Chapitre 10

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Mon départ coïncidait avec mon opération. Là, dans l'hôpital, les longues minutes d'attente me laissaient tout le temps de réfléchir. Aucune angoisse, quant à l'anesthésie ou au bistouri. Je prenais ce temps pour repenser à Paul, à nos soirées, à ses yeux, à nos échanges. J'étais donc sereine quand l'anesthésie commença à faire effet.

Tout alla vite et, dès le soir, je rentrais en béquille et sans attelle. Ce n'était pas ma première opération, mais celle-ci semblait beaucoup moins lourde et j'en étais étonnée. Je restais quand même prudente, car les produits anesthésiants devaient encore faire leur effet. Bien évidemment, je ne rentrais pas seule et mon mari vint me chercher. La première chose que je fus dans ma voiture, était d'envoyer des nouvelles à Paul, pour lui dire que tout s'était bien passé.

La douleur était vraiment raisonnable, et même si le médecin m'avait prescrit de la Codéine, le Paracétamol faisait suffisamment d'effet. J'étais donc de plus en plus confiante, quant à la suite de ma convalescence. Mais rester sans bouger, vous laisse le temps de réfléchir et de vous ennuyer. Paul ne prenait que peu de nouvelles de ma santé mais j'avais besoin de nos échanges qui me manquaient. Il m'avait dit à plusieurs reprises qu'il aimait les filles tatouées. Alors, je pris un simple stylo bille, pour dessiner une petite ancre sur ma cheville.

« C'est quoi ça ??? »

« Juste un petit dessin au stylo bille, pour passer le temps »

« C'est mignon... »

Je continuais en dessinant, ce coup-ci, une rose, dont je trouvais un modèle sur Internet.

« Pas mal de tout », commenta-t-il.

« Merci »

J'avais toujours aimé dessiner, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas pris le temps de le faire. Et se gribouiller sur le corps était vraiment très agréable. Donc, en plus de me permettre de communiquer avec Paul, j'en profitais pour reprendre mes crayons. Jambe, mollet, main, toutes les parties accessibles de mon corps y passaient. Et je lui fis découvrir ainsi mon talent de dessinatrice.

Enfin, talent est un bien grand mot, mais je me débrouille un peu.

Ayant fait le tour de mon anatomie, je choisi de continuer ce nouveau loisir créatif sur du papier. Chaque jour, je passais mon temps à dessiner et parfois, j'envoyais des photos de mes œuvres. Elles n'étaient pas extraordinaires, mais suffisamment jolies pour que j'ai envie de les partager avec Paul. Il avait la gentillesse de les trouver « Pas mal », comme il disait. Mais je n'attendais pas un « magnifique » hypocrite, car elles valaient effectivement ce qualificatif.

Je me remettais exceptionnellement, vite et faisais régulièrement mes exercices de musculation. Au bout de trois jours, j'avais retiré une de mes deux béquilles, et au bout d'une semaine à peine, la deuxième. Je n'en conservais une que lors de marches un peu plus longues, comme pour me rendre au restaurant, par exemple.

Pendant ma convalescence, nos échanges étaient beaucoup trop rares à mon goût, mais je ne pouvais pas lui reprocher. Lui-même était parti en congé, une semaine après moi. Il était donc au bord de la mer, avec des amis, où il faisait la fête tous les soirs. Et je savais que même si nous nous entendions bien, il ne pensait sûrement pas autant à moi, que moi je ne pensais à lui. Et je pense aussi qu'il avait vraiment besoin de mettre de côté ses soucis. Mais ces réseaux sociaux me donnaient quand même quelques nouvelles, où je voyais des photos de plage, au lever du soleil, et de soirées dansantes, très animées.

Son dernier message datait d'une semaine, quand il m'envoya un screen des photos de son ex qu'il avait décidé d'effacer, de ses réseaux sociaux. Il venait sûrement de rentrer et, semble-t-il, ces deux semaines lui avaient effectivement permis de faire le point. Ça me touchait qu'il me confît cet acte personnel et intime. Je le considérais comme mon confident et en retour, je prenais cette place pour lui.

Il lui restait donc une semaine de vacances, mais l'idée de rester seul à Nancy lui donnait le blues. Et pour Paul, cela signifiait l'envie de repartir. Malheureusement, ce projet n'avait pas disparu pendant ses congés. Il avait peut-être même mûri et bientôt, il s'éloignerait de moi.

Mais Justine, qui semblait une histoire classée, avait fait son retour dans la vie de Paul. Il avait donc un rendez-vous avec elle le samedi qui suivait. Habitant aussi sur Nancy, je voyais dans ce rapprochement, l'opportunité de garder, auprès de moi, Paul plus longtemps. Et peut-être lui remontrait-elle le moral.

D'ailleurs, le surlendemain de leur rendez-vous, il m'envoyait la photo d'une boite, remplie de souvenir de son ex avec comme sous-titre « poubelle ».

« C'est bien tu avances ;) »

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