5 – Feyn : Extra Vehicular Activity

4 minutes de lecture

« Feyn ! Tu es dehors ? »

Dans son imposante combinaison spatiale, Feyn accroche l’un de ses liens pour éviter de dériver dans l’espace en cas de mauvaise manœuvre. À la fin de l’approche, Akasha avait déployé les drones pour analyser l’état structurel de l’épave et écarter la possibilité qu’il s’agisse d’un piège. Les drones étant revenus, le vaisseau avait capturé l’épave. Capturé. Le terme amuse encore Feyn : l’Akasha est une corvette et par rapport à l’épave, une frégate, l’écart des dimensions donneraient l’impression que son vaisseau n’est qu’un petit side-car.

Quand les vérifications des attaches et des éléments de structures utilisées pour le remorquage seront terminées, d’ici une petite heure, ce sera pourtant l’Akasha qui fournira la poussée pour rectifier l’orbite de l’ensemble et leur éviter un passage au ras de l’anneau A.

« Idle, comment te sens-tu ? Tu as dormi pendant toute la poussée. C’est dommage. Tu as raté quelque chose !

– Tu es où ?, lui demande la petite peluche avec un soupçon d’inquiétude.

– Dehors, tu peux me voir depuis la coupole d’observation en zone bleue.

– Zone bleue ? D’accord ! » termine Idle avec impatience.

La signalisation de l’Akasha reprend les concepts habituels pour ces environnements. En l’absence de haut, une personne un peu désorientée par l’apesanteur pourrait se perdre même dans un petit vaisseau comme le sien. Tant qu’on n’a pas expérimenté son absence, la gravité est un élément de structure forte. Non contente d’indiquer le haut et le bas, elle permet aussi l’existence des notions bâbord et tribord qui ont pratiquement disparu en dehors des bureaux d’études.

Cette relativité des directions rappelle souvent à Feyn le paradoxe des miroirs : pourquoi n’inversent-ils que la gauche et la droite et pas le haut et le bas ? La réponse est simple : le haut et le bas sont orientés de façon absolue, alors que la gauche et la droite sont relatives à l’observateur. Si vous prenez des directions absolues, disons l’est et l’ouest, vous vous rendez vite compte que ce qui est à l’ouest est aussi à l’ouest dans le miroir. Et qu’en est-il de l’avant et de l’arrière ? Donnons-leur des directions absolues, nord et sud par exemple, et vous découvrirez la véritable inversion.

Si un simple miroir peut tromper autant, imaginez ce qui se passe lorsque la direction la plus structurante, la seule pour laquelle vous avez une notion absolue, disparaît… C’est pour ça que les coursives et les salles ont un éclairage qui est toujours orienté, quand ça fait sens, du haut vers le bas, c’est pour ça que les différentes zones d’un vaisseau sont toujours indiquées par des couleurs et des symboles. Pour redonner des repères.

« Je te vois ! », annonce Idle, le coupant dans ses pensées.

Avec la lenteur de tout astronaute qui ne souhaite pas se propulser par erreur, Feyn se retourne et fait un signe le pouce levé vers la coupole d’observation, noyée par la lumière des projecteurs qui éclairent la coque de l’épave.

« C’est dangereux dehors ? lui demande la petite hybride.

– Toujours Idle, c’est toujours dangereux, lui répond-il avec un ton légèrement paternaliste.

– Oh ?

– Il faut faire attention et bien préparer ce qu’on va faire. Et puis, tu sais Akasha est là pour m’épauler.

– Mais elle est toute petite ! » proteste-t-elle.

La remarque fait rire Feyn à gorge déployée. Akasha, le vaisseau, est piloté par une IA non sentiente qui s’occupe de gérer toutes les fonctions du vaisseau, des éléments techniques à la navigation et la gestion des autorisations. En fait, Akasha n’a pas besoin de qui que ce soit pour voler. Mais ce qui semble marquer le plus la petite boule de poil, c’est son avatar, sa représentation sur la réalité augmentée, destinée à rendre les échanges plus simples : une fée dont le corps semble composé de polymères et les ailes de verre. Elle accompagne chaque passager où qu’il aille et représente l’interface humanisée de l’appareil et c’est vrai qu’elle n’est pas bien grande du coup.

L’astronaute termine les dernières mesures et vérifications sur l’ultime attache. Ces grands bras qui partent du vaisseau lui donnent un air d’arthropode, comme un très court mille-pattes accroché à l’épave.

« J’ai fini les vérifications Akasha. Les attaches et la structure tiendront la poussée. Combien de temps reste-t-il avant l’aphélie ?

– Une heure et cinquante-sept minutes, commandant.

– Je vais faire une rapide vérification du sas d’accès ventral de notre charmante épave. Trace-moi la route.

– Bien commandant. »

La petite fée projette alors de nombreux petits marqueurs en réalité augmentée, traçant la route la plus courte – et la plus sûre – vers le fameux sas, indiquant chaque point d’attache. À la force de ses bras, pour ce que ça compte, Feyn s’avance alors de marqueur en marqueur. Arrivé devant le sas, il examine les inscriptions qui y sont présentes.

« Le Bearington. Akasha, est-ce qu’on a un signalement de disparition du Bearington ?

– Je suis désolée commandant : aucun vaisseau recherché ne correspond à ce signalement, dois-je effectuer une recherche sur le réseau externe ?

– Je veux bien Akasha. Informe le contrôle de notre découverte et transmet leur un rapport de situation.

– Bien commandant. Je prépare aussi votre itinéraire de retour.

– Merci Akasha. Idle, je vais bientôt rentrer ! »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sylvain "Greewi" Dumazet ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0