Orion

Réveiller par Julius chantonnant sous sa douche, car il y a une salle de bain dans chaque chambre, je me lève doucement de mon lit, ne trépignant pas de cette excitation que beaucoup ont pour la rentrée. Je me coiffe, me lave les dents, mets une tenue simple, confortable et sombre, accessoirisée d’une cape et de quelques bagues avec un petit anneau que j’accroche sur mon oreille pointue et finis le tout par une paire de chaussures. Une fois prêt, j’attends assis sur mon lit Julius. Il sortit de la salle de bain, soigneusement préparé, avec quelque chose à me dire que je devine sur sa tête.

— Vas-y, crache le morceau, lui dis-je.

Sans avoir à attendre bien longtemps, Julius me répond.

— Bon et bien, hier, quand tu m’as laissé tout seul, j’ai sympathisé avec un groupe. Et il y avait cette fille. Elle avait des yeux de la couleur du maïs et ses cheveux étaient plus sombres encore que la nuit elle-même. Elle portait aussi un tatouage dans la nuque et comme il m’intriguait, j’étais allé lui parler. J’avais l’impression d’être envoûté quand elle me regardait dans les yeux, commença-t-il à m’avouer.

Je suis abasourdi par cette description poétique venant de lui, mais aussi par la seule personne qui me vient en tête pendant qu’il me dit ça ; la Pixie.

— Okay ça suffit Cupidon, lui dis-je en essayant de le calmer lui et sa description digne d’une personne folle amoureuse. Où est le problème alors ? Pourquoi tu cogites comme un enfant ?

— Le problème, c’est que moi aussi je veux l’envoûter ! Enfin… je veux qu’elle tombe amoureuse de moi. Alors voici ma question, est-ce que je suis plus beau qu’hier? finit-il par me demander tout rouge.

Hilare par la situation, je lui réponds qu’il est en effet beau et qu’il a tout intérêt, après son manège, à réussir à la faire tomber amoureuse. Malheureusement pour lui, j’adorerais aussi qu’il se plante, car continuer à croiser cette fille étrange ne me dit rien. D’autant que je suis sûr que Neith veut aussi l’éviter maintenant que la Pixie connaît son secret. Sortant de la chambre, je demande le prénom de celle qui fait chavirer le cœur de Julius et il m’apprend que son prénom est Traya.

Traya…comme… traître !

C’en est même la signification exacte de son prénom. Pour donner un nom pareil, même les parents ne doivent pas l’aimer. Mais passons, je préfère que seul Julius pense à elle.

Une fois sortis du bâtiment psychique, nous nous dirigeons vers le bâtiment principal pour y prendre notre petit déjeuner avant de commencer la vraie journée de cours. Usant de mes pouvoirs, j’essaie de percevoir les forces de cette personne qui m’obsède et n’a pas besoin de trop forcer, car elle apparaît devant moi, avec un large sourire. Je ne l’avais pas reconnu, avec ses longs cheveux nattés en deux tresses collées, et sa tenue de combat, arborant une petite épée attachée à sa ceinture.

— Tu ne t’arrêteras jamais de me suivre, me fit-elle, essayant d’avoir l’air énervé.

— C’est parce que tu m'obsèdes, lui répondis-je avec un ton d’humour.

Bien qu’elle ne change pas d’expression, son visage devient rouge et elle ne peut pas le cacher derrière la noirceur de la nuit, cette fois.

Une sonnerie se fit soudain entendre, annonçant que la salle couverte de table et à l’odeur du petit déjeuner vient de s’ouvrir. Un courant d’élèves se précipita à l’intérieur, dont certains nous bousculant tous les trois. J’arrive à repérer et suivre Julius parmi tout ça, mais j’ai perdu à ma grande déception Neith des yeux. Et même en essayant de capter sa personne, ce sera totalement inutile parmi la foule.