Chapitre 4 - SORA

8 minutes de lecture


  Seul et songeur, Sora slalomait entre les passants de l’avenue, le parfum de fleur habituel avait disparu. Convaincu que son ami Shin n’avait pas quitté le village sans raison, l’idée de partir en dehors du village qui l’avait vu grandir rendait Sora un peu hésitant. Il n’avait jamais quitté l’enceinte de Sakura, ce n’était pas dans les coutumes de partir en voyage où de se rendre dans les pays voisins. De retour chez lui, il s’assit au chevet de sa mère, allongée dans un lit par obligation médicale. Très proche d’elle, Sora l’accompagnait chaque jour depuis que la maladie l’avait touchée et c’est en la voyant qu’il se rendit compte qu’il ne pouvait pas se permettre de partir à la recherche de Shin. Comme chaque jour, il effectuait les mêmes mouvements de soins auprès de sa mère, en silence, dans une lumière douce. Seul la respiration discontinue de sa mère était perceptible. Une serviette humide sur le front, une bougie aux senteurs de fleurs, Sora s’efforçait de dorloter sa mère incapable de se lever.

 -Sora…

 -Tu as besoin de quelque chose maman? Se proposait chaque fois le fils.

 -Je te sens préoccupé. Lui confia-t-elle avec une voix faible mais chaleureuse.

 -On ne peut rien te cacher… Aujourd’hui Shin n’était pas à l’entraînement et comme si cela ne suffisait pas, il paraît qu’il aurait quitté le village dans la nuit…

 -Alors comme ça le jeune Nishimura à décidé de n’en faire qu’à sa tête hein ? c’est tout lui ça! Tenta de ricaner la femme allongé dans un lit.

 -Maman! Tu ne comprends pas, ce n’est pas drôle!

 -Approche. Fit-elle doucement, elle glissa ensuite sa main droite sur le visage de son fils, son sang coule dans tes veines. Je savais que cela viendrait un jour… tu lui ressembles Sora.

 -Tu parles de papa? Hésita la garçon aux cheveux rouges.

 -Shin est ton ami, et je sais que tu meurs d’envie de partir à sa recherche.

 -Je ne peux pas t’abandonner. Je suis certain que Shin reviendra…

 -Sora… je pense être encore capable de m’occuper de moi. Elle se redressa difficilement avant de tirer un petit tiroir de sa table de chevet. Elle en sortie une petite clef dont Sora ignorait l’existence et lui déposa au creux d’une main.

 -Tu vois cette vieille caisse fermée à clef dans le fond de la pièce? Ce qu’elle contient est le dernier cadeau de ton père. j’espère que ça te plaira. Chamboulé, Sora fixa un moment cette boîte qu’il avait toujours vu ici. Elle faisait entièrement partie du décor de la maisonnette. Poussiéreuse et ancienne, la serrure avait un peu vieillit. Le clef d’abord difficile ouvrit finalement le coffre. Un vieux drap blanc recouvrait un objet long et assez fin.

 -Un sabre? Reconnu Sora en attrapant le fourreau de la main.

 -Oui, mais ce n’est pas n’importe quelle arme.

 -C’est celle de papa… murmura ému le garçon.

 -Il a toujours désiré te l’offrir à tes dix-huit ans malheureusement il nous a quitté trop tôt et je pense que le moment est opportun. Avec cette arme tu pourras ramener ton ami.

 -Maman… Sora retenait ses larmes, il dégaina l’épée qui brillait encore malgré les années. Il s’agissait d’une arme pure, un fourreau blanc, une lame resplendissante.

 -Je ne peux pas cacher craindre le pire après tout, un père et un mari formidable sont morts au combat. Mais comme je te l’ai dit, son sang coule en toi, il était certain que ta couleur de cheveux t’apporterai chance. Avoua la mère aux cheveux longs et rouges elle aussi.

 -Comment la lame peut-elle être si étincelante? Elle est comme neuve. Questionna ensuite le garçon.

