La 5e: année "calme"
C’était l’année scolaire 2012/2013. Je prenais mon passage en 5e comme une sorte de cadeau de la part des profs. On avait un nouvel élève du nom de Téo qui est venu en 6e. Il n’était pas dans ma classe, mais dès son arrivée, il s’était fait remarqué dans le mauvais sens du terme. Non seulement, il ne transpirait pas l’intelligence, mais en plus, il essayait de faire le beau et essayait de draguer un paquet de filles. Seulement, jamais il ne s’est rendu compte que tout le monde le détestait. Je ne sais pas si lui aussi était victime de harcèlement, en tout cas, il éprouvait le besoin d’exister aux yeux de tous. Pour cela, Téo mentait pas mal en racontant par exemple qu’il avait passé la journée en... Norvège. Ce côté mythomane a rapidement gavé tout le monde, sans compter son attitude victimaire. Mais vu qu’on était les deux victimes de la classe, pour des raisons différentes, certains hésitaient pas à provoquer des bagarres entre nous le tout sur la base de rumeurs.
Du coup, ouais, je me suis souvent battu pendant les récrés, presque tous les jours parce que vu que je détestais profondément ce type-là, ben, je me fiais forcément à tout ce qu’on me disait qu’il avait dit. Avec du recul, je pense qu’il y avait des choses fausses, mais je pense aussi qu’il y avait une certaine part de vérité. Est-ce qu’il méritait de se prendre régulièrement des patates de ma part ? J’en sais rien. Dans tous les cas, lui était un peu plus protégé que les autres. Vu qu’il ne savait pas se défendre, il passait son temps à traîner dans les jambes du CPE et des pions. De toute façon, il savait très bien ce qui se passerait si jamais il se retrouvait seul. Si ce n'était pas moi qui allais le frapper pour une énième rumeur, ça serait forcément un autre mec qui allait le frapper.
Décembre 2012 avait été froid. On avait eu de la neige. Qui dit neige, dit batailles de boule-de-neige. Pendant un long moment, j’ai absolument détesté les batailles de boule-de-neige parce qu’au collège, ce n'était pas s’en balancer gentiment. Non ! C’était très souvent méchant parce que certains s’amusaient à mettre des graviers ou carrément un morceau de glace à l’intérieur pour mettre le tout dans le col des autres, voir carrément l’éclater sur la tête. Et ça, j’y ai souvent eu droit. Aucun surveillant n’avaient envie d’agir contre ça, tous me disaient « Ils font ça pour rire » ou « Ignore-les, ils arrêteront de t’embêter ». Il y a eu des jours où je prétendais ne pas me sentir bien pour rester au chaud à la maison. J’en avais juste marre d’être pris pour cible. Tant pis s’il fallait que je rattrape les cours de loupés.
Et c’est ainsi qu’on arrive au début de l’année 2013. Au mois de mars de cette année-là, est prévues une classe de neige au ski à St-Jean-d’Arves, une petite station de ski en Savoie. Deux profs d’EPS me soutenaient et donc ont dit que si mes harceleurs m’emmerdaient, ils ne viendraient pas. Forcément, c’est le truc qui est facilement faillible parce qu’aucun d’eux n’aura l’idée de se comporter connement. Par contre, une fois le voyage de commencé, c’est là où ils ont recommencé à m’embêter. Toujours le même délire de me balancer des gros blocs de neige sur moi alors que je ne demandais rien à personne. J’avais simplement envie d’avoir un séjour calme, comme à chaque fois que je faisais un voyage scolaire en fait. Rien de plus, rien de moins. Forcément, ils n'ont rien eu. Le premier jour, je me suis tellement fait embêter que j’ai envoyé un SMS à mes parents pour leur dire que je regrettais d’être parti. Ça c’est mal passé. Tous les soirs, je pleurais au téléphone parce que je savais très bien que les autres jours, j’aurais des problèmes. J’ai plutôt mal vécu cette classe de neige.
Comme déjà dit plus haut, je faisais ces voyages scolaires uniquement parce que ça me permettait de fuir le Nord pendant plusieurs jours. C’était mon petit plaisir personnel que de pouvoir bouger un peu. Et ça, c’est quelque chose que j’ai toujours gardé. D’ailleurs, mon plus grand regret est de ne pas avoir suffisamment bougé pendant mon adolescence et encore moins maintenant. Ce petit plaisir était gâché parce qu’il y avait toujours la même bande d’abrutis qui venaient uniquement dans le but de foutre la merde.
Au mois de mai, je pars passer la journée à Cologne, en Allemagne. C’était la seconde fois que je venais dans cette ville. Au niveau monuments et lieux incontournables, l’Allemagne en est truffée. C’est dommage que lorsqu’on pense à « Allemagne », la première chose à laquelle on pense c’est forcément Berlin, Francfort et Munich alors qu’il y a un tas de villes qui n’ont rien à voir entre elles en termes d’architecture. Ce jour-là, je l’ai passé avec les profs parce que sinon j’étais seul. Idem pendant la sortie qu’on faisait chaque année à Bellewaerde, qui est un parc d’attraction à Ypres, en Belgique.
Certains élèves acceptaient de me prendre avec eux, mais j’avais l’impression que c’était le plus souvent par pitié que par réelle envie de traîner avec moi. Je ne sais toujours pas si ce ressenti est justifié ou si certains m’appréciaient réellement parce que j’ai toujours su tenir la tête haute, au final. Je ne le saurais peut-être jamais….
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