Chapitre 28

5 minutes de lecture

Il ne restait plus qu'une semaine avant mes congés de Noël. Paul et moi étions réconciliés, nous étions même plus proches que jamais. Il continuait de se refuser à moi et pourtant, il me donnait l'impression d'aimer notre joute verbale.

J'étais dans un état d'excitation perpétuelle, des pensées impures traversant continuellement mon esprit. J'avais décidé pour ce lundi matin de mettre un chemisier blanc légèrement transparent. Mais je le cachais partiellement derrière un gilet ample que je pouvais, à loisir repasser au-dessus de mon épaule, pour masquer cette insolente transparence. En arrivant donc au bureau, le gilet cachait mon décolleté. Après avoir bu le café, j'écrivais à Paul : « Tu as vu, j'ai caché mon décolleté ce matin ;) »

« Même pas vu »

« Normal, il était caché ;) »

Allé au boulot, même si je manquais un peu de concentration, il fallait bien trouver une occupation avant notre pause de dix-heures. J'avais tout prévu. Je laisserais enfin apparaitre la transparence de mon chemisier en ouvrant un peu mon gilet.

Quel doux bruit que celui d'une cuillère qui touille le sucre et qui annonce la pause-café. J'étais face à Paul, nos regards se croisaient de temps en temps, un léger sourire aux lèvres, pour qu'ensuite son regard vienne, discrètement, caresser mon décolletté. Qu'il était séduisant dans sa chemise légèrement sortie de son pantalon, les mains dans le dos, adossé contre l'armoire, la tête en arrière.

« Tu peux dire que je cherche avec mes décolletés ! Parce que toi avec ta chemise cintrée, défaite et adossé à l'armoire... Tu devrais prendre un peu plus conscience de ton sex-appeal. »

« Là, oui, tu cherches pas mal j'ai l'impression !! ;) »

« Malheureusement, je ne trouve pas »

« C'est tout transparent :) »

« Je sais. Je vais refermer mon gilet si tu veux. »

Au moment de la pause de midi, nous étions tous assis dans le bureau, mon gilet refermé, ne laissant plus apparaître mes formes généreuses. Mais j'avais pris soin de prendre mon portable pour lui envoyer des messages, alors qu'il était juste en face de moi.

« Alors c'est plus décent comme ça ? »

C'était marrant de le voir lire son message, comme-ci de rien n'était. Il écrivait et mon téléphone vibrait.

« Beaucoup trop »

« Jamais content »

« Peut-être veux-tu en voir un peu plus ? »

« C'est comme tu veux »

« Non, ce coup-ci ce sera comme Tu veux »

« Alors, je veux »

Mon corps était brûlant de désir. Il me regardait d'un regard en coin, pendant que mes collègues étaient plongés sur leur téléphone. Ma main négligemment vint entrouvrir mon gilet. Le tissu lourd roula sur mon décolleté pour laisser apparaître cette petite ligne qui se forme entre les seins. Pierre n'en perdait pas une miette. Quand l'un de mes collègues se leva pour aller préparer le café, je cachais de nouveau ma poitrine, alors que Paul me souriait.

« Par ta faute je suis toute énervée ! », dis-je en retournant m'asseoir après avoir bu ma tasse.

« Pourquoi ça ? »

« Tu cherches tout le temps »

Je ne pouvais pas lui laisser le monopole de cette expression.

« Arrête, c'est toi !! Je ne fais rien du tout. »

« Il ne me faut pas grand-chose. Voilà tout :) »

« Moi, je me défoulerais ce soir », dit-il.

« Idem »

La journée terminée, je rentrais chez moi, retrouvé mes filles, qui étaient déjà rentrée de l'école. Peut-être avais-je abusé aujourd'hui, avec mes messages et mon chemisier transparent.

« Sinon, sans déconner, dit le si ça te saoule. Moi ça m'amuse beaucoup et je n'ai plus rien à perdre de toute façon. :) »

« Non, dans l'ensemble, c'est drôle :) »

J'avançais au jour le jour avec un seul but, que le désir de Paul soit plus fort que ses réticences. Il y avait en moi un regret, une angoisse. J'avais laissé passer ma chance trop de fois et si celle-ci ne se représentait plus jamais. Si pour l'éternité, je devais vivre avec mes regrets.

Mais même si j'avais besoin de Paul, je n'étais plus une enfant et je savais qu'il n'avait aucune obligation d'assouvir mon caprice.

Et même si souvent, je relançais la discussion, parfois, c'était Paul qui le faisait.

« Mais c'est quoi alors ton histoire de vendredi soir ? », me demanda-t-il.

J'avais laissé en suspens mon explication sur mes jeux érotique avec Florian, mais il n'avait pas oublié, semblait-il.

« Tu veux dire samedi matin ? »

« Oui, c'est ça »

Peut-être avait-il imaginé que Florian n'était pas l'auteur des fessées.

« Si tu m'offres une bière jeudi, je serai plus causante ! :) », essayai-je.

« Nan ! Raconte-moi »

« Tu peux obtenir tout ce que tu veux de moi, Paul, mais certainement pas par la force :) »

« Tout ce que je veux ?! :) »

« Tu le sais très bien »

Bien évidemment qu'il le savait et il en abusait même parfois.

M'arrachant les cheveux sur une application que Paul avait créée pour le boulot, j'avais besoin de son aide.

— Tu pourrais venir débugger ton application, sinon je vais la passer par la fenêtre.

— Pas de soucis, je te suis.

Je m'assis à mon bureau, il se pencha pour prendre la souris, mais sa main caressa légèrement mon bras, laissant une douce sensation de fraîcheur. En trois clics, le problème était réglé.

— C'est l'avantage d'avoir des doigts de fée. Dit-il.

Mais une fois reparti, j'avais dû recommencer l'opération un nombre incommensurable de fois.

« Apparemment, tes doigts de fée ne marchent qu'une fois, mais c'est déjà ça ! Pour les autres, j'ai dû me débrouiller toute seule ;) »

« Pas de chance ça...

T'aurais pu faire partager sur snap »

Il est vrai que ce n'était pas la première fois qu'il me demandait de partager des instants coquins sur Snap et pourtant même si nous étions amis sur cette application, je ne l'avais jamais utilisé avec lui.

« Ce qui est intime, reste intime, fait fonctionner ton imagination », répondis-je.

« Même pas drôle »

« Surtout, s'ils ont pour vocation de te faire rire ;) »

« Je ne pense pas que ça me ferait rire.

Enfin, ce ne serait pas ce ressenti-là. »

« Seule, c'est bien, à deux, c'est mieux »

Le reste de la semaine, j'avais désespérément essayé de convaincre Paul d'aller boire une bière, mais Paul était têtu et il était impossible de le faire changer d'avis. Le problème, c'est que je ne le savais pas encore et j'avais été trop insistante. Paul avait eu droit à un florilège de lourdeurs, qui voulaient rester drôle, mais qui ne l'étaient clairement pas. Paul ne m'accompagna donc pas pour ce dernier « jeudi festif » de l'année et j'abusais encore de l'alcool et des stupidités verbales.

Pourquoi jusqu'alors, j'avais réussi à maîtriser ce jeu et que subitement, j'étais devenu aussi débile qu'une adolescente.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire toutendouceur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0