Frères d'arme

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Je me rapelle la première fois que je les avais rencontrés. Je ne les avais jamais connus auparavant. Tout comme moi, ils avaient vécu dans des cités un peu partout sur cette planète, mais bien loin d'Ekbow. Leurs vies avaient été anéanties par la colonisation d'Ekbow qui avait réduit à néant les endroits où ils avaient grandi.

Ekbow opérait toujours de la même manière. Ses dirigeants envoyaient des soldats au front pour conquérir de nouveaux territoires, ne prenant ainsi aucun risque de s'exposer eux-mêmes, leurs vies étant bien trop précieuses pour cela. Au départ, ils proposaient toujours un soi-disant accord de paix qui était en réalité une véritable annexion en faveur de la Cité dorée. Dans tous les cas, la conclusion était malheureusement la même. Certains peuples, en minorité, abdiquaient d'office face à la puissance militaire et technologique déployée par Ekbow, réalistes face aux chances qu'ils avaient de s'en sortir et préférant ainsi limiter les pertes humaines. Mais dans ce cas-là, Ekbow était sans pitié : ils rasaient les villes et villages environnants, contraignaient les hommes et parfois certaines femmes à devenir eux-mêmes soldats dans leurs rangs, et réduisaient les autres en esclavage. Ces derniers devenaient tantôt des objets de spectacle combattant dans des arènes , tantôt de simples serviteurs de maison pour d'autres, ou encore, d'après ce que les rumeurs propageaient, objets de désir pour les plus riches tordus de la cité. On ne savait pas vraiment ce qui arrivait à ces esclaves que l'on ne voyait plus et on ne pouvait qu'imaginer le pire. Ce qui était sûr, c'est que les personnes âgées étaient toujours supprimées, considérées comme un fardeau inutile, sans parler des malades qui étaient brûlés vifs.

Dans ce contexte de cauchemar où la cité d'Ekbow faisait régner la terreur depuis des décennies, j'étais devenu l'un de ses hommes de main, l'une de ses meilleurs machines de guerre. Mais je n'étais pas le seul. Nous étions des milliers. Sûrement bien plus que je ne pouvais l'imaginer. C'est pourquoi je savais à quel point Talyssa n'avait aucune chance de s'en sortir, et ce malgré toutes les forces employées jusqu'ici. Il n'y avait qu'un seul moyen pour ses habitants de s'en sortir... fuir. Mais je sais que cette idée ne plairait pas.

Je regardais Lenny, Beck et Tom qui ne faisaient désormais plus du tout attention à Ayden puisqu'ils me fixaient avec un air interloqué, comme s'ils avaient vu un fantôme. De toute évidence, ils ne s'attendaient pas à me voir en vie, ce qui me surprit. Pourquoi étaient-ils arrivés jusqu'ici et s'étaient pris la peine d'infiltrer la cité minière si ce n'était pour venir me chercher ? Ils avaient bien dû me tracer.

Pendant que je réfléchissais, je me remémorais la première fois que je les avais vus. On ne pouvait pas louper Lenny, le géant des montagnes du haut de ses deux mètres. Ce n'était pas une image. Il avait grandi parmi un peuple nomade qui vivait en totale communion avec la nature dans les sommets enneigés. Il y avait pendant longtemps vécu en paix, avec sa famille, ses amis, son peuple, voyageant à travers le monde à pied au fil des saisons. Ils n'avaient jamais un endroit fixe. Nous ne connaissions pas le vrai nom de Lenny, c'était un surnom que nous lui avions donné car il ne se rappelait pas lui-même de comment il s'appelait autrefois. Il ne restait en lui que des souvenirs flous d'une époque révolue où il avait été heureux. Un peu comme moi, d'une certaine manière, avant que je n'apprenne une autre version de la réalité. Depuis, Lenny n'avait fait que broyer du noir. Je ne me rappelle pas l'avoir vu sourire un jour. Son esprit s'était embrumé depuis longtemps, sûrement entâché par de sombres souvenirs du passé.

