Première Partie
Il y a fort longtemps, à l'époque où notre monde n'était pas encore si étroit d'esprit qu'il l'est à présent , les humains n'étaient pas les seules créatures à vivre à la surface de la terre. Je dis : « à la surface » car , bien sûr, les océans et les souterrains étaient également habités. Mais ceci sera le sujet d'une autre histoire. Le présent récit narre les aventures d'un très petit peuple, étrange et passionnant, mystérieux et bienveillant.
Ces créatures se nommaient les Bommerayns. Ces petits êtres vivaient dans les branches d'un très grand arbre, disparu de nos jours. En effet, cette espèce d'arbre ne pouvait survivre que grâce à l'imagination et aux rêves, devenus extrêmement insuffisants au fil du temps, pour la simple et bonne raison que les humains ont cessé de croire et d'accorder de l'importance à leurs rêves. Mais revenons à notre histoire.
Les Bommerayns, donc, vivaient dans ce majestueux arbre, dont le nom nous est inconnu. C'était de très petites créatures, à la peau verdâtre et dont les cheveux avaient la couleur de l'écorce. Leurs yeux avaient une couleur très claire, penchant entre le bleu ciel et le vert. Ils s'apparenteraient sans doute aux lutins qui peuplent nos contes actuels. Et, en effet, tous deux était très semblables.
Ces petites créatures vivaient en harmonie avec les autres êtres du monde. Les Bommerayns protégeaient leur arbre et la clairière où il était planté, sans nuire à personne. Comme leur arbre, les Bommerayns dépendaient des rêves et de l'imagination d'autrui. Tant que l'on continuait de croire en eux et aux autres créatures, tant que l'on continuait de rêver, les Bommerayns continuaient d'exister.
Or, il arriva qu'un jour l'évolution du monde remit en cause l'existence du merveilleux. L'humain n'avait plus de temps à accorder aux rêves et à la magie, et l'on rejeta le spirituel au profit du matériel. De moins en moins nombreuses étaient les personnes qui croyaient au petit peuple ou aux autres créatures fantastiques. Certaines des ces créatures s'en accommodèrent très bien, d'autres durent se cacher. D'autres encore durent quitter leur maison et chercher un endroit où ils pourraient vivre sans être inquiétés des hommes. C'est ce qui arriva aux Bommerayns.
Le grand arbre de la clairière tomba malade: il perdit progressivement ses feuilles, perdit de son éclat et mourut. Les Bommerayns n'eurent d'autres choix que de quitter leur clairière adorée et de partir en quête d'un nouveau foyer.
Certains se demanderont sûrement comment se fait-il que les Bommerayns n'aient pas connu le même sort que leur arbre. En fait, ils l'ont connu, mais à plus petite échelle. Si l'imagination et les rêves n'étaient plus suffisants pour maintenir l'arbre en vie, ils l'étaient assez pour empêcher le petit peuple de disparaître entièrement. Cependant, ils connurent de lourdes pertes. De nombreux Bommerayns parmi les plus âgés n'étaient pas assez fort pour supporter ce départ si soudain et ils rendirent l'âme, en même temps que le grand arbre. Les Bommerayns rendirent hommage à leurs disparus et dirent adieu à leur chère clairière.
C'est le cœur lourd et la tête remplie de questions qu'ils commencèrent leur périlleux voyage.
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