Chapitre 3
La pluie avait cessée, une couverture de nuages assombrissait la nuit déjà bien froide. Quelque part dans les ruelles de la ville, se tenait deux compères tout deux vêtus d’une tenue de prêtre sombre et aux motifs jaunes.
-Hideaki, rappelles moi pourquoi nous intervenons en pleine nuit? Dit le plus petit des deux.
-Selon mes calculs, il s’agit du moment le plus propice pour atteindre notre objectif. Répondit l’autre à lunette.
-Le grand Hide, roi des statistiques à parlé… je n’aurais jamais pensé qu’il puisse y avoir moins de garde la nuit. Ironisa le second, répondant au nom de Nezumi.
-Mon nom n’est pas « Hide » mais « Hideaki »! s’exclama le concerné.
-Oui oui. Répondit l’autre, clairement désintéressé.
-Cesse donc tes enfantillages et, pour une fois, tâche de rester concentré.
Durant leur marche nocturne, les deux « amis » arrêtèrent leur chemin dans une allée menant au temple qui contenait les quartiers du Shogun.
-Ce lieu pourtant sacré n’est guère plus surveillé qu’une épicerie. Souligna le calculateur Hideaki.
-Ce sera encore plus facile que prévu! Se réjouit Nezumi en faisant le premier un pas sur le domaine.
Ils montèrent les marches jusqu’à se retrouver nez-à-nez avec l’entrée.
-L’accès n’est pas autorisé au public! Cria une voix venant de derrière eux. Instantanément, Nezumi souris.
-Je répète, interdit au public! S’écria la même voix, plus forte.
Le plus petit des deux hommes donna un gentil coup de coude à son allié en lui demandant : « Eh Hide, selon tes calculs, tu crois que je peux jouer avec lui ? ».
-De un, mon nom n’est toujours pas « Hide ».Deuxièmement, Ne nous fait pas perdre de temps inutilement.
-Mais du coup… c’est plutôt oui? Appuya Nezumi, euphorique à l’idée de se divertir.
-Fais vite. Céda Hideaki.
Nezumi avança d’un pas nonchalant vers sa proie tout en marmonnant. Le garde totalement déconcerté par l’arrivée fracassante de l’homme resta muet.
-Excusez moi mon brave, auriez-vous, par pur hasard, croisé un homme aux longs cheveux noirs, froid, solitaire et manipulant un khi de glace?
-Quel lien entretenez-vous avec le Shogun ? Questionna le garde. Sans attendre, l’homme plein d’énergie, se retourna vers son comparse et lui cria ému : « Oh Hide j’ai encore jamais tué de Shogun ! ».
Le garde dépassé par l'événement, n’eut pas le temps de renchérir que déjà Nezumi avait repris la parole.
-Du coup, il est où?
Sans donner de réponse, le garde dégaina et lança un assaut qu’esquiva de justesse Nezumi.
-Rangez votre épée brave homme, je n’en ai pas après vous!
-De telles paroles ne resteront pas impunies! S’exclama le garde, tout en continuant l’assaut.
-Vous n’êtes pas bien coopératif par ici… et cesse de brasser de l’air! Rétorqua Nezumi toujours sur un ton enjoué.
Las d'observer la scène, Hideaki rejoint son camarade. Au même moment, comme attirés par le bruit, deux autres gardes se rallièrent au premier.
-Trois contre deux… Nezumi se tourna vers son allié et continua, d’après toi, les statistiques sont bonnes? Taquina-t-il.
-En raison du manque d’informations que nous possédons à leur sujet, je suggère que nous battions en retraite. Récita de façon très factuelle Hideaki.
-Donc on s’en va? Tu pouvais pas faire plus simple?
Sans plus de commentaire, les deux compères vêtus de noir prirent la fuite. Deux des gardes tentèrent de les poursuivre, mais alors qu’ils arrivaient sur une intersection un écran de fumée les empêcha de remonter la piste des deux fugitifs. De l’autre côté, le premier garde, toujours bouche bée, s’étonna de l’audace dont avait fait preuve les deux hommes. Réalisant soudainement la menace qu’ils représentaient, il se murmura : « Je dois avertir Seto ».
