie était toujours agréable. Bien que mon esprit demeurât hanté par Hérylisandre, je ne restais pas insensible aux divers charmes de Félicie. Des locaux me saluaient du regard alors que j'examinais la salle commune de la taverne. Enfin, elle était de retour.
« Voilà pour vous madame la Vice-Commandante. Elle déposait le contenant face à moi. J'y pensais, tu ne vas pas regretter de partir d'ici ? Tu as quand même une sacrée position sociale, puis j'imagine que ça paye bien en plus !
— Ce n'est pas vraiment ce qui me motivait dans ce travail, même si tu as raison, c'est un sacré apport. Mais non, je ne pense pas me sentir mal à l'idée de partir quelques temps. Puis je serai avec toi, donc, ça me va. Je lui faisais un clin d'œil.
— Toi dis-donc... Elle me renvoyait ma mimique, plaçait sa main sur la mienne, et la retirait, légèrement gênée. Ahem, moi alors, je me laisse vite emporter.
— Tu sais, cela ne me gênait pas, au contraire même.
— Tu es si directe. Elle riait malicieusement. Ce n'est pas comme si nous n'avions jamais pratiqué le corps-à-corps ensemble après tout.
— Tu l'as dit, nous sommes déjà expertes en la matière ! Après, je ne veux pas te rendre mal à l'aise. Je suis un peu tout feu tout flamme, puis... Je suis affamée depuis ma rencontre avec Hérylisandre, elle m'a attisée et nous n'avons pas réellement pu profiter de ces flammes. Avouais-je, un peu déçue.
— Je te jure, pourquoi faire dans la subtilité quand il suffit d'être franche ? Elle était en train de rigoler à gorge déployée. Moi, je ne sais pas. Je n'y ai jamais pensé, même si j'avoue pendant mon voyage avoir un peu flashé sur un des membres des chasseurs, je suis toujours restée muette. Mais bon, je ne crois pas être réticente à...
— À ? La regardais-je fixement.
— Bah... À... Enfin tu vois ?
— Non, je ne vois pas, explicite ta pensée. Lui murmurais-je, voulant lui tirer les mots de la bouche.
— Hé bien. Ses longs poils se dressaient, ses oreilles se raidissaient et ses iris devenaient cette fois-ci plus fins que d'accoutumée. Je ne suis pas réticente à l'idée d'essayer d'avoir une relation ou un rapport... Un rapport, ahem. Elle se clarifiait la voix après avoir ingurgité une grosse lampée de sa chope, puis avançait son visage au-dessus de la table. De découvrir le sexe avec quelqu'un comme toi.
— Ah bon ? Minaudais-je, en appuyant son regard du mien.
— Oui, tu me plais bien toi aussi. Enfin toi, je ne voulais pas signifier que...
— Tu me plais aussi, tu n'as pas à t'en faire. Mais il ne faut pas te mettre la pression, sinon tu risques de vivre "ça" bizarrement. Tu sais, cela fait de longs cycles que je n'ai pas eu un contact physique si développé avec qui que ce soit. Je repensais néanmoins au bain avec Hérylisandre, me mettant en nage moi-même. J'espère ne pas trop m'enflammer...
— C'était une femme déjà à l'époque ?
— Oui... Même si c'était particulier, car nous étions très amoureuses l'une de l'autre.
— Ah, c'était avec Mylteïne ? Tu ne vas pas te sentir embarrassée ? Tu as encore beaucoup de souvenirs sur le cœur, j'imagine. Et Hérylisandre ?
— C'est sûr, mais, je doute qu'elle aurait souhaité que je me morfonde toute ma vie. Avec Hérylisandre... Je me perdais dans mes pensées. C'est différent, je préfère attendre qu'elle revienne pour m'engager totalement. Puis, je me dois de savourer les instants présents, moi aussi.
— Ah ça, tu l'as dit ! Tu veux que nous...
— Oui... Je suis tellement échaudée que je commence à fondre. Lui confessais-je. J'espère que tu parlais bien de ça...
— Moi aussi... D'en parler, même brièvement, je ne sais pas... Je t'imagine déjà nue.
— C'est un peu pervers, ça. Soufflais-je malicieusement.
— Roooh. Mais non. Enfin, peut-être. Comment je pourrais le savoir, je suis une novice en la matière moi ! Puis je t'ai déjà vue dans les bains, alors ce n'est pas comme si je n'étais pas inspirée...
— Je te charriais. Je crois que c'est la première chose que je fais en regardant une femme qui m'attise.
