4 – Autolyse partie 1/3
Professeur Breyl’lia retrouvez moi ce soir au district fédéral. Près de la plus grande statue, vous trouverez ce qu’il faut pour me rencontrer en sécurité. Venez avec l’artefact. Venez seul. Votre vie et celles de vos proches en dépendent.
Dans ce poste , jamais de mémoire il n'avait vu d'êtres humains autrement qu'en uniforme. Le reste, les aliens comme ils les appelaient étaient traînés et repoussés vers les salles d'interrogatoires, enchaînés comme il l'était à présent à la table aux reflets métalliques. Ils suintaient la peur et la colère.
Entouré par quatre murs, on entendait des coups sourds voir même quelques cris en écho à travers la ventilation. La promiscuité s'appariait à la misère. Deux stormtroopers se dressaient derrière lui. Un droïde protocolaire réglait sa console abdominale pour enregistrer l’interrogatoire. Face à lui, dans un bruit grave la porte était retombée. Le rituel reprenait. Il ne parvenait pas à détacher son regard de l'officier Barker. Jamais il ne parviendrait à l’ennuyer.
Tout recommençait comme si un astromécano usé projetait encore et toujours le même message.
- Je souhaite vous présenter les choses la façon la plus claire possible. Figurez-vous que pendant que vous avez quitté votre domicile ce dont je vous avais fermement interdit, si, si, ajouta-t-il à Strask qui s'apprêtait à répondre. Je cite.
Le droïde protocolaire cria de sa voix monocorde la date du dernier entretien, son heure, le numéro du rapport et le contenu mentionné :
- Je cite « Professeur Breyl’lia, je vous engage à rester à votre domicile jusqu’à nouvel ordre. Ne sortez sous aucun prétexte ». Le professeur Breyl’lia répond les sourcils froncés, les poings serrés « Oui capitaine » avant d’ajouter à voix basse des propos en dialecte Bothan.
Il ne se souvenait pas d’avoir prononcé une seule fois dans sa vie échangé de tels propos.
- Écrit de façon explicite dans le rapport, reprit le capitaine d’un regard entendu. J'ai fait perquisitionner une nouvelle fois votre appartement. Sans votre présence et votre façon générale de distraire mes hommes par vos interactions, nous avons noté que cette statue sonnait plutôt creuse à l'intérieur.
Strask se força à ne pas sourciller. Le capitaine Barker posait sur la table une statuette d’origine Bothane. Il ôta ses gants et glissa un ongle juste sous une petite rainure invisible, un compartiment s'ouvrit au niveau du socle.
- Celui-ci n'est pas très grand mais suffisamment pour contenir un objet précieux, peut-être même une relique ou un artefact.
Il déposa le torre qu'il avait sorti d'une autre main et le rangea avec soin dans le compartiment qu'il referma.
- C'est une cachette bien pratique n'est-ce pas professeur ?
Que pouvait-il bien répondre à tout cela ? Pour l'instant, il ne s'agissait que de faits objectifs aliénés à une supposition n'importe quel autre objet de petite taille pouvait être mis dans ce compartiment. Cela ne constitue pas en soi une preuve. Avait il le droit de perquisitionner ses affaires durant son absence ?
- À travers l'ensemble de vos témoignages bégaillants et les dernières preuves. Je suis à présent en mesure de reconstituer la réalité. Voilà ce qui s'est passé, la réalité professeur.
Nonobstant l'héritage de son propre père, docteur émérite en histoire de la seconde ère, et à la faveur d'un pistonnage et surtout de la clémence naturelle de l'Empire, Strask Breil'lya étudiant brillant en histoire, est promis au rang de stagiaire auprès d'un des plus grandes personnalités de la galaxie le docteur Adawi. Durant ces mois de service, le professeur Breil’lya développe une jalousie maladive pour son supérieur en hiérarchique. Comme tout Bothan, son tempérament le conduit à toujours vouloir plus. Ainsi, malgré les compliments du docteur, ne supportant pas de ne pouvoir présenter lui-même ses recherches, et enfin désireux de briguer un poste plus rapidement que son père, le professeur Breil’lya a assassiné le docteur Adawi et a pour couvrir ses traces fait croire à l’existence d’un voleur en dérobant l’artefact issu des résultats d’excavation de la division de terrain de l’équipe de recherche.
Peut-être les coups qu'il avait reçu aux oreilles, mais il ressentait toujours un bourdonnement malsain. Des gémissements et des cris lui parvenaient aux oreilles, quelqu'un sanglotait dans une cellule adjacente. Cette personne qui qu'elle fût, n'importe son espèce, n'importe son crime, Strask aurait voulu la prendre dans ses bras pour la consoler.
