Mémoires : quatrième fragment
Il m’invita le vendredi soir suivant. J’acceptais sans trop réfléchir. flattée qu’un homme comme lui, beau et élégant, s’intéresse à une fille comme moi.
Il choisit un restaurant huppé de Montmartre qui possédait une vue imprenable sur Paris. Les mille lumières de la ville rendaient l’instant presque irréel. Voyant l’étincelle de plaisir dans mes yeux, il tourna la tête vers la fenêtre qui captivait mon regard.
- C’est magnifique, n’est-ce pas ?
- Oui, splendide. Je ne suis jamais venu dans un endroit comme celui-ci….
- Je t’en ferais découvrir d’autres. Dit-il en recouvrant ma main, qui reposait sur la table, de la sienne.
Je posais enfin mon regard dans le sien, revenant à l’instant présent, troublée par la tendresse et l’amusement que je pouvais lire dans ses yeux. Je me considérais chanceuse. La roue, avait-elle tournée pour moi ? J’avais un emploi palpitant avec lequel j'arrivais à joindre les deux bouts et un homme intelligent et prévenant s’intéressait à moi. Je me sentais apaisée. Je lui rendis son sourire.
Ce rendez-vous passa comme un rêve, il voulait tout savoir sur moi et je trouvais facile de me dévoiler face à cet homme qui semblait comprendre et prendre pour lui mes angoisses et mes désirs.
À la fin de la soirée, stoppés devant l’immeuble où j’habitais, il tourna la tête vers moi le regard empreint de tristesse et de compassion :
« Une princesse comme toi n’a pas à vivre dans un endroit si sordide. Je vais devoir te sortir de là ».
Je le regardais captivée, serait-il un chevalier servant en armure blanche venu me délivrer ? Cette pensée me décrocha un sourire et je ne le repoussais pas lorsqu’il se pencha pour poser ses lèvres sur les miennes en un baiser léger empreint de douceur. Je soupirais, lui facilitant le passage. Il m’attrapa par la nuque pour me rapprocher encore de lui et savoura ma bouche sensuellement. Personne ne m’avait embrassé comme cela. J’étais très jeune, c’est vrai et j'avais connu quelques garçons avec qui des baisers avaient été échangés. Mais ces baisers-là étaient maladroits, baveux, je n’en avais jamais tiré aucune satisfaction. Son baiser, lui, déclenchait des frissons le long de mon dos, à l’intérieur de mon ventre, il insufflait un plaisir pur. Lorsqu’il s'écarta de ma bouche les yeux toujours dans les miens, je ressentis un sentiment d’abandon et de frustration qui m’étonna moi-même.
- Rentre vite avant que je ne te dévore bébé. dit-il dans un murmure érotique qui me fit rougir.
Je m’exécutais et une fois descendu de la voiture, je tournais la tête pour voir son sourire approbateur.
Annotations
Versions