Chapitre 34 - 1

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Deux ans plus tard.




Karel faisait face à Serymar, attentif au moindre de ses gestes dans le second sous-sol du château, sous les cachots. Il en était conscient, son maître ne lui ferait aucun cadeau. Avec le temps, il était devenu plus agile, mais avait toujours autant de mal à maîtriser sa magie et manquait encore de précision. Du haut de ses douze ans, son corps commençait à changer, ce qui lui conférait plus d’agilité. Rassuré de pouvoir tout donner sans blesser son Maître, Karel fournissait plus d’efforts dans ses exercices.

Il inspira et disparut instantanément pour reparaître dans le dos du Mage. Un bras le saisit et le poussa à terre. Karel essaya de vite reprendre son souffle. Il devait rester concentré. Les feintes ne fonctionnaient décidément pas. Fronçant le regard, Karel décida de ne pas abandonner. Son maître ne lui laissait pas le choix.

Il se releva et lui fit face. Karel tendit les mains en avant. Une multitude d’armes et d’armures fonça dans le dos de Serymar. Ce dernier les bloqua d’un mouvement de la main comme si de rien n’était, mais Karel comptait précisément sur ce subterfuge pour bouger de sa position. Il se rua sur une lance qui traînait par terre et la jeta dans l’amas de métaux. Karel voulait sonner son maître. Il avait appris que les êtres avec les oreilles pointues avaient une ouïe surdéveloppée. Il espérait immobiliser son maître l’espace d’un instant et de manière successive, au vu ses formidables réflexes.

La lance atteignit les cibles qui retombèrent avec fracas. Le Mage disparut à temps. Karel ne s’affola pas. Il avait appris à connaître le Mage.

Toutefois, Karel était incapable d’anticiper l’apparition de Serymar. Cette fraction de seconde à se questionner lui fut fatale. Serymar reparut juste à côté de lui et le poussa rudement dans le tas de ferraille.

Sonné, Karel jura. Ne jamais se déconcentrer, percevoir la moindre faille. Détecter la moindre inattention. Savoir repérer même la plus petite microseconde pour réagir. Bon sang, mais comment faisait-il pour toujours savoir quoi faire à chaque instant, sans même avoir besoin d’y réfléchir ?

Malgré sa douleur, Karel roula sur le dos et créa un bouclier psychique contre lequel se percuta un objet tranchant. Quand il osa ouvrir les yeux, Karel perçut le regard insatisfait de son maître.

Serymar lui expliqua qu’il prenait trop de temps pour réfléchir. Il lui rappela aussi qu’en situation réelle, en moins de quelques secondes, Karel se serait déjà fait tuer plusieurs fois.

Karel sursauta quand le Mage fondit vers lui. Ce dernier posa une main sur son bouclier pour le réduire à néant. Karel ne put s’empêcher de plaquer ses paumes sur ses tempes, tant la pression psychique fut forte. Il annihila son bouclier.

Il s’attendait à une attaque, mais plus rien ne vint. Karel risqua un regard vers son mentor. D’une main, Serymar lui ordonna de se lever. Karel obéit en se massant le bras. Encore une défaite. Le pire, c’était qu’il savait que le Mage ne se donnait pas à fond. Néanmoins, le Mage lui souligna qu’il avait apprécié sa créativité et que Karel pouvait continuer dans cette voie.

L’Apprenti afficha un léger sourire et sortit de la pièce en compagnie de son Maître. Il accéléra soudain le pas et se positionna face à lui. Karel exécuta quelques signes et finit par pointer un doigt vers Serymar, le regard déterminé et fier.

« Non, Karel. Ne deviens jamais comme moi. Ce n’est pas ce que je désire pour toi. » pensa Serymar, songeur, prenant conscience de ce que Karel devenait en grandissant.

D’une main, levant le pouce et l’auriculaire, il traça une ligne invisible avec.

— « Jamais. »

Karel fut déçu. Il s’entêta. Il lui rétorqua qu’il deviendrait un jour aussi fort que lui, qu’il travaillerait dur pour que son Maître soit fier de lui.

Serymar ne sut quoi répondre. En son for intérieur, il luttait encore contre lui-même. Plus jamais il ne devait se laisser piéger par une quelconque forme d’attachement. Il ne devait pas se laisser distraire par les sourires de Karel. Cette envie, il devait la refouler.

Serymar l’avait appris à ses dépens. De toutes les tortures qu’il connaissait, celle-ci avait été la plus cruelle et la plus douloureuse.

Il congédia Karel d’un simple mouvement de la main. Le jeune concerné lui rendit son geste et disparut dans les escaliers. Serymar se téléporta.




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