— Donc depuis tout ce temps... Tu me reluquais pendant nos bains ?
— Oui... J’aime bien te regarder, tu me plais.
— HAHAHA ! C'est le guérisseur qui se fout de l'onguent ! Quand je pense que j'ai failli croire que tu trouvais ma remarque déplacée !
— Mais non, allons. »
Un silence s'installait entre nous, nous échangions des regards timides, nous finissions nos breuvages sans ne plus rien dire. Nos yeux s'alignèrent, je laissais ma main aller chercher la sienne. Elle hésitait un peu, puis finalement la saisissait. Nous quittions la table, toujours muettes, abandonnant nos chopes vides et l'ambiance bruyante de la salle, nous rejoignions lentement la mezzanine. Le palier était vide, nous atteignions finalement la porte de la chambre que je réservais au cycle, me servant de dortoir les soirs où j'étais trop ivre pour rentrer jusqu'à la caserne. Je m'adossais à l'ouverture, Félicie arrivait face à moi, puis toujours sans un mot, nos visages se rapprochaient et nous entamions notre danse.
Depuis le départ d'Hérylisandre, une éternité semblait s'être écoulée, je savourais avec plaisir le bonheur que conféraient nos premiers baisers échangés. Toujours sur le plancher qui desservait les habitations privatives, Félicie s'accrocha à moi et se hissa à mon cou. Je la soulevai sans difficulté, nos fronts s'entrechoquaient, ses mains glissaient tendrement contre mes joues, tandis que ses lèvres s'ouvrirent afin de permettre à sa langue de venir s'entremêler avec la mienne. Je me servis de mon coude pour actionner la poignée, nous pénétrions dans la pièce, je refermai d'un coup de talon la porte et amenai Félicie sur le grand lit qui nous attendait.
Je l'y étendis délicatement, et retirai mes vêtements en quelques instants. Ma partenaire s'était redressée et avait laissé courir sa fine bouche sur mes épaules tandis qu'elle boulangeait mes seins de ses mains fines et habiles. Je me contentai de passer mes doigts dans sa crinière rousse et blanche, saisissant sous mes phalanges les pointes effilées et duveteuses de ses oreilles. Je relevai son visage d'une main, et commençai à délier les nœuds retenant sa tenue. Je scrutais ses épaules surmontées d'un fin duvet couleur noisette ainsi que son buste bombé et enjôleur. Ses iris fendus devinrent ronds et d'un noir profond, elle se mit debout sur le lit et termina de se déshabiller toute seule en faisant onduler ses hanches.
Elle se rassit face à moi, sa longue queue touffue virevoltait tout en dessinant des cercles devant mes yeux, puis vint m'enrouler la cuisse, tout en me tractant vers sa propriétaire. Nous nous retrouvâmes à nouveau face à face. Les deux orbes sombres de Félicie se transformèrent en deux failles obscures alors que son visage s'illuminait de joie et de gourmandise, laissant apparaître ses longues canines ; je ne savais pas comment démarrer cette délicieuse valse, prise au dépourvu par une envie de ma partenaire que je ne soupçonnais pas aussi intense. Aussi je lui fis signe de s'asseoir sur le bord du lit. Je m'agenouillais face à elle, et découvris une toison blanche et douce, surmontant son entrejambe.
J'embrassais l'intérieur de ses cuisses, elle vacillait, et lentement, je dirigeais ma langue vers son pubis. Je commençai alors à suçoter cette petite boule de chair, la lapant avec désir, je voyais ses griffes s'étendre et percer la couverture, elle se crispa et poussa de légers râles suaves, une de ses mains empoigna l'arrière de mon crâne, suivant mes mouvements d'une timide pression. Mes doigts englobèrent ses hanches, je l'attirais par à-coups et augmentais le rythme de mes succions. Ses gémissements s'amplifièrent et m'attisèrent, je relâchais son flanc et déposais une de mes paumes sur mon clitoris, que je massai avec vigueur. À l'instar de Félicie, je commençais à dégouliner de plaisir.
Afin de ne pas jouir trop vite, ma partenaire m'invita à la rejoindre sur la surface moelleuse. J'y prenais place et m'allongeais, elle se mit alors tête-bêche au-dessus de moi, et commença à me masturber du bout de ses coussinets. La sensation provoquée par ses tendres extrémités était incroyable : je n'avais jamais senti pareille texture, j'avais l'impression d'être massée par du coton. Je tendis le cou pour pouvoir atteindre le sexe de Félicie, dont un filet scintillant en coulait, jusque-là ruisselant sur mon visage. Je plaçai ma bouche contre son intimité, effectuant des va-et-vient rapides avec ma langue, accompagnés de légères ponctions, provoquant d'importants spasmes chez elle.
