VII

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La foule attendait avec enthousiasme ce qui allait jaillir du plafond. Les esprits contenaient des images de créatures toutes plus repoussantes les unes que les autres. Mais nous avions créé quelque chose qu’ils ne pourraient stopper. Le tir de Naguini avait éveillé la bête tapie dans le plafond du plateau. Personne n’avait eu le courage de l’en déloger. Et pour cause, il fallait fournir des efforts surhumains pour y parvenir. D’autant qu’elle revenait régulièrement sur son territoire. Aucune arme n’était en mesure de la vaincre définitivement. On ne pouvait que la tenir à l’écart pendant quelques jours. Mais plus on attendait, plus elle prenait de l’ampleur. Elle s’appropriait tous les biens et toutes les surfaces. Elle les couvrait sinueusement de son vaste corps. Une fois installée, elle se jetait sur vous au moindre souffle. Au sein de ce plafond, elle était devenue gigantesque au fil du temps.

Après un instant de flottement, jaillit du trou une chose difforme au corps flou, vaguement tintée de gris. En un instant, elle absorba Naguini et les candidats dans ses entrailles, qui ne purent que donner d’inutiles coups d’épée et de poignard. Son corps insaisissable pénétra par leur nez, attaquant leurs poumons. Ils toussèrent à n’en plus finir. Pendant ce temps, la créature continuait de se répandre promptement sur la scène. Elle atteignit les muqueuses des musiciens et des premières lignes du public. Ils essayèrent eux aussi de frapper la chose, mais ne purent qu’imiter le présentateur et les candidats. La créature devint de plus en plus indistincte au fil de son avancée. Elle finit par se dissiper complètement. Tous ceux qui avaient été absorbés par le monstre arrêtèrent de tousser. Ainsi s’acheva la bataille épique d’une armée de métalleux face au terrifiant : nuage de poussière !

Ils attendirent encore un moment, espérant qu’autre chose viendrait. Mais il n’y eut rien. L’ennui et l’inaction étaient la pire chose que l’on pouvait apporter à ces brutes avides de sang. Ce qu’ils ignoraient, c’est qu’une petite vengeance avait été imaginée par les créateurs de l’histoire, pour ce tir non réglementaire. Ils le découvriraient un peu plus tard.

« Bon c’est pas grave, les rassura Naguini. On va se consoler avec ce qui va suivre. Vivian, que choisis-tu ? »

Le maestro réfléchit quelques instants. Il finit par dire calmement en tenant plus fermement son épée :

« Je vais prendre Spoilt Vampire.

— Parfait ! Est-ce que Vivian va rattraper son retard ? Va t’ont subir les assauts d’une armée de vampires qui va exterminer une bonne moitié de la salle ? Nous allons tout de suite le savoir avec Viiiviannn ! »

Vivian utilisa son chant clair et passait à la voix gutturale lors du refrain. Il chantait comme habité par le démon de la musique. Il ne dansait pas, mais avait une vraie présence sur scène. Son chant passait de notes douces et apaisantes, à des airs plus puissants, d’une agréable férocité. Pendant ce temps, une nuée de chauves-souris s’échappa du pentacle fumant. Avec ces créatures ajoutées à la prestation de Vivian, le public était chargé en énergie. Ils émettaient une quantité astronomique de cris et sous l’effet de forces inexplicables, entraient en collision lors de gigantesques pogos.

Les chiroptères se séparèrent et partirent un peu partout dans la pièce. Chacun regardait autour de soi tout en continuant de s’amuser. Julia tirait sur toutes celles qu’elles voyaient, protégeant ainsi Vivian et le public. Ces derniers accueillirent les créatures à grands coups de battes et autres armes blanches. Mais certaines parvenaient à se poser sur l’épaule de leurs victimes. Elles accrochaient leurs pattes autour de la gorge et approchaient leurs bouches de l'oreille de leurs hôtes. La victime se mettait à hurler d’une douleur inimaginable. Les vampires leur infligeaient une tristesse des plus affreuses. Certains pleuraient, d’autres tombaient à genou, effondrés par les paroles des chiroptères.

L’une d’elles vola derrière Vivian et prit sa forme humaine. Il se rapprocha lentement du maestro, qui ne regardait pas dans son dos. Après quelques pas, il réalisa un bon immense qui l’envoya directement sur les épaules de Vivian. Il lui murmura quelque chose avant que le colosse ne puisse agir. Son visage se changea en marbre. De sa face figée coulaient des torrents de larmes. Son chant cependant, se poursuivait, empreint d’une soudaine mélancolie. Le vampire se changea en chauve-souris pour repartir, mais Vivian le coupa en deux d’un coup vertical.

À la fin de la musique, tous les vampires avaient été tués. Vivian tomba à genou, pleurant et sanglotant de tout son soul. Sa tristesse trouva écho dans le public. Beaucoup imitèrent le candidat. Julia observa le maestro, l’air sincèrement inquiète.

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