Beck, lui, avait un passé similaire au mien, dans le sens où il avait grandi dans les bas fonds d'une grande cité. Il n'avait plus de parents mais s'était toujours battu pour la seule raison qui le poussait à vivre : sa petite sœur. Tous deux avaient été abandonnés quand ils n'étaient encore que des enfants alors que leurs parents s'étaient fait arrêter et emmener on sait où et qu'ils n'avaient jamais réapparu depuis. Contraint de survivre pour ne pas mourir, Beck s'était toujours démené pour sa sœur en ramenant le peu d'argent qu'il pouvait en enchaînant divers petits boulots à droite à gauche. Mais comme il avait pu que ça ne rapportait rien de se démener dans ce monde où ceux qui étaient pauvres finissaient par mourir dans l'indifférence totale, il avait alors décidé d'employer les grands moyens. Il ne laisserait pas sa sœur dépérir. C'est pourquoi il s'était mis à vendre de la drogue au plus offrant, attirant toujours des plus gros poissons dans ses filets pour ramener des sommes toujours plus grandes à la maison. Ses affaires allaient bon train jusqu'à l'arrivée des soldats d'Ekbow bien évidemment. Lui s'était fait capturer et sa sœur s'était fait enlever. Il ne l'avait jamais revue. Mais il comptait bien la retrouver car cette idée de l'avoir abandonnée à son tour hantait ses jours et ses nuits.

Enfin, il y avait Tom. Ses yeux perçants me regardaient avec obstination, se demandant sûrement quelle tournure allait prendre la situation et qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire maintenant. Cet homme à la barbe noire bien taillée et aux cheveux longs plaqués vers l'arrière était autrefois mon meilleur ami. Nous avions combattu l'ennemi ensemble, livré des guerres partout à travers le globe. Dans cet enfer, nous étions là tous les deux, liés par un même sort. Nous nous étions toujours entre-aidés sur le champ de bataille et étions devenus comme des frères au fil du temps. Nous nous racontions tout et rêvions d'une même chose : partir loin d'ici. Quand je désirais partir retrouver Lyana, lui, souhaitait simplement retrouver sa femme et son fils qui venait de naître et qu'il avait à peine eu le temps de tenir dans ses bras. Cette simple pensée faisait apparaître un sourire mélancolique sur son visage d'homme ayant vu et subi les horreurs de la guerre.

Durant les nombreuses batailles livrées, aucun de nous n'en était ressorti indemne, puisque on n'était jamais préparé aux horreurs de la guerre, au sang qui coulait à flôt, aux boucheries en tous genres que l'on pouvait voir sur un champ de bataille. Nous-mêmes étions aveuglés par tout ce que nous pouvions faire. Et ême si ce n'était pas notre guerre, nous étions quand même des soldats voués à en tuer d'autres par centaines, par milliers. Et dans tout cela, Tom y avait laissé littéralement son bras droit.

Un jour, alors que nous étions dans une position plus que délicate et que l'ennemi nous encerclait de part et d'autre, je m'étais retrouvé bloqué dans la boue, ne parvenant plus à m'en échapper. Un soldat se tenait face à moi et n'avait plus qu'à me coller une balle dans la tête, mais Tom avait surgi de nulle part, hurlant à la mort et l'avait tué d'un coup sec dans la gorge. Il s'apprêtait à m'aider pour me sortir de là mais quelques secondes d'inattention avait suffi au soldat ennemi tombé à terre pour décocher une unique balle qui était venu se loger dans le bras droit de Tom, qu'ils avaient dû ensuite amputer et remplacer par un bras bionique. Ce jour-là, je devais ma vie à Tom et je n'avais pas été loin de le perdre si le soldat avait été meilleur tireur dans ses derniers instants de vie. C'est pourquoi je le considérais plus que quiconque comme un frère.

Mais, j'avais oublié quelqu'un dans ma liste. Et il n'était pas étonnant que ce soit elle qui m'ait surprise. Sara. La guerrière des îles aux yeux jaune, tel un félin, à la chevelure noire et à la peau mate. Elle était d'une beauté indescriptible et avait toujours été la plus corriace et la plus redoutable d'entre tous. Sa beauté ne la rendait pas fragile pour autant, loin de là. Tous les hommes du groupe étaient amoureux d'elle et elle le savait bien. Sara et moi avions été assez proches par le passé, de telle sorte qu'une relation s'était tissée entre nous. Je me rappelle la jalousie dans le regard de Lenny et de Beck quand ils l'avaient appris et qu'ils avaient vu Sara m'embrasser devant eux. Je pense qu'à cet instant, ils m'auraient bien collé une droite s'ils avaient pu.