 -Ton père, malgré son rang de Bushi, ne tuait pas. Il combattait avec la lame rangée dans son fourreau. Une seule et unique fois, ton père à due dégainer son arme… Une violente toux la gagna, si forte que Shin du concocter un sirop à base de plante afin d’apaiser sa mère qui avait beaucoup trop prit sur elle durant leur conversation. Voyant le besoin de repos dont avait besoin sa mère Sora lui embrassa le front et quitta la maison, l’arme de son père à la ceinture.

 -Okamoto, ton fils te ressemble tellement… Murmura la mère malade prête à se rendormir.

Quitter le village n’était pas chose facile pour Sora et c’est au niveau des grandes portes qu’il s’arrêta. s’il continuait vers le nord il serai sur la piste de Shin, il le savait. Un bushi, guerrier, passant l’interpella.

 -Tu as vu l’état de ton fourreau? Tu devrais penser à le faire réparer où bien même à le remplacer!

 -Merci du conseil. Répondit Sora ne voulant pas blesser son aîné par une quelconque remarque.

Ceci fait, il se tourna vers les plaines, gonfla ses poumons, une légère brise lui frôla le visage avant d’expirer tout l’air emmagasiné.

Parti depuis deux heures, cela n’avait pas empêcher Sora de se perdre au milieu des bois. Livré à lui même pour sa première expédition, le jeune homme se maudissait sans perdre espoir de retrouver la route. Perdu il eu l’occasion d’apercevoir des animaux et végétaux peu commun. En y réfléchissant, il ne savait pas lui même comment avait-il fait pour bifurquer du sentier pourtant tracé et emprunté par les usagers. À force de persévérance, il finit par atterrir dans une clairière verdoyante ou la faune et la flore étaient sauvages. Un sourire se dessina sur son visage, il n’avait jamais envisagé voir de tel paysage. Une odeur boisée flottait, fatigué de sa marche il s’assit dans l’herbe humide, attrapa une feuille bien verte et siffla un air que lui avait apprit son père.

Soudainement, après cinq minutes de repos, une légère flamme naquit au pied de Sora. Un homme cagoulé sorti de nulle part et l’approcha. Également équipé d’un sabre il menaça Sora de s’en servir si il ne lui donnait pas ses objets de valeurs. Comprenant qu’il s’agissait d’un voleur ,Sora se releva et saisit l’arme à sa ceinture.

 -Des jambes tremblantes, un regard fixe, un fourreau en piteux état… je ne te conseille pas d’engager le combat, ton corps te trahit, tu es un débutant. Analysa l’ennemi, voyant de seconde en seconde Sora hésiter.

 -Les entôleurs dans ton genre m’horripile! Sora attrapa le fourreau de son père et comme l’avait décrit sa mère, engagea un combat fourreau en main.

 -Quelle drôle de façon de combattre.Tu ne me tueras jamais avec ta lame à l’abri! s’exclama le voleur, épée prête à l’emploi.

Vigoureux, d’une allure légèrement supérieur à celle de son adversaire, Sora déclencha un enchaînement qu’il maîtrisait bien. Analysant un mouvement très scolaire, son ennemi dénicha la faille de son combo. Alors que le garçon flamboyant pivotait sur sa droite l’agresseur déséquilibra Sora et le regarda chuter.

Le jeune garçon énervé de sa performance râla, d’après ses dires, Shin avait été le seul à contrer son enchaînement.

 -C’est déjà terminé? Avança alors l’homme encore debout. L’arrogance du voleur énerva l’apprenti qui se releva sans hésitation et replaça le sabre de son père à sa ceinture.

 -Je ne vais pas me laisser faire aussi facilement! Hi no tama! D’un mouvement encore bien mécanique, Sora libéra une boule de feu qui avait grossit aux creux de sa main gauche et la propulsa de sa main droite.

Surprit, son adversaire encaissa le sort qui, au vue de sa taille, infligerai des dégâts mineurs. Une partie des vêtements brûlés, il s’énerva alors que Sora heureux d’avoir fait mouche retrouvait son sourire.

 -Sale morveux je ne m’attendais pas à ce que tu saches contrôler ton khi! Sans lui laisser le temps de répliquer, il déchaîna une série de coup impossible à esquiver pour Sora. Recouvert de petites blessures, son attention fut retenue par une entaille plus profonde à son bras droit.

