Chapitre 26

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Chaque année, pour la fin d'année, nous réservions un restaurant, le midi, pour une trentaine de personnes. Le repas s'éternisait jusqu'au milieu de l'après-midi et était suivi par un dernier verre (ou plus) dans un bar. Les années précédentes, je n'étais jamais restée très longtemps, car je devais repartir récupérer mes filles, pour les accompagner à leur activité, ce qui m'arrangeait à l'époque, car je n'appréciais pas vraiment de sortir. Mais depuis ces derniers mois, j'avais changé mes habitudes et l'occasion de passer une soirée avec Paul était trop belle.

Nous sommes donc partis vers 11 h 45 du boulot. Comme il était coutume de faire un gâteau dans mon bureau, pour les fêtes et anniversaire, Paul insistait depuis quelque temps pour que j'en fasse un pour la Sainte Elisa. Mais il s'était mis en place une forme de bras de fer entre lui et moi. Si bien que je ne voulais pas docilement obéir à sa requête, mais j'avais quand même envie de fêter l'occasion. Je proposais donc aux volontaires de payer ma tournée, avant d'aller au restaurant. Le bras de fer continua et Paul partit seul avec un autre collègue boire un verre ailleurs.

À 12 h 15, nous arrivâmes enfin au restaurant ou seuls les plus sages d'entre nous était déjà attablés. J'allais poser mon sac et mon manteau sur une chaise et en me retournant, je me retrouvais nez à nez avec Paul.

— Tu as loupé ma tournée générale, lui dis-je.

— Tu me dois donc une bière, répondit-il en souriant.

— Ce soir, peut-être, dis-je en lui rendant son sourire, si tu es sage.

— Je dois rentrer de bonne heure, j'ai une demoiselle à rencontrer.

- Tant pis pour toi.

C'était un restaurant très agréable, la cuisine était bonne et le lieu était lumineux et convivial. Mais le patron nous avait prévenus que nous devrions partir pour 15 h 30. Il était donc plus tôt que les autres années quand nous sommes partis du restaurant et la plupart de mes collègues de mon service sont retournés sagement au travail.

Heureusement, le service d'Inès aussi organisait son repas de fin d'année, mais eux, étaient déjà au bar, pour boire un coup. Il était donc hors de question que je ne profite pas, pour une fois, de cette tradition.

Au fil de la soirée, nous fûmes rejoints par d'autres collègues et nous commencions à remplir la moitié du bar. Mais Paul, qui avait choisi de retourner travailler, n'était toujours pas là.

« Paul, la bière, c'est maintenant ou jamais », lui envoyai-je.

« J'arrive »

Je l'accompagnais donc pour boire une autre bière, mais celle que j'avais choisie était plus forte que je ne l'avais imaginé et la tête commençait à me tourner.

La discussion avait tourné à des sujets un peu tabous, qui ne m'avaient jamais dérangé, bien au contraire. Je trouvais très drôle d'aborder avec certains hommes un peu macho, certains thèmes comme le plaisir anal chez l'homme. Systématiquement, par une fierté hétéro mal placée, il disait « Jamais de la vie ». Il faisait sûrement un amalgame avec l'homosexualité, pourtant un parfait hétéro peu aussi apprécier ce genre de plaisir. Malheureusement, Paul faisait parti de ces hommes et changea de place.

Comme il l'avait annoncé, il partit de bonne heure, pour sa partie de jambes en l'air à en croire ses conversations. Il se vantait beaucoup, au bureau, de la multiplication de ses conquêtes féminines. Mais je restais sceptique sur ce point. Ne dit-on pas dans le nord « Grand diseux, petit faiseux ».

D'ailleurs, à peine une heure après, en tournant la tête, j'eus la surprise de le voir en face de moi, tout sourire. Son rendez-vous galant avait été expéditif, semblait-il.

« Tu y es encore », avait-il envoyé.

Mais je sentais vraiment que j'étais dans du coton. Il était donc raisonnable que j'arrête immédiatement tout alcool. Et pour l'instant, j'évitais de me lever.

— Alors où dors-tu ce soir ?

— Je ne sais pas encore, répondis-je en espérant qu'il me propose son canapé.

Malheureusement, il n'en fit rien. Il reposa juste la question à plusieurs reprises, espérant peut-être que je lui demande s'il pouvait m'héberger. Mais j'étais un peu lassée de me prendre des râteaux.

Soit il me proposait, soit je trouverais une autre solution.

Inès et Nicolas voulaient aller manger un morceau et partir. Mais je ne voulais pas quitter la compagnie de Paul, même si remplir mon estomac, m'aurait fait le plus grand bien. Mais mon cerveau était encore dans du coton et la fin de soirée approcha plus vite que prévu. Le patron un peu avant minuit nous demanda de tous sortir, ce qui clôtura notre soirée.

— Alors où vas-tu dormir ? me redemanda-t-il une dernière fois.

— Je n'en sais toujours rien, Paul

— Elisa, me proposa une de mes collègues, j'ai un canapé convertible chez moi, si tu veux.

— Merci, c'est adorable.

— Mais de rien.

— Voilà, j'ai trouvé ma solution.

— Parfait, dit Paul.

Il partit dans une direction et nous dans l'autre. Le froid et la marche me firent du bien et me permirent de dessaouler un peu.

Là confortablement installée dans les draps, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. J'avais envie de tendresse, j'avais besoin de tendresse et surtout celle de Paul.

00 h 30

« Dommage, j'aurais apprécié un hug-friend »

03 h 30

« Je n’arrive pas à dormir »

07 h 30

« Résultat de mon insomnie : le concept de hug-friend pourrait-il être une alternative envisageable ? :) »

« Trop dangereux aussi... »

« Je suis tout à fait capable de respecter un contrat »

« Je n'ai jamais respecté les miens »

« Alors, laisse-toi faire :) »

« Non plus ! »

« Snif »

Avec tout ce qui c'était passé ces derniers jours, je finissais par être complètement décomplexée. Il me plaisait, je lui avais fait comprendre que je le désirais et que je n'attendais que son accord pour lui faire l'amour. Je décidais donc d'y aller franchement.

« Désolé, mais j'adore tellement t'embêter que je ne suis pas prête à lâcher l'affaire. D'ailleurs, c'est quoi ton point faible, à part les décolletés ? »

« Je ne te le dirai pas ! »

« Je vais devoir faire des essais divers et variés ;) »

Mais dans la matinée, Paul vient me rendre un document de travail et son attitude était glaciale. Son regard était sévère, comme s'il était fâché. J'en conclus que j'étais allé trop loin.

« Compris, tu n'as pas envie de jouer ! C'est con, ça me remontait le moral »

« Je n'ai pas dit que je te l'interdisais ☺ »

« Tu avais l'air en colère, ou glaçon, voir iceberg tout à l'heure »

« Je suis surtout fatigué »

« Alors repose-toi bien ! Moi et mes fantasmes irons plonger dans mon lit en rentrant ☺ »

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