Comme chaque matin, Shin et Sora s’entraînaient avec le maître Ginza, sous l’oeil avisé d’Asataro resté très en retrait depuis le début de leurs exercices. Un silence que Ginza remarqua, il donna une longue série d’abdominaux aux deux jeunes pour avoir le temps de discuter avec le représentant des Shihoukans.
-Que t’arrive-t-il Asataro ? Tu ne rates jamais une occasion pour intervenir d’habitude.
-On ne peut rien vous cacher mais vous ne me croireriez pas. Indiqua l’homme pensif.
-Je pense pouvoir entendre n’importe quoi. Ricana Ginza qui avec le temps, avait appris à apprécier Asataro.
-Hier soir, tard dans la nuit, j’ai croisé deux hommes dans des vêtements de prêtre noirs. Ils rôdaient autour du palais à la recherche du Shogun… le plus petit des deux a menacé sans hésiter de tuer Seto.
-Des hommes en vêtements de prêtre dis-tu ? Ça ne me dit rien qui vaille… le vieil homme se retourna vers ses deux élèves, Sora encore en plein effort avait été battu par Shin qui semblait très à l’écoute de leur discussion.
-Seto est il au courant?
-Oui j’ai, pour son bien, interrompu et écourté le dîner avec son frère.
- « Son »? Ginza avait très bien compris qui était le frère présent et en déduit que Shin avait sans doute quitté volontairement son foyer avant de souper.
Sur le terrain d’entraînement, un duel avait pris place entre les deux élèves. Muni de sabre fournit par leurs entraîneurs, ils croisaient le fer sans animosité. Les fers résonnaient à chaques estocades.
Perdu dans ses pensées, Shin ne faisait pas montre de son talent habituel. Dérangé par le désintérêt de son adversaire Sora piqua au vif son ami en lâchant : « Tu n’égaleras jamais Seto si tu ne te donnes pas à fond! ». Affecté par les propos du jeune flamboyant, Shin effectua un enchaînement plus violent que voulut qui propulsa, laissant une traînée de sang sur son passage, Sora en arrière. Appliquant une pression sur son bras gauche Sora se releva en maugréant : « Bah dis donc, Seto n’a qu’à bien se tenir! ». Alarmé par l’excès de khi émanant de Shin, Asataro s’interposa. Ginza jugeant la blessure de Sora inquiétante, le guida sans perdre de temps au cabinet de Chiho.
-Qu’est-ce qu’il t’a prit Shin de déployer tant de khi durant un entraînement?!
-Il ne vas pas en mourir.
-De tels propos ne sortirait jamais de la bouche de ton frère.
-C’est bien là l’une de nos différences.
Profitant du silence hébété de son instructeur, Shin quitta le dojo sans un mot.
Installé dans le cabinet du médecin préférée de Ginza, contrairement à son maître présent pour n’importe quel motif, Sora, son élève, attendait sagement son tour dans la salle d’attente. Son maître présent à ses côtés s’impatientait voyant que l’actuelle consultation n’en finissait pas.
-Je vous assure maître vous pouvez me laisser, je serais entre de bonnes mains dont vous avez souvent vanté les mérites.
-Et pour cause, Chiho est la meilleure!
-Encore toi! S’exclama la propriétaire du cabinet en reconnaissant l’homme.
Très vite, son regard se tourna sur la blessure de Sora enroulée dans un tissu quelconque et demanda à Kaya, son assistante, de l’installer pendant qu’elle irait chercher de quoi le recoudre. En menant le jeune homme à la table d’examen Kaya s’inquiéta de la gravité de la blessure.
-Comment tu t’es fait ça?
-Je reviens du dojo, mon ami m’a blessé durant un combat. Lui sourit Sora.
-Je suis rassurée de voir que l’élève du maître Ginza ne vient pas que pour les infirmières. S’amusa la jeune blonde.
-Je me serais bien passé d’un examen de routine mais j’imagine ne pas pouvoir y échapper dans ma situation.
Dans le couloir, une nouvelle altercation entre Chiho et Ginza avait prit place.
-Contrairement à toi, ce n’est pas du service « bobologie » dont il a besoin, laisse nous maintenant. Se moqua-t-elle renfermant la porte de son bureau derrière elle. Resté seul dans le couloir Ginza ronchonnait.
