Mauvais pressentiment
Quand j'arrivais à sa hauteur, il m'attira vers lui et me fit un bisou sur le front. Je m'installais sur le siège passager et il démarra la voiture en direction de mon lieu de travail.
-Tu es obligé d'aller travailler aujourd'hui ? me demanda Ali
-Oui pourquoi ?
- Non rien.... dit il en hésitant
Lui, il avait une idée derriere la tête...
- Et si tu appelais ton patron pour lui dire que tu ne peux pas venir à cause d'un cours de dernière minute à rattraper?
Ah voila nous y sommes!
-Non Ali faut que j'aille bosser c'est important !
-S'il te plaît Hayati, j'ai envie de passer la journée avec toi...Tu me manques ! ajouta-t-il en me regardant avec un sourire charmeur
COMMENT POURRAIS-JE NE PAS CÉDER QUAND IL M'APPELLAIT HAYATI!!!
J'appelais mon patron pour l'avertir de mon absence. On changea d'itinéraire, direction le parc de la patte d'oie à Gonesse, notre « spot préféré ».
On passa la journée assis dans l'herbe à discuter et surtout à rigoler . Nous étions complètement coupés du monde, nos téléphones sur silencieux ( régle d'or quand nous passions du temps ensemble ). A deux nous refaisions le monde. Nous n'avions pas besoin de plus pour passer une journée magnifique. Juste un peu de lui et un peu de moi. L'amour et la complicité se chargeaient du reste.
Je me suis toujours demandée combien de temps durait l'amour des premiers instants. Je n'ai jamais su répondre à cette question... Tout ce que je sais, c'est qu'il peut durer jusqu'à 6 ans.
La journée se termina dans un kebab à Sarcelles où nous étions des habitués. Le soir, il me déposa à deux rues de chez moi . Nous prenions ces précautions pour éviter que mon père, mon frère ou encore un des habitants de mon quartier ne me voient. Il paraît qu'une fille « respectable » en âge de se marier ne peut se permettre de se faire raccompagner par des hommes. Si les voisins étaient témoins d'une telle action, cela porterait atteinte à ma réputation mais également à celle de ma famille particulièrement celle de mon père et de mon frére.
Je rentrais m'occuper du dîner en attendant que ma mère revienne du travail. Elle était réceptionniste dans un hôtel au coeur de paris et finissait son shift à 21 heures . Mon père quant à lui était magasinier dans un des Duty Free de l'aéroport. Il travaillait de nuit et rentrait au petit matin. Il vivait depuis très longtemps dans la cité et en connaissait presque toutes les familles. D'où son obsession pour que ses enfants marchent droit. Pour mon père, l'honneur primait sur tout le reste et il fallait le préserver coûte que coûte.
Ce soir là , ma mère rentrait du travail la mine déconfite , les traits tirés. Cela contrastait avec la candeur et la jovialité dont elle faisait preuve à son habitude. Elle entra dans la cuisine et sans un regard pour nous, elle dit à mon père :
-Il y'a un problème, il faut que je te parles.
Bien que ces mots ne me soient pas destinés, je ressentis une sensation désagréable en les entendant ...Mon coeur se mit à battre trés fort , je le sentais cogner contre ma poitrine.
Cela faisait maintenant une bonne dizaine de minutes que mes parents s'étaient éclipsés dans la chambre. Pourquoi ma mère avait l'air si contrariée en rentrant du travail ? Elle n'avait même pas pris la peine de poser son sac avant de « convoquer » mon père. Avait elle noter ma présence ? Celle de mes soeurs ?
Je décidais de nettoyer la cuisine pour faire taire mon esprit qui était en ébullition. Je n'étais pas sereine et j'avais un mauvais pressentiment. Cela faisait maintenant 1 mois que ma mère se plaignait des problèmes qu'elle rencontrait au travail à cause de son patron. Ce dernier lui menait la vie dure. A en croire ses dires, il la trouvait beaucoup trop âgée pour être à la réception et essayait de la pousser vers la porte de sortie. Si ma mère venait à perdre son emploi, la situation deviendrait encore plus précaire pour ma famille...
Mes parents étaient toujours en pleine conversation quand soudainement la porte de l'appartement s'ouvrit violemment laissant apparaître mon grand frère Elijah. « ELLE EST OU ? » lança-t-il en entrant en trombe dans la cuisine. Il avait un regard terrifiant et avançait vers moi . Il m'agrippa par le bras et me projeta en avant. Sous l'effet de la surprise je trébuchais et heurtais violemment le mur. Le choc était brutale mais ma surprise était encore plus grande.
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