2.0 - L'avènement de la troisième civilisation sakase

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L'ère obscure s'acheva avec la destruction partielle de Parthénis, et, de manière tout à fait symbolique, laissa la place à l'ère archaïque par la renaissance éclatante de la cité millénaire. L'effort de reconstruction fut initié par Épyméthès Ier lui-même, pourtant bourreau des cités cycladiques. Un renouveau culturel s'amorça, marqué par un foisonnement intellectuel important et notamment des créations littéraires de haut niveau. Une véritable classe politique formée apparut et se superposa aux structures claniques, bien que celles-ci persistèrent et même se pérennisèrent. Enfin, la période s'ouvrit par la codification d'une impressionnante couche rituelle, régissant la vie religieuse et sociétale de l'ensemble du monde sakase. Nous la connaissons aujourd'hui sous le nom de "Hattia" et elle a très peu évoluée depuis cet âge. Ce fut une véritable faillite pour l'ensemble du clan Imagazoas, détenteur légitime de la vérité révélée malheureusement stérile dans sa tentative de rallier les cœurs et les esprits.

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La réunification de la "Sakasie essentielle" annonça une période de calme relatif et enclencha de nouvelles opportunités commerciales. Pour autant, Épyméthès Ier n'en avait pas fini avec Ataraxaas le Détenteur, mon ancêtre alors en fuite vers l'ouest. Mais le roi et ses successeurs se heurtèrent, par-delà le Cyclade, à plusieurs principautés barbares érigées là depuis trois siècles. Les affrontements furent réguliers et contribuèrent à maintenir un climat d'agitation favorisant l'ingéniosité et l'effort collectif. Le fondateur de ma maison se réfugia à Falsluna, dans les montagnes Vertigo où ses tortionnaires, pensait-il, ne le poursuivraient pas. L'ensemble de sa famille périt lamentablement dans son périple depuis Parthénis. Le clan était décimé et se réduisait à lui-même et quelques membres de la maison Haxamaniyée entrés dans la clandestinité.

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Les Sakases progressèrent vers l'ouest sur la plaine d'Itaq, le long de la mer Centrale, mais les Barbares se montrèrent résilients. Il fallut un siècle et plusieurs générations pour atteindre la baie d'Ispahis, où fut fondée Minasty. Cette cité ambitionna tout de suite d'être la porte d'entrée des peuples du fleuve des Esprits, en même temps qu'un point d'ancrage vers l'occident pour les navires de Parthénis et de Cybère. Cependant, la région demeurait sous pression et subissait de nombreux raids barbares provenant des principautés survivantes de la plaine d'Itaq. Les onagriers sakases montraient là leurs limites, contrés par les redoutables sarisses des hommes du nord.

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Les Barbares de la plaine différaient largement de leurs cousins du nord montagneux. Héritiers des tribus de Norvskr le Puissant et Nordr le Fier, ils avaient choisi de se fixer dans les terres conquises plutôt que de suivre d'énièmes migrations. Ils avaient, pour la plupart, intégré les populations sakases locales jusqu'à choisir leur époux ou leur épouse parmi elles. Les principautés qu'ils érigèrent se trouvèrent des origines de la deuxième civilisation, source de légitimité pour eux malgré la duperie historique. L'intégration au nouveau royaume sakase aurait pu être naturelle, mais les Barbares ou semi-Barbares quels qu'ils soient étaient rejetés par les nouveaux maîtres de Parthénis. Il n'y eut d'autre choix que de lutter et ils y arrivèrent plutôt bien.

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Du côté oriental, le bassin du Cyclade était hors de danger. L'extension vers l'ouest offrait une marge de sécurité confortable et l'empire shyve avait lui-même fort à faire avec les Barbares sur le fleuve Blanc. Les cités se développèrent de manière fulgurante à la faveur de la hausse démographique et du dynamisme économique. Le fleuve reprit son rôle de voie commerciale privilégiée entre Shyves et Sakases, bien qu'il fut contesté par quelques tribus norvskiennes à son niveau médian. Istendria, capitale politique de l'empire, en bénéficia pleinement et devint une importante cité des Terres du Partage.

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Par-delà les montagnes d'Heru au sud, les populations reculées furent la cible des chevauchées sinistres des Furies, ces marchands d'esclaves rôdés au désert. Consécutivement, ces hommes et ces femmes persécutés apprirent de leurs faiblesses et s'organisèrent pour opposer une vraie résistance. Il est probable que la petite cité de Belandar, la Dunarr actuelle, devint un asile pour eux. La forêt Mouvante, cet étrange et impressionnant couvert végétal qui fait barrage au désert, en fut un également. Les fuyards qui s'y réfugièrent formeront la genèse du peuple égéan.

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Vers 1500 a-crH, les Sakases n'avaient toujours pas investi la moitié sud de la mer Centrale. Il est vrai que les Nains, terrés sous la surface, ne représentaient plus des partenaires commerciaux rentables comme du temps de l'empire originel ou de la deuxième civilisation. Ils avaient, d'ailleurs, abandonné la forêt Mouvante et le littoral sud de la mer Centrale. Côté ouest, les Hazalars régnaient en maître sur la steppe, des montagnes naines jusqu'à la forêt des Esprits. Les quelques populations barbares qui bordaient le fleuve des Cités se soumettaient à eux et leur versaient un tribut. Mais les nomades allaient bientôt se confronter aux armées sakases, précédées par les populations apatrides des principautés vaincues...

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Afin de boucler ce tour des Terres du Partage, nous pouvons enfin parler des fameuses tribus barbares des montagnes Vertigo. Suite à l'effondrement de leur monde, elles avaient détruit la Sakasie avant de rebrousser chemin, vers le nord-ouest sous la responsabilité de Nordr le Fier, vers le nord sous le commandement de Norvskr le Puissant. Ces deux groupes, séparés par le fleuve des Esprits et les très hauts sommets, rompirent durablement les contacts au point de varier culturellement.

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Ceux que l'on appellera plus tard les Norvskiens s'installèrent notamment dans la région de Falsluna, sur les bords du lac des Légendes, où des royaumes semi-mythiques avaient jadis prospéré. C'est justement en ces lieux que Ataraxaas le Détenteur put obtenir une paix bien méritée. Il prit pour femme une paysanne Barbare, qu'il convertit aux secrets de Bâlâ Seh. La maison qui porte son nom, la mienne, est issue de cette union. Elle resta fortement imprégnée de la culture sakase et ne fut probablement pas étrangère à la montée en puissance des peuples du lac. Cependant, je n'ai que peu d'informations sur les générations qui se succédèrent jusqu'à l'avènement du fameux "royaume fabuleux".

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Ce premier État barbare d'envergure, fondé autour de 1500 a-crH, fut tout aussi puissant et moderne qu'il fut éphémère, puisqu'il ne survécut pas à la mort de sa glorieuse fondatrice. Il marqua néanmoins un tournant historique majeur car il posa les bases d'un foyer civilisationnel original, d'influence purement endogène. En ces temps de bouillonnement culturel permanent, les Barbares rejoignaient ainsi les Sakases et les Shyves au rang des grands peuples évolués de ce continent. Cela n'était pourtant pas dans l'intérêt de la maison Ataraxaas, déjà pourchassée dans sa patrie d'origine pour la menace qu'elle faisait peser sur la civilisation. Mais le livre divin est formel : l'accomplissement technologique des Humains conduira à la destruction du vent, de la lumière, des astres et de la terre...

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