Bonus

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Information: Ceci n'est pas un chapitre mais un passage bonus. C'est la scène du pain perdu !

Cette scène se déroule pendant le chapitre 17 (Kayden se réveille après avoir été attaqué dans les jardins du château). 

Disons que c'est un petit bonus pour vous faire patienter en attendant le chapitre 48.

Bonne lecture ;) 

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Tout le reste de la journée, Lyra fut radieuse. Elle marchait joyeusement dans les jardins du château, discutant avec les domestiques et leur informant du rétablissement du Renard doré. Elle passa également rendre visite à Stardust. La jument ne semblait pas comprendre l’enthousiasme de l’humaine qui lui faisait face mais au moins, elle lui donnait du sucre. En fin d’après-midi, elle prit le thé avec Madeleine. La domestique lui expliqua que Thelma avait fait préparer deux calèches pour la ramener. Lyra n’en voyait pas l'utilité, mais elle se tut. Sans doute y avait-il une bonne raison. Elle ne tarderait pas à le savoir.

La soirée ressembla à tous les autres soirs. Madeleine lui apporta son repas dans la chambre. Elle se lava, se prépara pour la nuit. Les deux amies jouèrent à un jeu de cartes que Lyra avait emprunté à Landry puis elle alla se coucher.

Le repas avait été léger. Une soupe de châtaigne, des noix et en dessert du fromage et des nèfles. Les heures étaient passées. Le croissant de la lune souriait aux étoiles et aux somnambules. Et Lyra avait faim. Elle voulait manger du gras et du sucre. Une envie irrésistible. Encore plus irrésistible que de dormir dans ses draps de soie.

Alors, elle se leva, attrapa une couverture en laine qu’elle plaça sur ses épaules et sortit en direction des cuisines. Lyra adorait se promener la nuit. C’était une autre vision du monde. Plus sombre, plus énigmatique, plus mystérieuse. Et les galeries désertes d’un château étaient le décor parfait pour une bonne histoire de fantôme. Elle s’imagina être une chasseuse de fantômes à la recherche de l’esprit d’un roi que l’on aurait décapité pour s’être adonné à la magie noire.

Mais l’imagination est parfois trop fertile. Plus son histoire se construisait dans sa tête et plus elle entendait des complaintes inquiétantes dans le grincement du bois, des frôlements dans les courants d’airs, des œillades malveillantes dans les yeux inexpressifs des tableaux.

Elle arriva finalement, peu rassurée, dans les cuisines. Deux domestiques d’un jeune âge astiquaient des casseroles de cuivres. Le plus surprenant n’était pas qu’ils étaient faits de chair et de sang, bien évidemment, mais que tous deux avaient exactement le même visage. C’était la première fois que Lyra rencontrait des jumeaux.

— On peut vous aider ? demanda l’adolescent de droite.

— Je venais juste chercher quelque chose à manger.

— Trop tard, renchérit son reflet. On a fini notre journée.

D’un mouvement sec, son frère le frappa derrière la tête. Voilà qu’il se faisait sermonner.

— Ne vous inquiétez pas, je ne pensais pas qu’il y aurait quelqu’un d’autre. Je comptais me servir moi-même, argumenta Lyra pour faire cesser les réprimandes.

Les jumeaux se lancèrent un regard, haussèrent les épaules en même temps et rangèrent les casseroles.

— Très bien, faites comme vous voulez.

Puis ils quittèrent la pièce. De dos, Lyra remarqua que l’un était légèrement plus petit que l’autre.

— Merci, conclut-elle plus pour elle-même, étant seule de nouveau.

Elle analysa ce qu’elle pouvait se permettre de manger. Pas qu’elle refuserait un bon morceau de cochon, mais pas sûr que les cuisiniers seraient ravis de voir disparaître une telle pièce de viande.

En cherchant dans les sacs et les placards, elle en sortit trois épaisses tranches de pain, du sucre, des œufs, du beurre et du lait de vache. Exactement ce qu’elle cherchait. Parfait !

Elle mit la main à la pâte, emprunta un large bol en bois et y mélangea les œufs, le sucre et le lait. Ensuite, elle y trempa les tranches de pain.

Au moment de faire cuire le tout, le grincement de la porte la fit sursauter. Un frisson glacé parcourut son échine, remonta son cou et picota ses joues. C’est le fantôme…

Une tête rousse passa à travers l’embrasure.

— Bonsoir, y a-t-il quelqu’un ?

Lyra souffla bruyamment. Ce n’était que le Renard.

— Vous m’avez fait peur, accusa-t-elle, sa cuillère en bois pour seule arme.

— Qu’est-ce que vous faites ici si tard ?

— J’avais faim et vous ?

— Moi aussi.

Le chef de la garde n’avait pas encore osé franchir le seuil en pierre. Il attendait vraisemblablement un signe de Lyra. Ce qu’elle fit, par un geste silencieux de la main. Elle lui indiqua la table et sans sourciller, il s’installa sur le banc en bois. Une succulente odeur de beurre et de sucre embauma l’intérieur de son masque, ce qui déclencha un gargouillement retentissant.

— Tenez, proposa Lyra en tendant une assiette au chef de la garde.Vous devez être affamé après cinq jours à vous nourrir exclusivement des soupes de Landry.

Il la remercia d’un hochement de tête. Du pain mou dans une assiette, c’est vraiment ça qu’elle lui servait ? Elle lui présenta également une fourchette. Et sans attendre un remerciement, elle croqua goulûment dans sa propre tartine. Son grognement de satisfaction semblait montrer qu’elle était fière de son encas. Elle allait entamer la dernière demie-tranche quand elle remarqua qu’il n’avait toujours pas touché à son assiette.

— Allez-y, ne soyez pas timide, le taquina Lyra.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Du pain perdu. Vous n’en avez jamais mangé ? Marie nous en prépare souvent les jours de pluie, elle est un peu comme de la famille, expliqua-t-elle. C’est un dessert très réconfortant, vous allez voir.

Intrigué, le Renard doré ôta son masque et à la place s’empara du plat encore chaud. Il piqua un gros morceau et l’enfourna dans sa bouche d’un coup. Dès qu’il toucha sa langue, le pain enrobé de lait et de sucre fondit instantanément, répandant une sensation de douceur dans tout son corps. Jamais encore il n’avait goûté un mets aussi tendre et moelleux, à tel point qu’il en fermait les yeux d’aise. Elle avait raison, c’était réconfortant.

Devant tant de gourmandise, Lyra laissa échapper un rire. Il était mignon attablé ainsi, dévorant son pain perdu, fourchette en avant.

— J’ai l’impression que ça vous plait.

— Je n’ai jamais rien mangé d’aussi…doux, termina-t-il, des étoiles pétillantes de sucre dans les yeux. Pourquoi n’en n’ai-je jamais eu auparavant ?

— J’imagine que c’est parce qu'on ne propose pas les recettes des petites gens à la cour de Silverthrown.

Il ne renchérit pas. À la place, il dévora jusqu’à la dernière miette ses tranches de pain.

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