Je me taperais bien un virologue… Je buvais l’apéro, je regardais mon mari, son menton mal rasé et ses chaussettes trouées. On avait coupé le son de la télévision, on se taisait. Il est beau mon mari, même avec des chaussettes trouées. Puis on a discuté. J’ai envie d’olives noires, qu’il a dit. J’en ai achetées, que j’ai dit. T’es trop géniale, qu’il a souri. Mais personne ne s’est levé pour prendre le paquet au frigo. Je crois que j’ai bien grossi de quatre kilos, que j’ai ajouté. Ça te va bien, qu’il a encore souri. J’ai osé soupirer.
Je regardais les lèvres du virologue qui bougeaient dans le silence de la télévision muette. Je le reconnaissais. C’était le même que les autres fois. Il avait des yeux très noirs et un doux sourire. J’ai pris mon portable et j’ai tapé « doux sourire » sur Google.
Tu r'veux un peu de vin, qu’a interrogé mon mari. J’ai hoché de la tête en faisant mmm. Tu veux baiser, que j’ai soudain demandé. Il a hoché de la tête en faisant mmm. On s’est levés tous les deux et on s’est dirigés vers le lit. On s’est déshabillés et allongés sous la couette. Nos épaules se touchaient, nos cuisses se touchaient. On avait la flemme. Je me suis tournée vers lui et j’ai passé ma main sur son torse, quelques poils et deux tétons d’homme. Ce mystère des tétons mâles. Je les ai pincés. Il a frémi. Il s’est tourné vers moi et a enfoncé sa langue dans ma bouche. Le goût du vin blanc. Ses mains, sa peau, sa queue, tout ça. On a démarré. On s’est agité. C’était gentil. On a frémi. C’était déjà fini. Mais nous étions contents. Il s’est levé. Il avait gardé ses chaussettes. Comme une blague de cinéma. Avec les gros orteils qui sortait des trous. C’était obscène.
Ma mère, elle, reprisait les chaussettes de mon père, elle avait une espèce d’œuf en bois pour réussir cet exploit de misère.
Je me taperais bien un virologue…