Ils avaient été prévenus par Nodeus : la sécurité avait laissé passer deux équipes vers l’Akasha, ce qui était particulièrement irrégulier. Sanaë l’avait envoyé avec Francklin pour aller y jeter un œil et ils étaient tombés sur l’homme-raton laveur qui dérivait dans le tube de connexion dispersant un peu de sang dans l’espace.

Francklin l’avait rattrapé et pratiqué sa magie habituelle, un pouvoir qu’il avait « volé » à un prophète psion sur Ganymède, il y a déjà pas mal d’années. Quelque part, voir les chairs se reformer d’elles-mêmes, la blessure se réduire et surtout le sang dérivant dans l’espace se désintégrer au fur et à mesure qu’il regagnait son hôte, le mettait mal à l’aise. Selon le cybernétique, les psions devraient vraiment être fichés. Mais ce n’était pas l’avis de la patronne qu’il respectait encore plus.

Alors que le médecin avait pratiquement fini, une peluche de tout juste un mètre de haut a débarqué de l’intérieur avec un disjoncteur à impulsion électrique. Du cran, elle en avait et Garreth est même certain qu’elle aurait tiré si Francklin n’avait pas fait son médiateur. Tant mieux, le cybernétique n’aime vraiment pas taper sur les choses mignonnes. Les mecs qui s’en prennent aux ferrailleurs par contre… Quand Francklin lui a donné le go, ça avait été une véritable libération. En plus dans un vaisseau en cours d’inspection, la surveillance est habituellement inactive.

Jouant de la puissance de son enveloppe mécanique, Garreth s’approche du fameux hub central. Une grande déception envahi le cybernétique : les deux intrus dérivent dans l’intersection, l’un d’eux encore pris des spasmes provoqués par la décharge du plasgun. Elle avait oublié de leur parler de ça. Garreth est pris d’un fou rire : il va beaucoup l’aimer cette petite.

Attrapant les deux types par la chemise d’une seule main, il revient sur ses pas. Sanaë va se faire un plaisir de les faire parler, ou encore mieux, si elle est trop occupée avec les autres, IL le fera. Et quitte à le faire autant leur faire mal : ça n’aide pas à avoir des informations, mais ça le défoulera.

Remontant le tube de connexion, il se retrouve face à trois robots des forces de sécurité et un officier de Suan.

« Vous arrivez un peu tard les gars, lance le cybernétique par pure provocation.

– Je… Heu, vois que vous avez la situation en main, hésite l’agent.

– Ouais, ouais. Allez, ramassez-les-moi et ramenez-les à Sanaë.

– Très bien. », s’incline l’officier de sécurité qui ordonne aux robots patrouilleurs d’emporter les corps semi-conscients des intrus.

Alors qu’ils s’éloignent, Garreth remarque un bleu naissant sur la joue de l’un des faux techniciens. La forme de l’hématome ressemble au motif sur la crosse du plasgun. Il se rapproche de l’arme improvisée et examine le chargeur. Deux charges manquantes et le plastique de la crosse est effectivement fêlée. Oh qu’elle va lui plaire cette petite.