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J’ai enfourché le vélo et je parcours les rues de Saint Martin à la recherche d’un petit cadeau. Pour l’instant je suis en panne d’inspiration. Une pharmacie : j’achète des préservatifs (hum hum). Le fleuriste : bof, pour une femme je n’aurai pas hésité. La boulangerie : des macarons…c’est classique mais c’est une option possible. Les magasins de fringues : un teeshirt…je ne connais pas ses goûts , trop casse-gueule. Magasin de souvenirs : piège à touristes. Tiens un magasin antiquités-brocante : si je ne trouve rien, au moins je me serai fait plaisir aux yeux. La boutique est organisée en secteur. Il y a le coin osier, le coin métal émaillé, le coin aluminium brossé, le coin vieux linge, le coin vaisselle, le coin jouet, le coin verrerie, le coin livres et papiers. Au fond de la salle , les meubles. Entre les deux, des étagères d’inclassables font office de séparation de pièce. C’est probablement là que j’ai le plus de chance de dégoter une idée. Une boule presse-papier… non, un coffret en bois sculpté… pas dans mes moyens, un vieux téléphone à cadran… non, différents sujets en faïence… non, des vieux pots en terre cuite… non, des cloches de toutes sortes … non, les moulins à café… trop cher, des sabliers… ils semblent trop récents, un bilboquet… tiens! pourquoi pas, les appareils photos et lecteurs de cassette… non, les vieux cadres avec ou sans peinture… non, oh ! une vieille ardoise d’écolier en vraie ardoise, c’est sûr, je tiens mon cadeau, 5 euros, c’est parfait. Inutile de chercher davantage, je me dirige vers la caisse, un vieux comptoir bien ciré, et derrière une femme osseuse, assez âgée, avec des lunettes au bout du nez, qui ne dénote pas avec l’endroit.

- Bonsoir. J’ai trouvé cette ardoise, vous n’auriez pas un chiffon pour la dépoussiérer et, j’abuse sans doute, mais vous n’auriez pas un bout de craie pour que j’écrive un message dessus. J’aimerai l’offrir ce soir.

- Le chiffon , pas de problème. La craie…voyons…est-ce que je peux trouver cela? Tenez cherchez dans ce sac, moi je vais regarder dans mon tiroir, y a plein de trucs et de bazar là-dedans, avec un peu de chance, on va trouver.

Malgré nos fouilles respectives, la recherche a été vaine. Il est 18h30, la brocanteuse m’a indiquée une presse, à proximité, qui vend quelques fournitures scolaires. Je m’empresse de m’y rendre. Chou blanc, pas de craie, j’achète un journal local qui me fournira un emballage cadeau original. En me rendant la monnaie, le marchand, à qui j’ai exposé mon problème, me propose une solution de fortune.

- Allez du côté du port, je vois souvent des gamins qui font des graffitis sur le bitume du trottoir avec des cailloux blancs. À mon avis, ils doivent ramasser des pierres calcaires dans le coin pour faire leur dessin, si vous en trouvez, ça pourra peut-être faire l’affaire.

- Merci, c’est une très bonne idée, je vais tout de suite y faire un tour. Merci beaucoup.

En approchant du port , je m’aperçois que la zone est entièrement recouverte de pavés lisses, cela m’étonnerait qu’on puisse les taguer avec de la craie. Je désespère de trouver un plan B lorsque mon regard tombe sur un tableau de menus sur la terrasse d’un restaurant. Les informations sont écrites avec un stylo-craie. Une petite pensée pour Gymbia qui m’insuffle le culot de pousser la porte et d’aller demander au bar s’ils peuvent me prêter cinq minutes leur stylo. Je ne vois pas pourquoi je panique à chaque fois que je dois oser ce genre de démarche, l’homme qui me reçoit, désœuvré en attendant les premiers clients du diner, blague avec son collègue. Il est extrêmement sympathique et répond immédiatement positivement à ma demande. Je réfléchis quelques minutes au message que je pourrais écrire. Quelle style ? Classique, humoristique, poétique, ludique… énigmatique évidemment !

J’ai concocté un rébus. J’ai d’abord écrit « Bon anniversaire au » , puis j’ai dessiné un mètre d’ouvrier, un dé à jouer , un col de chemise.

Je remercie le type du bar et je rentre à la location. Il est 18h30, j’ai juste le temps de prendre une douche. Malo m’avertit qu’il aura une demi-heure de retard. Cela va me donner du temps pour faire le paquet cadeau et pour me pomponner. Par réponse, je lui avoue que j’ai hâte de me blottir à nouveau dans ses bras. Qu’il va être doux de s’échanger des messages, qu’il va être crispant d’être tant impatiente de recevoir le SMS suivant. Mon sang bout. Des idées très coquines germent dans ma tête : lui ouvrir la porte, nue, le sachet du préservatif entre les dents.

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