36 – Sanaë : Par-delà les montagnes bureaucratiques

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L’Akasha est un vaisseau conçu pour les longs vols : entièrement équipé pour affronter l’espace interplanétaire avec un équipage de 4 personnes, il présente quelques aménagements conçus pour assurer un certain confort. Bien plus de confort que sur l’Icordia sans hésiter.

Le commandant Feyn est un de ces étranges Solaires. Né humain à la fin du vingtième siècle, il a pratiquement traversé toutes les époques du vingt-et-unième. Quand son corps a commencé à présenter de sérieuses défaillances, il a sauté sur l’occasion et pris une enveloppe non conventionnelle. Cette dernière a déjà 25 ans et semble correctement entretenue, elle sera remplacée plus par l’obsolescence que par l’usure.

Son visage, un raton laveur avec des traits malgré tout anthropomorphes, est rapidement sympathique. Il se présente avec une certaine familiarité – sans jamais rompre l’étiquette – et porte en son cœur la fierté d’être astronaute. Ce métier semble avoir été toute sa vie son but. Maintenant qu’il l’a atteint, il s’en délecte.

L’autre passager, Idle, est une nevian. Normalement, ces assistants domestiques ne sont pas sentients, mais le comportement de cette dernière et le fait qu’elle soit enregistrée auprès de la corporation en tant que personne ne laissent aucun doute planer. Elle l’est devenue semble-t-il par faute d’abandon : certaines IA tendent naturellement à atteindre cet état si elles ne sont pas « élaguées régulièrement ». Toujours est-il qu’Idle est intriguante. Elle semble se comporter comme une enfant de 5-6 ans, mais fait preuve très régulièrement de réactions adultes et extrêmement raisonnées. Son récit du sauvetage de Feyn est précis et dénote une capacité d’observation et d’apprentissage digne de son noyau Wolfa. C’est assez simple : réussir une EVA seule sans formation est une petite prouesse ; le faire dans la situation d’urgence qu’elle a affronté est un exploit dont elle peut se vanter.

Nodeus de son côté n’est parvenu à rien : il semble clair que le pirate n’a eu pratiquement aucune information depuis l’Akasha mais pour autant rien dans les informations de routage ne semble aller au-delà de la mémoire de l’IA de bord. Et cette IA de bord ne possède absolument aucun logiciel de guerre électronique en dehors des glaces conventionnelles. Les hypothèses de Nodeus font face à un étrange paradoxe : il faut une grande puissance de calcul pour briser un certificat et même avec le cluster principal d’une colonie, il lui faudrait une semaine. L’Akasha n’est pas un vaisseau capable d’embarquer autant de matériel, et ce d’un facteur d’échelle de plusieurs ordres de grandeur.

Et il y a le Bearington. Sanaë, Nodeus mais aussi Feyn, trouvent étrange, pour ne pas dire suspecte, que la prise de contrôle des deux drones ait eu lieu juste après l’impact des torpilles. Cela ressemble beaucoup à une riposte, même si Feyn, par son esprit scientifique, considère qu’il n’y a pas assez de matière pour en savoir plus. Quoi qu’il en soit, la solar wardner ne sera rassurée que lorsque Francklin sera lui aussi là. Mais si elle a pu emprunter un corps dans la réserve de l’Icordia, son ami psion a besoin d’une enveloppe parfaitement conforme à sa précédente.

Au milieu de toutes ces considérations et réflexions, un message leur a apporté d’autres mauvaises nouvelles. L’émetteur, une certaine Nightly que ses dossiers personnels rattachent à Eve 3C du laboratoire de Dorthown sur le projet initial de l’implant psi, lui a annoncé la « mort » de Trend, l’un des leurs.

C’est une jeune wardner, Tsadir, qui l’a envoyé vers elle. La mort d’un agent est chose courante et traduit généralement le manque de discernement d’un ennemi. Aussi, la nouvelle en elle-même n’intéresse qu’assez peu Sanaë, surtout que Trend est réputé pour ses prises de risques et son approche directe de certains problèmes.

En revanche, la mention d’un nom a réanimé – comme par le fait d’une magie noire – une affaire que la cyborg aurait vraiment préféré rester morte : « Bishop ». Le fou comme Garreth et le reste de son équipage l’appelle. Sanaë et son équipe avait déjà mis fin à plus d’une quinzaine de ses instances et arrêté ses deux complices responsables de ses résurrections indésirables. L’homme est quelqu’un de particulièrement dangereux, imprévisible et fou. Une sorte de « Joker » comme l’a nommé Feyn en « l’honneur » d’un méchant de fiction transmédia du début du siècle.

Le savoir à nouveau en circulation inquiète grandement la femme et Nodeus lui-même a déjà relancé ses contacts à travers SolNet pour rétablir la surveillance d’antan. Tsadir et cette Nightly, semblent avoir réussi à arrêter l’une de ses instances, même si ça leur avait coûté la vie de Trend.

Que faire maintenant ? Sans plus d’information difficile d’avancer. Sanaë est coincée ici avec le Bearington : si les Enfants de Monade tentent à nouveau quelque chose, elle préfère être présente. En revanche, cette indépendante pourrait avancer. Elle semble avoir quelques relations et accès à quelques ressources : Trend doit bien avoir appris quelque chose. Encore faut-il accéder à sa mémoire.

Évidemment, c’est parfaitement illégal – elle-même ne se l’autoriserait pas – mais qui sait si cette Nightly ne pourrait pas y trouver quelque chose ?

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