Il se demanda aussi pourquoi perdre ton temps à ce simulacre. Après tout, l'officier Barker avait une opinion racornie qu’il souhaitait transformer en avis idyllique, et s'il y avait un diplôme pour cela, il serait déjà à l'heure qu'il est un docteur dans la matière. Jamais l’officier Barker ne lui donnerait raison.
- Pourtant, un point reste à éclaircir. Lorsque je vous ai retrouvé ce matin, il y avait des traces luette dans le bureau du docteur Adawi. Il est fort probable que Reja Maad, stagiaire de quelques mois de service dans l’équipe de recherche, employée dévouée a découvert la vérité et que vous ayez cherché à l’éliminer.
Officier ? Etait-il officier ? Comment pouvait-il affirmé de tels choses ? Strask ne put retenir un geste que Barker remarqua d’un sourire narquois.
- Ou alors, vous aviez fixé rendez-vous à un complice pour lui remettre cet artefact. Cependant pour une raison encore inconnue, vous vous êtes fâché, et vous en êtes venus aux mains, mais cela me paraît moins probable.
- Pourquoi cela ?
- Toutes les issues étaient surveillées et nous avons interrogé un certain Danton qui nous a affirmé qu’il n’avait vu personne sortir ni rentrer au moment de l’agression.
Strask ne comprenait pas. N’avait-il pas vu le speeder de Reja ?
- Alors qui est ce fameux complice. Pourquoi cette dispute ?
Strask serra les dents, la gueule fermée. C’était sa version à présent. Il n’aurait rien, il ne donnerait rien.
- Le docteur Adawi était admiré dans toute la galaxie. Son savoir, sa didactique et sa pédagogie reconnu. Je ne peux donc que me flatter, d'avoir empêché son meurtrier d'assister à son enterrement. Je n'aurai pas souhaité qu'un alien vienne salir sa mémoire. Votre propre père ayant été par le passé un obstacle pour sa carrière, du fait de son naturel mépris quand tous les aliens envers la race humaine.
- Je ne vous permets pas d'insulter mon père !
L'officier Barker le dévisagea. Il avait touché un nerf sensible.
- Mon père a toujours été un honnête citoyen. Jamais il n'aurait cherché à nuire à la carrière de qui que ce soit ! Alors je vous interdis de dire le moindre mal de lui !
Strask s'était levé de sa chaise. Si ce n'était pas pour les menottes eux-mêmes attachés à la table qui le retenait avec vigueur, il se serait précipité sur l'officier Barker et lui aurait arraché les yeux et aurait fait de sa peau une tapisserie dédiée à la mémoire de tous ces salauds qui abusaient de leur autorité.
Les deux stormtroopers appuyèrent sur ses épaules pour le ramener sur sa chaise tout en lui frappant le visage à coup de blaster.
- Cela suffit Messieurs. Droïde enregistre : « Après avoir échangé calmement sur les différentes raison de l’incident de ce matin, ne supportant pas les preuves accumulées, professeur Breil’lya s’est levé, les poins serrés en insultant l’officier Barker, cherchant à se jeter sur lui. Seul l’intervention in extremis de deux matricules ont permis d’immobiliser le professeur Breil’lya l’intimant de retrouver son calme. »
- Fin enregistrement.
Le droïde avait ouvert un canal sur sa commande ventrale et répéta de sa voix féminine ce qu’elle venait d’inventorier.
Le salaud… il l’a fait exprès.
- Tout alien a dans sa nature, inscrite au plus profond de ses gènes une agressivité, une propension au désordre. Qu'il souhaite la masquer ne change rien. Après tout point d'interrogation je vois que vous révéler votre véritable visage. Je suis un homme juste professeur. Depuis mon transfert dans ce monde malade, je me suis toujours donné les moyens pour obtenir la confession. J'aurais votre confession professeur.
Qu'allait-il lui faire ? Le tabasser comme les autres fois mais cette fois-ci jusqu'aux portes de la mort pour obtenir sa confession. S'il reconnaissait maintenant qu'il était coupable, jamais il ne pourrait continuer sa carrière. Ses parents, son clan, n’auront plus de considération pour lui, il les aurait déshonorés et serait devenu un paria. Qu’il vienne, il était fort, il tiendrait, enhardi à l’idée de défendre son honneur.
La porte se souleva.
