L'enfant
Agitée, l'enfant est pressée.
De ce ventre où elle est déjà trop serrée,
Elle veut s'extirper.
Et pourtant il lui reste deux mois à patienter.
Qu'importe ! Il fait trop sombre.
Elle veut connaître la chaleur des bras
Alors, décidée, elle part en trombe
Et commence à pousser.
De son côté la mère ne s'y attendait pas,
Mais trop tard l'enfant va sortir.
Et en un rien de temps voilà la minette
Qui sort sa tête,
Et la mère respire.
C'est allez vite.
L'enfant est petit et n'a pas eu grand mal pour passer :
C'est qu'elle est née prématurée.
Et pour ces raisons, elle ne pleure pas.
Ses parents s'inquiètent
Et les médecins s'alertent.
Quelque chose ne vas pas.
Alors sans même pouvoir gouter à la chaleur des bras de maman,
On l'emporte d'un pas pressant
Vers la couveuse à la lumière artificielle.
Dans les yeux de papa-maman
Ne brille aucune étincelle,
C'est qu'on leur a enlever leur enfant.
Maman donne son gilet
Pour que sa princesse garde son odeur durant le trajet.
L'enfant à besoin de soins.
Trop pressée elle récolte les grains.
Un petit bout de bambin
Que son père tient en une main.
Ils ne la verront qu'au bout d'une semaine,
Toujours sous sa couveuse.
Papa passe sa main :
Il la touche enfin.
Derrière une vitre lumineuse
Un simple trou pour un petit contact
Qui leur rendent un sourire intact
En grandissant l'enfant sera en perpétuel questionnement.
Pire encore en étant adolescente.
Elle se demandera pourquoi elle avait été si pressente.
Et si quelque chose l'y avait poussé ?
Sans jamais trouver de réponses à ces questions enracinées,
Elle craquera et se battra.
Le bambin fragile est maintenant une guerrière
Ne connaissant aucune barrière,
Si ce n'est celle qu'elle se construit avec ses larmes.
Car arrive toujours l'instant où elle baisse les armes
Pour mieux reprendre le combat
Et affronter le regard de ses gens là
Qui ne se gêne en aucune manière.
Recommencer sa naissance
Et repartir dans l'autre sens
Pour naître à terme,
Elle y a déjà songer
Mais a finalement abandonné cette idée insensée.
Pourquoi repartir en arrière
Quand l'horizon est encore devant soi ?
Il y a aussi les mots qui lui ont causés des effrois
Et des chagrins sans fin.
Elle voyait alors des jours sans lumière ni lendemain,
Perte d'innocence et plongée dans la transe
D'un monde rêvé, aujourd'hui sans espérance.
Mais voilà que l'espoir refait surface,
Maintenant bien vorace.
Il se nourrit de mots
Pour alléger les fardeaux
De l'enfant grandissant,
Apprenant et découvrant chaque jour davantage
Tout en noircissant des pages et des pages.
La vie n'est qu'un passage
Dont elle veut laisser traces et messages.
Elle sait qu'elle ne pourra rendre ce monde parfait
Mais déjà elle essaie,
Pour une cause qui lui tient à cœur et qu'elle connait.
On lui disait souvent qu'elle devrait parler de son expérience
Mais longtemps elle a cru ça inutile.
Parce que les gens sont débiles.
Encore plus sourd et plus aveugle
Que ceux qui ne capte bruit
Et ne perçoivent aucune image.
Mais sur ceci elle se trompait
Alors elle ne veut plus créer de mondes imaginaires.
D'abord conter sa réalité
Pour laisser son cœur crier à plein poumons
Et éclaircir l'horizon.
Château, poussière de fée et autres récits peuvent attendre.
Les clichés sur ce qu'elle est la mette hors d'elle,
Tout est mensongé et artificielle.
Alors maintenant qu'elle a trouvé la force de se défendre
Son encre n'est plus une échappatoire
Mais une réalité reflétée par le miroir
De son vécu et de ses leçons.
Elle a appris et elle apprendra encore
Pour transmettre tous ses trésors
À ceux qui la liront et qui tireront à leur tour
Les leçons qui les entourent.
Le monde à déjà trop de retard,
Elle aimerait parler du reste
Mais ne pourrait le conter
avec la même honnêteté.
Ne le vivant pas à chaque instant,
Elle préfère prendre les devants
Sur ce qu'elle sait et laisser place à ceux qui connaissent le reste
Pour en parler à leur tour.
Au Moyen-Age on la voyait comme la création du diable.
Au temps hitlérien on la prenait pour une moins que rien.
On l'a d'abord castré puis exterminé
Avec une cruauté inqualifiable.
Et aujourd'hui, elle reste en marge de la société.
Elle s'est longtemps crue incapable
Et moins que rien.
Et même si aujourd'hui l'enfant a compris
Il est toujours détruit par l'image qu'on a de lui.
Alors l'enfant continue de grandir
En essayant de moins souffrir
Pour un jour complètement s'épanouir.
Et espérer que son message
Fera un long voyage
Et que ces mots laisseront des échos
Pour vous rendre moins idiot.
Annotations
Versions