 -Avec ça, tu m’embêteras plus ! s’exclama le voleur.

Aveuglé par la douleur et poussé par le désir de protéger le sabre de son père, il libéra une nouvelle fois une boule de feu d’une taille bien plus importante de sa seul main gauche. L’intensité de l’attaque la rendait impossible à esquiver à une si courte distance et atteint sa cible qui décida de battre en retraite voyant la détermination dont il faisait preuve.

 -Bon eh bien, la bonne nouvelle c’est que j’ai pas perdu… mais la mauvaise c’est que je ne peux plus bouger mon bras. Nota le garçon d’un air un peu ébahi.

De retour à Sakura pour faire examiner son bras, Sora attendait en serrant les dents qu’un médecin vienne le prendre en charge. Sous son bras droit une flaque de sang s'était formée. Juste en face, un vieil homme attendant également son tour pour ce qui devait être un rhume semblait jeter un regard inquiet et perplexe sur Sora.

Fraîchement diplômée, la jeune médecin chargé des soins du jeune guerrier n’était autre que Kaya, l’ancienne apprentie de Chiho. À la vue de Sora et d’une voix très calme elle dit : « Je vais chercher une serpillière. ». Ceci fait, elle installa le jeune Takane et demanda : « Alors qu’est-ce qui t’amène ? ». Déconcerté par l’évidence de sa présence, il se contenta d’un lever de sourcils.

 -Ne me regarde pas comme ça, j’applique le protocole! Se justifia la jeune blonde.

 -Alors je suis venu refaire la déco de ton cabinet, chose qui avait commencé à prendre forme avant que tu n’intervienne dans la salle d’attente ; mais maintenant que je suis là, peut-être que tu pourrais faire quelque chose pour mon bras? Proposa-t-il.

Le bec cloué, elle examina la blessure sans plus de questions

 -Tu ne me demandes pas comment cela m’est arrivé?

 -J’ai entendu dire que tu étais sorti du village ; laisse moi deviner.. tu t’es prit les pieds dans une racine? Ironisa la jeune femme, s’amusant de la situation.

 -Je te ferai savoir que mon adversaire est dans un pire état que moi!

 -Tu as brisé cette racine?!

Blasé il rétorqua : « Tu n’es pas très drôle. ». Les enfantillage terminés elle demanda plus sérieusement ce qui l’avait mit dans un tel état. Elle écouta son récit en préparant un cataplasme à base de souci, une plante médicinale.

 -Et alors, c’est comment au-delà des murs de la ville? s’intéressa-t-elle.

 -C’est magnifique, je ne suis pas allé bien loin mais c’était vraiment splendide! Sans parler du sentiment que tu ressens en découvrant des lieux que tu n’as jamais vu…

 -Je vois… je t’envie Sora. Elle appliqua la pommade sur la plaie.

 -Qu’est-ce qui t’empêche de partir?

Ignorant la question de Sora elle continua d’appliquer le remède.

 -C’est pas très agréable. Lui confia ensuite le garçon en grinçant des dents.

 -C’est bon signe, c’est un soin à base de Calendula, c’est très efficace pour arrêter les saignements. Après un petit silence, elle relança la conversation. “Si je ne peux pas partir c’est parce que je ne suis pas bushi” se confia la jeune femme, morose.

 -Si il y a que ça qui t’empêche de partir, je peux m’arranger avec mon maître pour t’apprendre deux ou trois trucs!

 -Moi? Prendre les armes? Je manie le scalpel comme personne mais c’est tout ce que je peux faire.

 -Non, ça c’est ce que tu sais faire; je ne suis pas né avec un katana dans la main rassure toi. Encouragea le jeune homme. Voyant qu’elle en avait terminé avec son bras, Kaya lança un regard enjoué à Sora.

 -Après tout… ça ne coûte rien de tenter! Se décida Kaya en laissant les patients aux bons soins de ses collègues.

Annotations

Vous aimez lire Claire Quentin ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0