Sara était un peu comme une Amazone. Elle avait grandi dans des îles paradisiaques où hommes et femmes vivaient en paix. Sauf que les rôles étaient inversés là-bas. C'est les femmes qui faisaient régner la loi et partaient en guerre lorsque c'était nécessaire pendant que les hommes s'occupaient des enfants et des tâches quotidiennes. C'est de cette manière que le peuple de Sara avait toujours vécu et aurait dû continuer à vivre dans ces îles paradisiaques à l'eau turquoise, montagneuses et volcaniques, au sable noir. Mais un jour, des avions avaient survolé le ciel et des bâteaux étaient apparus à l'horizon, symbole d'une journée funeste. Et Sara et les siens n'étaient pas du genre à se laisser faire face à un envahisseur arrogant. Alors ils avaient livré bataille mais c'était perdu d'avance. Le peuple de Sara avait réuni toutes les générations sur les centaines d'îles environnantes pour faire face à un ennemi commun à abattre. Les troupes se comptaient par milliers de milliers de soldates, mais en face, il y avait des machines de guerre, des soldats équipés par des technologies dépassant l'entendement, déchargés sur les plages et parachutés par le ciel. Ils arrivaient de partout, ces soldats de l'Apocalypse. Et c'est bien l'enfer qui attendait ces pauvres gens.

Des heures plus tard, la bataille avait déjà pris fin. Les cadavres couvraient la surface de l'eau, voguant au gré des vagues. Ekbow avait une nouvelle fois de plus mis fin à l'existence d'un peuple qui vivait en harmonie jusqu'ici. Sara avait été séparée de ses proches et avait rejoint de force l'armée d'Ekbow. Nous l'avions toujours connue comme une guerrière acharnée, prête à tuer sans hésitation s'il le fallait pour sauver sa vie. Mais au fond d'elle, je savais qu'elle ne désirait qu'une chose plus que tout au monde : retrouver les siens.

Alors que nous étions tous les cinq réunis à nouveau, je me disais que nous étions tous liés par une chose : une haine viscérale envers Ekbow. Nous avions tous perdu énormément et nous devions ces pertes uniquement à la Citée dorée et à ses dirigeants qui avaient faits de nous leurs larbins. Mais nous pouvions y mettre fin une fois pour toutes. J'en étais la preuve vivante.

- Comment peux-tu être encore en vie ? s'exclama Tom en me regardant de haut en bas comme pour s'assurer que j'étais bien réel.

- Nous pensions que tu étais mort, renchérit Sara, sans ciller, me fixant de ses grands yeux jaune, gardant toujours son arme en direction de mon crâne.

- Tu aurais préféré, avoue ? répondai-je en la provoquant, attendant une réaction de sa part.

Elle me répondit en me donnant un coup avec la crosse de son arme et en m'obligeant à me mettre à terre.

- Ferme-la ou je te jure que tu regretteras de ne pas être déjà mort ! cria-t-elle. Je ne suis pas venu jusqu'ici pour toi.

- Ah oui ? Alors pour quelle raison ?

- Nous avons suivi ton émetteur jusqu'ici, reprit Tom qui me regardait toujours de loin en croisant les bras. Nous savions que tu avais été enlevé mais nous ne pensions pas qu'il te garderait en vie, même si nous l'espérions au fond, contrairement à ce que dit Sara.

Sara se contenta de faire une grimace de désapprobation et sembla encore plus énervée lorsqu'elle me vit sourire. Je sentais que son envie de m'en mettre une la démangeait plus que jamais, notre relation étant basée sur le fait que nous cherchions sans arrêt l'un et l'autre.

- Mais tant que ton émetteur continuait d'émettre, il y avait une chance que tu sois en vie, poursuivit Tom. Alors nous sommes venus jusqu'ici, dans cette cité minière où tu as été enlevé. Mais je vois que tu as l'air de te plaire ici...

- Ce n'est pas ce que vous croyez... répliqua-je. Ces gens sont innocents. Ils livrent une guerre perdue d'avance car ils n'ont pas d'autre choix. C'est Ekbow qui a toujours démarré les hostilités, l'auriez-vous oublié ? Lenny, te rappelles-tu des montagnes enneigés et de ce peuple que tu aimais tant et avec qui tu partageais tout ? Beck, ne penses-tu pas ta petite sœur, Anny ? Sara, tu sais que je n'ai pas besoin d'évoqué ce qu'il s'est passé pour que tu...

