Chapitre 37
Personne ne dormit cette nuit-là, German aida son frère à coucher Julia, en proie à une crise de nerf. Eva resta debout avec Mme Baxter, veillant sur la petite Louisa. La grand-mère, elle aussi, vivait l'angoisse de la disparition de son petit-fils.
Le lendemain matin lorsque Julia entra dans la cuisine, la douleur marquée sur son visage, crevait le cœur et Eva machinalement mis sa main sur son ventre, ressentant sa peine tout au fond de son être. Mme Baxter la serra dans ses bras, elle s’effondra contre son épaule la voix déchirée « Je veux qu’on me rende mon bébé ».
La police vint de bonne heure, ils ne possédaient pas le moindre indice. Eva décida de monter se doucher pendant que les agents interrogeaient de nouveau Wyatt et Julia.
Dans sa chambre, elle jeta un coup d'œil à son portable qui chargeait sur la table de chevet. Un SMS commençant par « bébé » éveilla son attention. Elle appuya pour ouvrir le SMS du numéro inconnu et tout son sang se glaça, le message avertissait :
« Bébé rejoins moi à 12h au hangar derrière l’église. Seule. Ne dis rien à personne et il n’arrivera rien au petit. »
Le mot ne comportait pas de signature, mais elle ne servirait à rien, elle en connaissait l’auteur. Mon Dieu, c’était sa faute à elle, comme toujours elle entachait de noir tout ceux qu’elle approchait. Elle était un vrai porte-malheur. Julia ne méritait pas ça. Elle devait récupérer le petit Axel. Stéphane Lombard était fou, elle tremblait à l'idée de se retrouver face à lui. Elle tremblait de ce qu'il pouvait faire. Mais il retenait le petit, elle était piégée. Il le savait. Comme toujours, il arrivait à ses fins. Il ne reculait devant rien, n'avait aucun scrupule.
L'heure fatidique arrivant, elle sortit sans rien dire, personne ne faisait attention à elle. Wyatt et German accompagnaient la police sur la plage, Julia s'occupait de la petite Louisa d'un regard absent et Mme Baxter ne semblait pas dans les environs.
Arrivée dans le hangar, l'estomac noué, elle scanna du regard le lieu. Le petit Axel, assis sur un matelas, bondit et se jeta dans ses bras. Elle le serra fort et le rassura de douces paroles, prudente. Stéphane l’observait, encadré de ses sbires. Un sourire fourbe étiré sur son visage. Ses yeux d’acier qui la clouaient sur place, la prévenaient d'un « tu vois, je gagne toujours ». Elle se releva gardant Axel serrée contre sa jambe qu’il entourait de ses bras.
« Laisse-moi le ramener à sa mère. Elle essayait de ne pas faire trembler sa voix.
Il rit, les lèvres pincées, d’un rire froid, sans joie, remuant la tête en signe de dénégation :
- Oh bébé, tu crois vraiment que je vais te laisser partir maintenant que tu es venu à moi de ton plein grès.
Puis il se tourna vers l’un de ses molosses.
- Laurent va le ramener, du moins le déposer à proximité. Le mioche ne m’intéresse pas.
Le Laurent en question s’approcha d’Axel qui serra plus fort Eva. Alors elle se baissa, l’embrassa sur le front :
- Le monsieur va te ramener à ta maman mon grand. Il ne faut pas avoir peur. D’accord. "
Le petit garçon la regarda avec ses grands yeux noirs effrayés, mais hocha la tête pour dire oui.
Eva se demanda si son enfant ressemblerait à ce petit garçon. Aurait-il les yeux de son père ou les siens ? Alors elle comprit qu’elle voulait ce bébé. L’enfant de German, elle voulait le sentir bouger en elle, elle voulait pouvoir l’annoncer à German. Pourtant, l’homme devant elle, terrifiant, représentait un obstacle à ce bonheur balbutiant.
Axel monta dans la voiture noire. Alors elle se tourna vers Stéphane qui s’approcha et l’attrapa par le coude pour la traîner dans une petite pièce au fond du hangar dont il ferma la porte derrière lui.
Lorsqu’un policier ramena Axel à la maison, Julia l’arracha presque des mains de l’agent de police et le serra, l’embrassa jusqu’à l’étouffer. Puis, l’enfant fut interrogé. Il expliqua avec ses mots qu’un grand monsieur l’avait pris hier soir alors qu’il jouait avec les autres enfants, qu’il avait dormi sur un matelas par terre, qu'Eva était venue le délivrer ce matin et que le méchant monsieur aux yeux bleus ne voulait pas la laisser partir. German eut un frison d’effroi et il demanda un peu durement à Axel à quoi ressemblait le monsieur. Axel ne sut que répondre, mais précisa, confortant German dans l’horrible doute qui s'immisçait en lui, que le méchant monsieur ne parlait pas anglais.
Le policier demanda alors si German, qui avait juré grossièrement, connaissait cet homme :
" Oui, je mettrais ma main à couper qu’il s’agit de Stéphane Lombard. "
Alors il raconta ce qu’il savait, que Stéphane était un ancien petit ami d’Eva, qu’il avait lui-même fait les frais de son obsession maladive pour Eva. La police se mit donc en quête.
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