La femme-féline, désormais plus confiante écrasa son bassin contre mes lèvres, plaquant par là-même ma tête au matelas, tandis qu'elle se mit à remuer frénétiquement, elle prenait appui sur mon abdomen et se déhanchait de plus en plus vite. Sa cyprine se déversait sur moi, j'étais engluée par son plaisir, tandis qu'elle emplissait notre chambre de couinements perçants. Se rendant compte du bruit qu'elle faisait, elle plongea son regard entre mes cuisses, son souffle brûlant faisait frissonner ma peau, elle haletait de plaisir, et ne contrôlait même plus ses mains qui avaient glissé contre ma jambe, tandis que ses griffes se plantaient dans ma peau. L'extase que je ressentais d'accoutumée en combattant, commença à s'emparer de moi.
Elle finit par rapprocher sa bouche de mon clitoris, je découvris alors l'étreinte de sa langue râpeuse, qui s'accrochait à mes lèvres et à ma si sensible perle. Sentir mon sang perler en fines gouttes de mes cuisses, me rendit encore plus excitée. Le plaisir procuré par cet écoulement écarlate se lia à l'intense jouissance procurée par le cunnilingus que Félicie exécutait, tandis qu'à mon tour, en proie à d'importantes bouffées de chaleur, je faisais onduler mon bassin, gémissant sous les assauts buccaux de ma partenaire. J'essayais de retarder mon orgasme, et tentais donc de dissocier les différentes formes de plaisir qui me faisaient actuellement tourner la tête.
Ce faisant, je souhaitais moi aussi amener Félicie à cette délicieuse transe dans laquelle je m'épanouissais. Je visualisais alors les objets sexuels que Mylteïne m'avait fait découvrir plusieurs cycles plus tôt. Une gouttelette écarlate quitta ma peau, et rejoignit ma paume. Un des accessoires que j'avais préalablement entrevu dans mon esprit prit forme, modelé selon le souhait de mon imagination, aussi l'imbibais-je du limpide plaisir de ma partenaire, et après quelques caresses au contact de son intimité dégoulinante, je l'insérais lentement en elle.
La réaction de Félicie fut immédiate, elle planta ses griffes plus profondément dans ma chair et poussa un râle d'extase. Je continuais de léchouiller son clitoris tout en accompagnant la valse de ma langue par de vifs et amples mouvements de poignet, eux-mêmes rythmés par les palpations langoureuses qu'effectuais toujours frénétiquement ma partenaire. Ainsi au gré de nos jouissances entremêlées, nous nous envolions vers un plaisir envoûtant. Empreintes et animées d'une volupté indescriptible, nous remuions et virevoltions délicieusement l'une contre l'autre.
Tous nos membres vibraient, nos voix se mêlaient dans une mélodie dédiée à intense plaisir, nous convulsions et enfin, après avoir été secouées par d'innombrables tremblements, nous jouissions, presque au même instant. Je retirais lentement l'accessoire des cavités moites de Félicie, qui s'affalait sans plus attendre contre moi, poussant un ultime souffle lascif. Je restais couchée, complètement inerte et épuisée par cet orgasme incroyablement puissant, tandis qu'elle, chevauchait une fois de plus mon corps, et venait se lover contre ma peau. Nous étions en sueur, nos souffles encore coupés, mon visage détrempé par la jouissance de Félicie.
J'écoutais mes sens qui brûlaient encore en moi, m'amenant à mettre en perspective les différentes façons dont je caractérisais l'amour qui m'embrasait l'esprit. Je songeais alors à Mylteïne qui avait su me faire découvrir mon corps grâce à son amour ardent, à Félicie, qui, tandis qu'elle s'adonnait pour la première fois à un acte si intime, m'avait pourtant amené à la rencontre d'une extase indescriptiblement jouissive. Malgré le bien-être et le plaisir qui inondaient en ce moment-même mon corps, que je n'attribuais pourtant qu'à ma partenaire allongée contre moi, je ne pouvais cependant pas m'empêcher de repenser aux yeux pâles ainsi qu'aux premiers et limités échanges charnels que nous avions savourés avec Hérylisandre. L’attente engendrée par son départ, ne faisait que renforcer le désir que j'éprouvais à son égard.
Ballottée par mon âme échaudée et mon intense vœu de retrouver Hérylisandre, je finissais par m'endormir, submergée par un flux de pensées toutes plus roses les unes que les autres.
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