Louise Deubeulvé, neuro-ostéopathe à l'institut suisse du handicap mental est une spécialiste des crampes intellectuelles comme elle aime le dire. Elle dirige une section de recherche toute nouvelle qui vise modestement à réparer la strucutre fondamentale de la zone de la mémoire. Elle voit tous les jours défiler dans son cabinet des patients à peine conscients de la gravité de leur état. " Les premiers symptômes physiques, dit-elle, ceux qu'on remarque immédiatement sont la bosse dans le cou, les yeux chassieux, la tendinite du pouce, souvent les articulations crispées et la lèvre inférieure baveuse et pendante. "
On ose une petite blague : " On imagine les salles d'attente de l'institut où croulent des zombies numériques, hurlant la mort et griffant les murs faute de réseau ou de débit suffisant. " Mais cela fait moyennement rire la Professeure Deubeulvé. " C'est grave, vous savez. Il y a des gens qui ne jurent que par BFMTv, TikTok etc. réclamant leur dose chaque soir, constate-t-elle navrée. Et ça commence très jeune. "

Et c'est vrai. La pile de dossiers qui s'accumulent sur son bureau en témoigne. En outre, les chiffres du Ministère de la Santé sont alarmants. Et puis, " la trace laissée dans la mémoire par le baratin est parfois bien trop profonde, assure-t-elle, pour qu'on puisse faire quelque chose. Chez nous, on appelle ça " une lésion de la rétention mnésique ". C'est comme si nos filtres mentaux, nos parefeux intellectuels ne fonctionnaient plus, comme s'ils ne se mettaient qu'à retenir les bouses du Web " selon son expression.