Je me pris un violent coup sur le crâne qui me fit perdre l'équilibre. Mais alors que je m'attendais à ce que ce soit Sara, c'est finalement Tom qui s'était chargé de me faire taire.

- N'évoque plus jamais ça ou je te jure que je te colle une balle dans la tête, dit Tom d'une expression déterminée que je n'avais encore jamais vue chez lui. Qu'est-ce que tu crois ? Que nous ne le savons pas et que nous sommes soldats par plaisir de tuer, de massacrer ? Tu devrais savoir plus que quiconque, Ethan, que nos vies nous ont été volées et que nous ne faisons ça que dans l'unique but de recouvrer un jour notre liberté.

- Très bien, mais que dirais-tu si je te disais tout ça n'était que pur mensonge ? répondis-je alors que je me remettais tout juste du coup que je venais d'encaisser.

Mes paroles eurent l'effet escompté. Leurs expressions à tous avaient soudain changé, entre surprise et incompréhension.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? s'exprima Beck qui était jusqu'ici resté en retrait. Sois plus clair.

- Je ne sais pas dans quelle mesure je dis vrai... commençai-je, mais Ekbow nous ment depuis le début. Ils nous manipulent parce que...

- Ethan, ne fais pas ça... me coupa Lenny que je n'avais plus entendu parler depuis bien longtemps, lui ce géant toujours muré dans le silence.

- Te faire quoi au juste ?

- Nous dire que nous avons fait tout ça pour rien et nous donner de l'espoir en vain.

Il y eut un silence qui dura plusieurs secondes où chacun regardait ailleurs sans savoir quoi dire ni quoi penser. Je cherchai Tom du regard pour avoir en quelque sorte son approbation. Il croisa mon regard, me fixa un instant et semblant comprendre ma démarche, m'invita à continuer.

- Je suis désolé, Lenny, je vous dois la vérité, répondis-je, alors que je voyais ce géant, d'habitude toujours renfermé sur lui-même, sans qu'on ne puisse détecter aucune émotion, montrer des signes de peur. Je ne sais pas si mes paroles seront vraies mais en arrivant ici, j'ai été jugé, emprisonné, humilié. Je suis passé par plein d'émotions et fait face à un peuple qui m'aurait déjà exécuté s'il le pouvait. Mais j'ai aussi trouvé un ami qui m'a aidé et qui m'a révélé certaines choses. J'ai vécu ici autrefois, il y a bien longtemps. J'ai vécu parmi ces gens dans l'espoir de trouver une terre d'accueil et de vivre en paix, avant d'être enlevé un jour par Ekbow.

- C'est impossible, répondit Tom. Tu nous as toujours dit que tu avait grandi dans les bas fonds de la Cité et que tu avais été recruté comme soldat. Pourquoi t'auraient-ils menti ?

- Pour me faire oublier ma vie passée et m'obliger à combattre pour eux, tout comme vous, sans que je ne me pose aucune question et avec pour seul objectif d'éliminer un maximum d'ennemis pour retrouver cette soi-disant liberté dont tu parlais.

- Ils t'ont peut-être menti à toi, renchérit Sara, mais nous non. Moi, j'ai toujours vécu dans mes îles avant qu'Ekbow ne vienne tout détruire. Et je sais que c'est en devenant la meilleure d'entre toutes que je pourrai libérer mes chaînes.

- C'est ce qu'ils t'ont pousée à croire... Je ne dis pas que vous n'avez pas vécu ces vies-là mais ils nous ont retournés le cerveau pendant des années. Et avez-vous oublié une chose qui apporte une preuve à tout cela ? Ils nous menaçaient avec leur implant qui exploserait si on enlevait l'armure sans leur autorisation. Je me la suis fait enlever de force et pourtant, je suis toujours là.

Ces paroles plongèrent un peu plus mes anciens camarades de guerre dans la tourmente, comme si cette information était le coup de grâce qui venait un peu plus les amener à tout remettre en question. Je décidai de poursuivre ma démonstration.

- De cette manière, en manipulant notre réalité, en nous mentant et en nous contraignant par la force et la peur, ils n'avaient plus qu'à nous utiliser des pantins à leur service. C'est comme ça qu'ils ont toujours fait.

- Tu as changé, répliqua Tom en m'observant en détails. Tu n'es plus l'homme que nous avons connu. Quelque chose chez toi a changé.

- Sûrement parce que le voile est tombé et que je vois par moi-même la réalité des choses.

