« Commandant Feyn, nos spécialistes ont avancé dans l’analyse de l’épave de vos mystérieux attaquants qui s’avère être le Leeroy. Il semble qu’elle soit rattachable aux Enfants de Monade, mais nous n’avons pas encore confirmation de tous les détails. Les archives que nous ont transmises les solar wardners indiquent qu’il est très probable que ce groupe ait possédé une frégate qui n’a pas été retrouvée et qui puisse correspondre au Bearington, lui apprend Maxine.

– Jusqu’ici je vous suis, même si je ne vois pas exactement où se situe mon implication dans l’enquête, répond très formellement le commandant.

– Je vais y venir, mais je préfère vous transmettre le contexte. Si les wardners ont des archives sur ce groupe, c’est qu’ils l’ont normalement dissolu. Maintenant, le vrai problème : le groupe est un groupe suprémaciste… psion.

– Ok, je vous vois venir. En gros, il est très probable qu’ils soient venus nettoyer le Bearington pour éviter que les forces de sécurité… vous, ne découvriez qu’ils sont encore en activité ? déduit Feyn.

– C’est ce qu’on pense, confirme l’officier.

– C’est un peu ballot vu que le Bearington semble avoir subi un effacement de toutes les mémoires à son bord…

– C’est possible. Il y a une seconde chose que je souhaite aborder commandant, reprend-elle avec un air plus sombre.

– Je n’aime pas trop le ton, il y a un problème qu’on n’a pas vu ? se défend le raton laveur.

– Les deux drones qui ont été détruits, et détruit la frégate d’assaut, ont été piratés, rappelle-t-elle.

– Oui, un sacré travail, vous nous avez vraiment sauvés sur le coup, remercie Feyn.

– Ce n’était pas nous ! se défend Maxine.

– Pardon ? sursaute le commandant.

– Les tables de routages du Leeroy ne laissent pas de doute : l’attaque qui les a empêchés d’esquiver les drones est remontée à travers les drones. Et les adresses SolNet des paquets remontent à l’Akasha, explique-elle avec une diction rapide.

– C’est juste impossible, conteste Feyn. Mon vaisseau ne possède aucun module de guerre électronique : tout ce que j’ai c’est de quoi forcer les portes des épaves que je dois visiter : je ne suis même pas sûr que ce soit vraiment du matériel cryptographique en plus.

– Commandant. Rassurez-vous : nos spécialistes sont à peu près persuadés que votre vaisseau n’a servi que de relais. En fait, sans disposer d’une colossale puissance de calcul, qui ne peut physiquement tenir à bord de votre appareil, l’opération semble impossible à nos agents, tempère Maxine.

– Mais comme ça vient de l’Akasha, ça n’est pas un de ces Enfants qui est en cause ? Déduit Feyn.

– Exactement. J’en viens à une requête : une solar wardner, une certaine Sanaë, souhaite monter à votre bord accompagnée d’un spécialiste pour examiner le système informatique de l’Akasha.

– D’accord, si ça peut vous aider… Quand aura lieu le transfert ? accepte Feyn.

– Nous sommes prêts de notre côté : nous n’attendons que votre signal pour pressuriser le conduit de connexion, explique l’officier.

– Ah, elle est déjà à bord de votre vaisseau ? dit Feyn surpris qu’on ne lui ait pas parlé d’elle avant.

– Oui, elle s’est téléchargée il y a une demi-heure, révèle Maxine.

– Le spécialiste aussi donc.

– C’est une IA sentiente. Il s’appelle Nodeus.

– Très bien. Lancez la procédure, je vais m’assurer que notre sas soit prêt à vous recevoir, confirme-t-il.

– Merci Akasha. Icordia fin de transmission. », termine la médiatrice.

Apprendre que son sauveur n’est pas la personne qu’il croyait ébranle légèrement la confiance de Feyn en ses déductions. Ainsi, un illustre inconnu est parvenu à pénétrer dans les systèmes d’Akasha et à déployer une attaque informatique pour arrêter, et retourner, un assaut spatial. Seules les opérations spéciales de Mars avaient pu se vanter de pareils exploits, et encore, sur du matériel de l’ONU, du matériel terrien.

À côté de lui, Idle dort dans son fauteuil de vol. La pauvre : le commandant de l’Akasha avait promis à Ney, une amie de Tsa‘, de prendre soin d’elle. Et la voilà prise au milieu d’une affaire impliquant les forces de sécurité de Suan, des scientifiques martiens, un groupe suprémaciste disparu, une solar wardner et un mystérieux, mais prodigieux, hacker. Même pour le commandant supercentenaire, ça fait beaucoup.

Il vaut sans doute mieux prévenir Ney et ses autres parents. Ouvrant une communication avec l’Icordia, Feyn demande : « Icordia, j’aimerais transmettre quelques nouvelles aux parents d’Idle, ma seconde. Pouvez-vous transmettre mes mots à l’adresse suivante ? »