- Monsieur, l’interrogatoire avancé a été un succès. Nous avons terminé avec le Céréen.
L’officer Barker sourit.
- Excellent, amenez le moi.
Il accompagna sa parole d’un geste de la main. Dans un roulement, une grande forme noire encadrant la porte émergea. La forme émettait des bourdonnements. Instinctivement, Strask recula, les stormtroopers avaient desserré leur prise. Seul l’officier Barker demeurait impassible. Il s'agissait d'un siège où il était possible d'allonger tout un corps. De ce siège émergeaient des lanières suffisamment solides pour empêcher un individu de se libérer. Des appendices pointus émettaient des grésillements sinistres en constituaient le pourtour.
- Un modèle qui a été mis sous scellé récemment. Figurez-vous qu'elle avait été utilisée par un clan mafieux de Coruscant pour obtenir des réponses. Messieurs.
Il n'en était pas question. De toutes ses forces, Strask tira sur les menottes pour arracher les chaînes, lançant des coups de tête désespérés tout en hurlant. Il sentit une masse froide le frappait à l'arrière du crâne.
- En douceur. Gardez le conscient, siffla Barker.
Strask fut allongé sur le siège froid et rugueux, les lanières serrées avec tant de force que ses veines en ressortirent. Enfin les deux parties que constituaient l’étau dont des éclairs s’échappaient des épines furent rabattus sur Strask à la manière d’un casque. Le droïde protocolaire s’approcha de la console, une sorte de molette surmontée d’un curseur permettait de renseigner l’intensité des décharges.
Strask sentait la lanière autour de son cour écraser sa gorge. L’officier Barker le contemplait. Un air guilleret se dessinait sur sa sombre figure balafrée. A travers la grille sombre, la salle éclairée par la lumière tamisée et le grand conduit d’aération lui apparaissait austère.
- Voyez-vous professeur. Cela fait depuis bien longtemps que j'exerce ma profession à Coruscant. Cette blessure, je l'ai eu dès ma première année arrivé ici. Je pensais trouver dans la capitale, un moyen d'exercer au mieux mes dons. J'y ai trouvé une réalité bien cruelle. Coruscant est l'illustration même d'un chancre poly-ethnique, une superposition bizarre et alambiquée, où des êtres humains nobles et fiers se retrouvent léser à côtoyer des races aliens basanées, difformes et rabougries, sources de criminalité. La réalité est simple professeur, et dépasse le cadre historique, si l'être humain veut survivre il doit canaliser les autres races de la galaxie. Le rappeler leur place. Par quel moyen ? La logique, l'échange ? Rien de tout cela, seul la terreur permet le maintien d'une hiérarchie naturelle, celle où la race humaine mis sur le banc avec patience pourra reprendre sa place naturelle.
Une première décharge lui fut envoyé.
- Répondez moi professeur. Avec qui vous êtes vous brouillé ?
Une seconde décharge lui fut envoyé. Sa poitrine se souleva violemment.
- Vous avez désactivé votre droïde de service juste après le premier interrogatoire, et vous avez envoyé son processeur mémoire à la casse. Pourquoi professeur ? Pourquoi saviez vous que nous mettrions des micros dans vos appartements ?
Une autre décharge. Strask ouvrit la bouche.
- Au frais de l’Empire vous êtes nourris, vous êtes logés, vos affaires sont entretenus, et vous êtes autorisé à circuler, à participer à des événements… Répondez à mes questions professeur.
Le droïde protocolaire tourna avec lenteur, presque silencieusement la molette tandis qu’une nouvelle décharge était envoyée.
- Mon témoignage est resté unique et sans tabou, articula péniblement Strask.
- Tout témoignage tend à évoluer en fonction des circonstances et de l’état dans laquelle la personne témoigne. Poser et reposer la question se dégage la vérité.
- Je crains bien que la vérité que vous voulez tirer est celle que vous souhaitez entendre.
- Je suis un homme simple. Dites moi la vérité professeur et reconnaissez votre crime, dites moi que vous avez assassiné le docteur Adawi. Je sais que vous me dissimulez quelque chose professeur. Je suis un praticien fort de mes quinze années de carrière dans les bas-fonds de cette usine à foutre. Votre être pue le mensonge. Vous méprisez l’autorité et n’avez aucun respect pour les cultures des autres.
- Dois-je passer les décharges de niveau intense en mode chronique Monsieur ?
- Faîtes.
Le droïde s’exécuta, et la salle projeta à intervalles réguliers l’ombre du professeur Breil’lya déchiré par les éclairs et les cris.
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