Je ne vois pas d'autre mot pour décrire l'endroit où je suis. Une cage. Ronde et brillante, formée par des anneaux entremélés. Et ne croyez pas que ma nature de Quantique puisse m'aider à m'échapper. Cette sphère, cette cage, est spécialement construite pour emprisonner les êtres tels que moi. Merlin me regardait derrière les barreaux, je lévitais au centre exact de ma prison électromagnétique. Lui était du côté de la liberté.

Il était assis dans un fauteuil, les mains jointes sous son menton. Il regardait l'Anneau qui flottait devant lui, l'Anneau de Pythgore, dans une sphère ressemblant à la mienne, mais plus petite et plus brillante.

• Il y a fort longtemps, j'ai fais usage de cette prison. La Cage dans le Ciel.
• Z'en ai entendu parler. C'était un pièze de la fée Viviane.
• Vous connaissez ? Une légende, mais toute légende a toujours une part de vérité. Celle-ci est un peu plus moderne, le principe, toutefois, est identique. C'est une enceinte de confinement.

Le visage de Merlin se marqua d'un rictus.

• Viviane et moi étions presque fiancés, vous savez ?

Ses affaires de coeur ne m'intéressaient absolument pas. Je voulais juste sortir d'ici.

• Qu'allez-vous faire de l'Anneau ? Pourquoi mon père est-il avec vous ?
• Pourquoi ? Voulez-vous vraiment le savoir ?
• Oui !
• Alors, qu'il en soit ainsi !

Merlin claqua des doigts, et l'anneau devant ses yeux disparut. Il se leva, recula de trois pas. Une forme se matérialisait entre nous, floue tout d'abord, puis tout à fait nette, et bien réelle. Une silhouette que je connaissais, le visage caché sous un capuchon.

• Monsieur B !
• Je vois que les nouvelles vont vite, ma chère.

Sous l'ombre de la capuche, un regard me scrutait. Je connaissais cette voix également. Je m'attendais à entendre la voix de Monsieur B. et c'était une voix de femme.

• Ne sois pas surprise Béatrice. Je suis une Quantique, comme toi, et j'utilise souvent des adaptateurs. J'ai besoin d'une voix pour m'exprimer, soit dans un corps, soit dans un objet. peu m'importe, au fond !

Elle laissa retomber en arrière son capuchon et je me reconnus, c'était moi, plus âgée d'une dizaine d'années, telle que je m'étais vue à la fontaine de Théano.

• Alors ? Surprise ? Nous pourrions être soeurs n'est-ce pas ? Pour toi, je suis une Parralèle.

Elle me regardait, narquoise.

• Et je vais également te dire autre chose, une chose qui ne te fera pas du tout plaisir... La véritable Béatrice, c'est moi ! Tu n'es qu'un avatar, une Parallèle ultérieure.
• L'expérience XD 2542 Théta ?
• Une expérience peu concluante. Comment sais-tu cela ?

Elle se tourna vers Merlin.

• Mais comment font-elles pour développer leur intuition ? Ce ne sont après tout que des choses !
• Des choses ?
• Ma chère, tu es un objet, un simple objet, de la matière pure devenue le réceptacle de mon Schéma Mental. Nous t'avons créée à partir de rien, de rien ! Une simple vibration spatio temporelle, convenablement localisée dans une matrice informationnelle, et nous avons une bifurcation. Un split ! Une matérialisation qui permet d'explorer les possibles et de les observer, non pas seulement en pensée, mais en réalité. Comme c'est drôle, n'est-ce pas ? Et je discute avec toi. Tu penses être fort loin, et différente, mais seul un infime décalage nous sépare.

Elle se retourna à nouveau, regardant Merlin d'un oeil caressant, battant des cils.

• J'en ai assez entendu, Merlin. Cette expérience est allée trop loin. Débranchez-la, voulez-vous ?
• C'est ennuyeux. Vous savez, j'imagine, ce que cela veut dire Béatrice ?
• Bien sûr. Et alors ? Cette version de moi mourra. C'est tout !
• C'est tout ?
• Oui. Quoi d'autre ? Vous avez une heure. Il ne peut y en avoir qu'une ! Dîtes-le à Père... Mon petit Dédounnet chéri...

La silhouette remit son capuchon, et je disparus à mes propres yeux.