- En es-tu bien sûr ? Ton soi-disant ami pourrait t'avoir menti lui-aussi pour t'utiliser à son avantage. Que t'ont-ils promis si tu les aidais ?

- De mettre fin à cette guerre. Mais je ne pense pas qu'il m'ait menti. Il avait l'air de vraiment bien me connaître.

- Tout comme nous... s'exprima Sara à son tour. Mais tu n'es plus des nôtres apparemment.

Je sentis l'atmosphère se tendre encore davantage alors que je pensais avoir la situation sous contrôle. Je comprenais qu'ils ne se rallient pas de suite à ma cause et que ces révélations viennent perturber leur vision de la réalité. Mais à quoi bon s'entre-tuer ?

- Et ce gamin, qui est-il pour toi ? demanda Tom en pointant Ayden du doigt qui semblait ne rien comprendre à cette situation. Qu'est-ce que ça te ferait si je lui connais une balle dans la tête ?

- Tu ne ferais pas ça... dis-je avec stupeur. Ce n'est qu'un enfant.

- Tu ne sais pas de quoi je suis capable, répondit Tom. Ma patience a des limites et je suis à bout de nerfs, je n'en peux plus de ne savoir qui croire et ne pas croire.

- Alors fais-moi confiance et partons loin d'ici, loin d'Ekbow.

- Alors c'est ça ta solution, la fuite ?

- C'est forcément la moins pire de toutes. Nous éviterons d'autres morts inutiles de cette manière-là... Il y a déjà eu bien assez de morts.

- Et pourquoi ferais-tu ça ? Que dois-tu à ce peuple ? Tu l'as dit toi-même, ils t'ont capturé de force, t'ont fait prisonnier et t'ont humilié. Sans parler du fait qu'ils voulaient te tuer. Que leur dois-tu exactement ?

- Peu importe ce qu'ils ont fait, n'aurait-on pas réagi de la même manière ? Je crois en la paix mais je ne pense pas qu'elle peut être trouvée ici. John m'a dit que nous n'avions pas toujours vécu ici et je suis tenté de le croire.

- Comment ça ?

- Nous ne souvenons pas d'avant notre arrivée ici, mais ça coïncide avec mes rêves, avec l'existence de Lyana...

- Ah oui et que vient-elle faire là-dedans ?

- J'ai toujours eu l'impression de la connaître et je suis certain qu'elle existe bel et bien. Seulement pas ici. Je dois la retrouver et secourir ce peuple. Alors venez avec moi. Vous avez le choix, maintenant.

Ils parurent hésiter un instant et se regardèrent tous dans le blanc des yeux.

- Et même si nous le voulions, renchérit Tom en se passant les doigts dans la barbe, comment comptes-tu t'y prendre ?

- Je... Je ne sais pas encore mais je sais que je trouverai la solution.

Ils se mirent à rire, peu convaincus de ma réponse, sauf Tom et Sara.

- Tu es toujours ce même idiot utopiste, répliqua Tom, même si j'aimais beaucoup ça chez toi autrefois. L'espoir n'existe pas, Ethan. Pas ici. Et tu n'as même pas de solution. Tu penses vraiment que nous viendrions seuls, sans escorte ?

J'avais oublié ce bruit. Le bruit de l'alarme annonçant l'arrivée des vaisseaux d'Ekbow et de ses soldats de la mort. Ils étaient déjà là et m'avaient suivi jusqu'ici.

- Alors que comptes-tu faire ? poursuivit Tom. Vas-tu te dresser contre nous ou nous suivre gentiment ?

Je n'avais pas anticipé ça, alors que c'était écrit. Je n'avais plus le choix maintenant.

- Je suis désolé, Ayden... lui dis-je alors que je le voyais trembler de peur, ne comprenant pas ce qui se passait. Sincèrement.

Je m'arrêtai quelques secondes puis saisi l'arme que je cachais dans mon pantalon. Mes quatre anciens camarades réagirent automatiquement et pointèrent les leurs dans ma direction, avant de me regarder sans trop comprendre lâcher la mienne.

- Je ne suis pas suicidaire, répondis-je, même si ma vie ne vaut pas grand chose. Promets-moi juste que vous laisserez ce gamin en vie.

- Tu as ma parole, répondit Tom.

A cet instant, je fis mine à Ayden de s'enfuir mais il ne bougeait plus, comme pétrifié. Ce fut ma dernière vision avant d'être plongé dans le noir.

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