-Remonte ta manche, je te préviens, ça ne vas pas être agréable. Kaya tient son bras et profites-en pour réviser.
Après quelques minutes, le bras du jeune homme était comme neuf. Les soins prodigués par Chiho avaient été efficaces.
-Eh du coup toi tu sais faire ça? Demanda Sora à Kaya.
-J’ai appris à le faire, mais je n’ai pas l’autorisation d’exercer. J’espère pouvoir l’obtenir lors de l’examen à la fin de la semaine.
-Du coup si je reviens, la prochaine fois tu t’occuperas de moi?
-Oh seigneur…Murmura Chiho accablé à l’idée d’avoir à faire à un deuxième « Ginza ».
Au palais du Shogun, Asataro et Seto discutaient en observant en contrebas le village.
-Ton petit frère est au courant pour l’attaque d’hier soir. Il a quitté le dojo brusquement sans nous préciser où il allait… je pense que tout ce raffut l’a inquiété. Confia le tuteur.
-Lance deux hommes à sa poursuite, on ne doit pas le laisser nous semer… Ordonna le Shogun préoccupé par le comportement de son jeune frère.
Au petit matin Sora, toujours très enjoué, se rendait au dojo pour son entraînement quotidien. Il pensait déjà à se venger de sa défaite de la veille. Il avait réfléchi toute la nuit à un moyen de remporter la victoire face à Shin qui était le meilleur épéiste des deux. Qu’elle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se rendit compte de l’absence de son ami pourtant très ponctuel. Les deux entraîneurs ne cachèrent pas leur étonnement en voyant l’heure tourner. Un sentiment qui très vite vira à l’inquiétude chez Asataro. Paniqué, il partit à la recherche du jeune homme en laissant Ginza seul avec Sora. Ce dernier préférant se concentrer sur son entraînement plutôt que d’imaginer le pire.
Le premier réflexe du tuteur en charge de la garde de Shin fut de se rendre chez ce dernier. Il y trouva Akio, le benjamin de la famille.
-Pardonnez mon intrusion mais savez-vous ou pourrait être votre petit frère? Il n’est pas au dojo.
-Vous cherchez Shin? Je ne l’ai pas vu depuis hier soir. c’est un grand garçon il n’a pas besoin de moi pour se prendre en charge vous savez. Répondit gentiment le Nishimura.
-Je vous remercie, je vais continuer mes recherches. Je vous tiendrai au courant de leurs l’avancée.
-Je vous remercie mais vous savez, Shin est un enfant imprévisible, je ne suis pas inquiet. Souri alors Akio à Asataro qui s’en allait.
Accourant jusqu’au dojo, le jeune entraîneur en plein désarroi, s’écria : « On a perdu Shin !!! ».
-Bien sur on l’a perdu… attends, on l’a vraiment perdu!? Réalisa Ginza.
-Comment ça perdu? Répéta Sora.
-Il n’était pas chez lui et Akio son frère, ne l’avait pas vu depuis hier!
-Calme toi Asataro, il ne doit pas être bien loin.
-Je vais partir à sa recherche! S’avança Takane Sora.
Une voix appela Asataro. Un des bushis – guerrier – qu’il avait déployé sous les ordre de Seto venait d’apparaître.
-Nous avons pisté le jeune Nishimura. Il a tout d’abord quitté la ville peu après le coucher du soleil avant de prendre la route pour le nord. Sur ses gardes, il nous a menacés se rendant compte qu’on le poursuivait. Résuma l’espion. « Que cherche-t-il au nord? » Songea Asataro le visage de nouveau austère.
-Laissez moi y aller, c’est mon ami, je lui ferait entendre raison! Quel est l’intérêt de partir alors que nous ne sommes pas encore bushi…
-Ne dit pas de bêtise Sora, Shin ne se laissera pas faire, et tu finiras blessé comme hier. Sermonna Ginza.
-Maître pourquoi nous batterions-nous?
-N’as-tu pas remarqué que depuis le retour de son frère Shin s’est montré très distant avec nous?
Convaincu par son idée, Sora ne renchérit pas mais n’exclu pas l’idée de partir à sa recherche dès que l’occasion se présenterait.
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