La 4e: Le retour de la violence
Cette fois-ci, on est à la rentrée 2013/2014. J’ai à présent treize ans donc, je suis en pleine adolescence. Il y a eu des petits changements dans ma famille, car ma sœur a obtenu le bac et a décidé de retourner dans le Sud-Ouest pour faire ses études à Toulouse. Il reste donc ma mère, mon père, mon frère et moi-même dans cette maison.
Dans cette classe, je suis toujours avec ce Téo, la deuxième victime de classe et mon voisin de rue, Dylan. On est rentrés en même temps au collège, Dylan et moi. Il a toujours été le premier de la classe, le chouchou de tous les profs et quelqu’un de plutôt discret.En quatre ans de collège, il a eu seulement une fois une remarque négative dans son carnet, car je l’ai dénoncé parce qu’il ne me filait pas tous les devoirs à rattraper ainsi que les évaluations qui allaient arriver quand je revenais en cours après avoir été malade. Il vient toujours en cours, même s’il est malade. Un jour, il a eu pendant la nuit dans les 40°c de fièvre et avait fait une bonne nuit blanche, ça ne l’a pas empêché de venir en cours malgré un sacré état de fatigue. Ses amis le sont uniquement par intérêt, car tout le monde veut avoir des bonnes notes donc à chaque fois qu’il y a besoin d’aide, tout le monde se tourne vers lui. Je peux vous dire que Dylan en a fait pour ses « amis » des DM. C’était lui le mec populaire du collège, mais il avait quand même une certaine distance avec ses camarades.
Là, la nouvelle caractéristique du harcèlement, c’est de me traiter de « con », car je suis loin d’être le premier de la classe. J’ai jamais vraiment eu de bonnes notes, j’ai toujours été nul dans les matières scientifiques, mais par contre j’ai toujours été fort dans les matières plus littéraires, dans les langues et en Histoire-Géographie. Tout le monde me faisait sentir que j’étais qu’un abruti incapable de comprendre les cours qu’on nous servait et surtout incapable d’avoir très souvent des 18 ou des 20/20 dans toutes les matières. Eux n’étaient pas mieux ! J’ai retrouvé dans mes affaires des vieux bulletins de cette période et au final, je n'étais pas si mauvais que ça. Selon les matières, j’étais un peu plus faible que les autres, mais dans d’autres j’étais légèrement plus haut que la moyenne de la classe. Bref, dans la réalité, je n’étais effectivement pas le meilleur, mais je n’étais pas non plus le plus mauvais de la classe. Faut pas exagérer !
Le troisième mec qui s’est rajouté au lot, c’est un certain Nathan. Lui aussi faisait le BG dans la classe. Tellement inintéressant que sa seule fierté était de se prendre pour un bourgeois alors qu’il est simplement fils de nouveaux riches se prenant pour une famille riche de longue date. Bref, des gens absolument superficiels et toxiques au possible. Pour lui, j’étais le gueux de la classe et surtout à mépriser, car comme qui dit, j’étais considéré comme un débile. Du coup, il passait son temps à me parler comme si je n'étais qu’un attardé incapable de réfléchir et de penser par soi-même. Dire qu’il était condescendant avec moi serait un euphémisme.
Comme d’hab, pendant les intercours, j’ai eu droit à de nombreuses chamailleries, allant de la simple boulette de papier qui atterrissaient sur moi à carrément la bagarre avec ce fameux Téo. Il m’avait tellement saoulé à me balancer des objets sur ma tête que j’ai fini par le sortir de son bureau pour le pousser contre plusieurs tables avant de le balancer par terre. Quand la prof de latin est arrivée, tout le monde a fait comme si j’avais eu un accès de folie, que ça m’avait pris subitement de balancer un mec par terre. Bien sûr que non, il y avait bien une raison derrière.
Ma sœur habitant Toulouse, mes parents ayant gardé notre maison dans le Gers, les vacances d’octobre résonnaient en moi comme un bon moment de libération. En fait, dans le voyage, je savourais chaque petit moment parce que je savais qu’il faudrait attendre quelques mois avant de les revivre. Les embouteillages sur l’embranchement de l’A1 à Lille, le passage sous les pistes de Roissy, les embouteillages sur l’A86, les pauses-café sur les aires de repos, écouter de la musique avec mon casque audio sur les oreilles… Bref, même si une bonne partie de ces caractéristiques paraît chiante et repoussante, moi, j’avais l’impression enfin de quitter le monde cruel du collège pour le monde plus doux des adultes. Et enfin marcher dans les rues de Toulouse, ça, c’était le moment que je préférais le plus parce que je savais très bien que je ne retrouverais aucun élève de ma classe dans cette ville. C’était mon sanctuaire.
Le retour dans le Nord était toujours plus brutal, parce que je savais que le lundi matin, j’allais forcément de nouveau me faire emmerder. Je le savais très bien, parce que je m’étais habitué à cette idée-là. Je n'avais aucune envie de retourner dans ce collège. La fin de cette période me semblait incroyablement longue alors que ce moment-là, c’était un peu plus d'un an et demi avant la fin de mes années collèges.
Au mois d’avril 2014, je suis parti en voyage scolaire au Royaume-Uni. Cette visite était l’occasion de connaître un peu plus le pays, et surtout de visiter le Sussex. Au programme : Visite du Palais-Royal de Brighton, visite du HMS Victory à Portsmouth et d’autres visites comme ça très sympathiques. On était logés dans des familles d’accueil. La mienne était clairement des riches Anglais qui habitaient dans un quartier fort sympathique d’une petite station balnéaire appelée Bognor Regis. Vraiment, c’était une chouette petite ville où les gens étaient incroyablement sympathiques, chaleureux et très accueillants. J’ai passé un super séjour là-bas, c’était absolument génial ! Pour le coup, les profs n'avaient largement mieux su nous gérer qu’au ski. Bien sûr, mes harceleurs étaient de la partie (sinon ça ne serait pas drôle), sauf qu’ils savaient très bien que si jamais ils faisaient parler d’eux, ben leurs parents seraient obligés de faire la traversée de la Manche pour les récupérer. Au moins, ça c’est le genre de menaces qui passent déjà plus qu’un simple « ce n'est pas bien, faut pas recommencer ».
Dans l’ensemble, la fin de l’année se passe plutôt bien. J’étais content d’enfin pouvoir me barrer l’été dans le Sud-Ouest, encore une fois.
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