La fuite
Derrière le palais des Vidal, s’étendait un vaste jardin qui débouchait sur une longue plage de sable blanc. De celle-ci, il était aisé de rejoindre le port après une bonne demi-heure de marche. Personne sur l’île des vertes vallées ne se promenait sur les plages, seuls les enfants s’y baignaient parfois, mais certainement pas à la tombée du jour, ainsi Peyre était-il certain de ne rencontrer aucune âme qui vive jusqu’aux abords de la ville et du port.
Une fois sur place, il se mêlerait facilement au flot des marins et des badauds qui écumait les bars à filles du port. Il avait de longue date prévu la fuite et s’était muni d’un costume de voyageur de commerce qui le rendrait incognito parmi la foule.
Il attendit que ses parents, trop occupés à recevoir des convives comme chaque soir, ne prête plus attention à lui, ce qui n’était guère difficile, il avait parfois l’impression d’être invisible dans ce palais.
Seuls les quelques domestiques qui avait été désigné pour son service personnel aurait pu perturber son plan en le surveillant de trop près, mais connaissant leur goût pour les bons vins des vallées intérieurs de l’ile, il s’était procuré auprès de Zinele, un puissant soporifique qu’il n’avait eu aucun mal a verser dans leur carafe. Les talents de sa jeune amie en matière de plante s’avéraient fort utile. Et, Il ne doutait pas un instant qu’ils serviraient encore a maintes occasions. Zinèle était pleine de ressource et il ne pouvait rêver meilleur compagnon d’aventure. Le fait qu’elle fut un femme ne changeait rien à l’affaire.
Tout se passait comme il l’avait prévu. Il sortit discrètement par une petite porte dérobée qui donnait sur l’immense jardin de la propriété. Zinele l’attendrait sur la plage. Ses parents, quoique moins riche que ceux de Peyre, avait eux aussi une belle propriété donnant sur la mer. Il était aussi peu attentif à leur fille que les Vidal. c’était la norme sur l’ile, les géniteurs riches déléguaient l’éducation et la surveillance de leurs enfants à des serviteurs attitrés a cette tache ainsi qu’à leurs professeurs. La vie mondaine étant plutôt active ici, ils n’avaient guère de temps à consacrer à l’éducation des enfants. Ce n’était bien sûr pas le cas dans les familles des castes inférieurs d’où étaient issues les domestiques, ainsi les enfants de la noblesse étaient-ils souvent élevé avec ceux des domestiques qui leur était attribué. l’enfance était le seul moment où cela était possible, car dès que le mariage était prononcé, les fils et filles de nobles entrait dans leur rôle social, et ils n’y avaient alors plus aucun contact autre que hiérarchique avec les gens du peuple. Zinele avait ainsi été élevé en partie par la femme de Zar le fou, car celle-ci était domestique de sa famille, les enfants du couple avait vécu avec elle et étant tous bien plus âgés que Zinele, il occupait divers postes de serviteurs dans la propriété des Ghin.
Zinele, contrairement a Peyre, était étroitement surveillée par les divers membres de la maisonnée, mais elle avait plus d’un tour dans son sac et surtout elle avait découvert depuis bien longtemps comment déjouer la surveillance des demoiselles de compagnie qui avait pour mission de veiller à la jeune fille. Elle savait que celle-ci n’aimait guère passer la nuit seule, à attendre que Zinèle leur donne un hypothétique ordre en pleine nuit. Toute gardienne de la vertu qu’elles étaient, elle n’était pas insensible aux charmes de beaux et jeunes serviteurs, qu’elles rejoignaient dès que la jeune fille leur signifiait qu’elle n’avait plus besoin d’elles. Ainsi, au grand dam des parents de Zinele, la demoiselle n’eut guère de mal à déjouer la surveillance de ses dames de compagnies, qui étaient fort occupées dans des bras virils.
Elle n’eut donc aucun mal à rejoindre Peyre sur la plage et tous deux mirent le cap vers la ville et son port. Elle avait réussi a subtilisé une tenue de jeune page. Habillée ainsi en garçon, les cheveux caché sous un chapeau, elle surprit son futur compagnon d’aventure qui ne la reconnue pas tout de suite.
Bien qu’ils fassent nuit, ils n’eurent aucun mal à arriver à leur destination, il fallait trouver un bateau avec une surveillance faible afin qu’il puisse y pénétrer. Contrairement à ce que pensait Peyre, les navires étaient surveillés la nuit et à l’aube, les deux fuyards n’avaient toujours pas trouvé abris à bord de l’un d’eux. Peyre commençait sérieusement à douter de son projet, lorsque les premiers chargements commencèrent. Il fallait profiter de la cohue pour se faufiler sur l’un des navires d’une façon ou d’une autre, il ne se voyait pas rentrer au palais de son père pour justifier son absence nocturne, bien qu’il doute que la grande maisonnée de ses parents soit déjà éveillée. Il était encore tôt et ils avaient que quelques heures devant eux avant que l’on s’aperçoive de leur absence et que les familles ne déclenchèrent les recherches.
Il repéra un navire de petite taille mais dont le capitaine hurlait continuellement après ses hommes, comme si il était pressé de partir et qu’il fallut que tout son chargement fût chargé dans l’heure. Les hommes d’équipages étaient si absorbés par leur taches et son urgence qu’ils ne remarqueraient sûrement pas les deux individus qui essaieraient de se faufiler dans le bateau. Comble de chance l’accès à celui-ci coté équipage avait semble-t-il été laissé sans surveillance. Le problème était de passer de leur cachette jusqu’au ponton sans que cela ne se voit. Cela représentait une bonne cinquantaine de mètre à franchir à découvert et Peyre ne voyait pas trop comment passer cette distance sans être vu.
Par chance, la maladresse d’un docker qui mit en péril le chargement de l’un des ballots de marchandises fit redoubler de vigueur les cris du capitaine et monopolisa encore plus l’attention de l’équipage.
Personne ne regardait du côté du ponton providentiel, il prit Zinele par la main et décida que s’était le moment où jamais. Après quelques foulées, ils montèrent sur le bateau et s’engouffrèrent le plus rapidement possible vers le quartier des hommes d’équipages. Peyre savait, pour avoir déjà visité des navires avec son précepteur que celui-ci communiquait fatalement avec les soutes où il avait bonne espoir de pouvoir s’y cacher.
Caché là, il avait bon espoir de faire le voyage bien caché. La traversé des Îles vertes vers Océalys ne durait que deux jours, ils leur seraient donc assez facile d’attendre l’arrivée en évitant de sortir de leur cachette, il avait subtilisé assez de viande séché et des fruits secs pour leur permettre de survivre, et il savait que Zinele avait dû faire de même.
La forme prit son envol au-dessus du port puis de l’île. Nul ne semblait l’avoir vu, sauf peut-être un jeune marin qui rêvassait sur le pont d’un navire de marchandise en attente de départ.
Le jeune homme, quelques peu surpris pris cet étrange être volant pour le fruit de son imagination et décida qu’il était plus que temps d’aller dormir.
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