" Bébé, tu sais que cela me met très, très, très en colère que tu touches ou même regarde un autre homme. "

En disant cela, il enroula ses cheveux dans son poing et lui tira la tête en arrière. Eva tremblait. Elle essayait de contrôler le fil de ses pensées pour ne pas sombrer dans la prostration de la peur. Cet homme était capable du pire.

"Je vais devoir te punir bébé, tu le sais, et après, tu devras être très gentille pour te faire pardonner." Dit-il d’une voix mielleuse, caressant son bras du dos de la main.

Un sentiment de dégoût remonta dans la bouche d’Eva qui eut un sursaut de courage et lui donna un coup de genoux dans l’entrejambe aussi fort que possible. Profitant de sa surprise, elle voulut attraper la poignée de la porte, mais il se remis plus vite qu’elle ne l’aurait pensé et l'empoigna par les cheveux, la renversant sur le sol. Il se jeta sur elle, l'œil fou, il fit pleuvoir une pluie de gifles sur son visage puis se relevant, il lui donna un coup de pied dans le ventre, l’insultant de putain. Eva n’était plus que douleur et gémissement. Du sang coulait de son nez, perlant sur le bord de ses lèvres. Il était toujours le détraqué qu'il avait été. Dix ans n'avaient pas suffi à le poser. Il se pencha sur elle, la forçant à le regarder en l'agrippant par les cheveux :

" Quand comprendras-tu que tu m'appartiens ? J'ai tout fait pour toi, tu le sais. "

Il prononça les mots en serrant son cou plus fort, la ramenant à des souvenirs dérangeants, oppressants. Puis, il relâcha la pression, se remettant debout.

Il ouvrit la porte et demanda à ses chiens de garde de la ramasser et de la mettre dans la voiture, direction l’aéroport. Dans sa semi-conscience, Eva réalisa avec effroi qu’il comptait l’amener avec lui, en France. Il l’assit à côté de lui sur les sièges arrière et lui ligota les mains dans son dos. Eva était complètement dévastée à l’intérieur, il la kidnappait, mais jamais elle ne supporterait de revivre le cauchemar qu’elle avait vécu avec lui, pas une deuxième fois. Elle préférait mourir.

Sur le chemin de l’aéroport, assise à côté de lui, Eva regardait défiler le paysage à vive allure. Leur chauffeur allait bien trop vite. Stéphane, se taisait, les yeux rivés sur son téléphone. Eva s'aperçut qu'ils roulaient de plus en plus vite. La route paraissait presque déserte et le chauffeur doublait le peu de voiture qu'il croisait. Stéphane lui demanda, ou plutôt lui ordonna sèchement de lui donner un chargeur qui se trouvait dans la boîte à gants. Le molosse se pencha pour attraper l'objet. Dans son inattention, déborda sur le côté gauche. L'information arriva cinq secondes trop tard à son cerveau. La voiture percuta un camion qui arrivait en face.

La voiture se souleva du sol sous l'impact. Eva, que personne n'avait pris la peine d'attacher, traversa l'habitacle pour venir percuter le tableau de bord, où les airbags formaient une barrière protectrice. Eva ne comprit pas ce qui lui arrivait, elle sombra dans le noir, un liquide chaud coulant entre ses jambes.
Elle oscillait entre rêve et réalité, des visages se penchaient sur elle, des voix bourdonnaient dans ses oreilles. Le son des sirènes se rapprochait, elle se sentit soulevée. Quelqu'un lui parlait, mais elle ne comprenait pas les mots. Elle essaya de bouger, sans succès. Une douleur lancinante dans le bas-ventre déforma son visage. Puis l'obscurité la ravala.

La police appela les Baxter, une femme répondant à la description d'Eva avait été transportée à l'hôpital. German se rendit sur les lieux où on lui confirma l'identité. Pour le moment, Eva était au bloc, il ne pouvait qu'attendre.