Orion

Elle sait que j'ai utilisé la télépathie sur elle. Ça se voyait sur son visage. Quelle boulette j'ai faite. Moi qui voulais aller lui parler juste après que la Pixie aurait fichu le camp. J'ai perdu toute chance de pouvoir me noyer une seconde fois dans ses yeux.

Il ne me reste plus qu'à aller la voir, reconnaître mes torts, me prendre une gifle, et partir me coucher. Super la soirée...

Avant de partir à sa recherche, je dis à Julius de ne pas me chercher et de ne pas m'attendre dans la chambre pour se coucher, et file en courant. Je l'ai vu partir en direction du bâtiment principale et je la sens pourtant derrière les dortoirs, je me fie donc à mon instinct.

Une fois sur la plage de galets, tout près du port, je vis une silhouette assise au bord de l'eau. La personne faisait voler quelques gouttes d'eau et leur donnait une forme tantôt animale, tantôt d'arbre et de plante. Je pensais pourtant par sa tenue, que la jeune fille avait les pouvoirs liés aux étoiles. Ou alors, ce n'est pas elle.

Faisant le tour de moi-même pour être sûr que c'est bien censé être la fille de tous à l'heure qui est assise près de l'eau, mais ne voyant pas âme qui vive, je commence à faire léviter mon corps afin de m'approcher d'elle sans qu'elle entende ma présence. Une fois à son dos, je me pose brusquement sur les pierres lui entrainant un sursaut, en moins de deux, elle se retourne et m'entraîne au sol par une prise. Amortissant la chute en concentrant mon sort de lévitation essentiellement sur ma tête, je ne retiens nullement un cri lorsque mes fesses atterrissent sur le sol instable et dur. Alors que la fille se tient désormais debout au-dessus de moi, je me relève lourdement et me mets aussi face à elle. Non sans avoir envie de prendre, en plus de la prise, une gifle, je m'écarte de plusieurs centimètres. Voyant à sa tête qu'elle ne s'attendait sans-doute pas à me voir, je vis en son regard un pardon silencieux et enlève sa capuche. Après un long blanc, elle se décide avant moi à parler.

— Pourquoi tu voulais entendre mes pensées ? On ne t'a jamais dit qu'il faut demander l'autorisation pour ça ?

— Oui, excuse-moi, c'était impoli et intrusif, lui répondis-je, baissant les yeux remplis de honte et de regret.

— J'avais remarqué.

Je vois bien à son sourire qu'elle m'a pardonné alors, espérant qu'elle me suive, je m'approche à mon tour de l'eau et m'assois, dans la même posture qu'elle, avant qu'elle me mette à terre. Je n'ai même pas eu à la prier qu'elle est déjà près de moi.

— Tu as entendu quoi parmi tout ce que je me suis dit ?, finit-elle par me demander.

J'espérais qu'elle en parle car une question me trottait dans la tête depuis. Bien que je ne puisse entendre que les pensées de ma "victime" à mon âge, j'ai appris à voir ce que la personne voit, à entendre ce qu'elle dit et à écouter. Donc, j'ai concrètement tout entendu de la conversation avec la Pixie.

— Pas grand-chose, t'en fait pas, finit par un clin d'œil. Retenant mes mots, risquant de la fâcher, je tente quand même le coup. Mais dis-moi, tu arrives à contrôler la magie de d'autres catégories que la tienne ?

Voyant ces sourcils se froncés, elle devait sans doute cacher ça à tout le monde.

— C'est ça que tu appelles « pas grand-chose » ?

— Bon, okay, j'avoue que j'ai comme qui dirais-je...tout entendu.

Un soupir sortit de sa bouche et elle finit par se baisser, tentant de s'asseoir confortablement. Une fois installé, je sens ses cheveux m'effleurer l'épaule et me rends compte qu'on est bien plus proche que ce qu'il faudrait. Mais à la place de me décaler, je me remis à admirer ses yeux de plus près que tous à l'heure.

— Tu as de beaux yeux, dis-je en chuchotant sans m'en rendre vraiment compte.

Maintenant, elle me regarde aussi.

Une légère gêne vient rosir mes joues et me met à regretter d'être partis la retrouver. Pourtant, même si je le voudrais, je suis incapable de partir, charmé par sa beauté, sa voix chaude, ses yeux et son parfum à l'odeur de menthe et de lavande. Tout mon corps est attiré par elle pour une raison que je ne pourrais pas expliquer. Je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà vécu ça.