4-Autolyse partie 2/3

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*


[[- Bonjour Professeur Breyl’lia, quel plaisir de vous rencontrer.]

- Le plaisir n’est pas partagé officier.]

[[[- Bonjour Professeur Breyl’lia, comment vous portez-vous ?]

- Un peu mieux, officier.]

- Bien, bien, je suis étonné de vous voir de retour à cette académie.]

[Peut-être pensait-il que son dernier interrogatoire l’avait ébranlé ?]

[[[[[- Et pourquoi donc ?]

- Professeur si vous vous souvenez de notre dernière entrevue je vous avais formellement interdit de sortir de votre domicile. ]

- Je n’en ai pas souvenir.]

- Je vois que vous avez la mémoire courte. Un réflexe typique de criminel.]

- Je ne suis pas un criminel.]

*


[…

Tout se reformait, les souvenirs se lisaient à toute vitesse. Reja et lui avaient trop bus. Surtout elle. De retour à son appartement, elle s’amusait à ouvrir les tiroirs et renversaient ses affaires à la recherche d’un secret. Exténuée, elle s’était allongée dans les couvertures avant de se mettre à ronfler.

Il avait regardé tout cela d’un œil amusé, puis alors qu’elle pétait, il lui avait tiré la couverture pour mieux la couvrir. Dans son placard, il retira un plaid puis il s’allongea dans le canapé.

Le lendemain, rare jour de congé. L’appartement s’était éveillé plus silencieux qu’à l’ordinaire. Il avait retrouvé Reja sous la couverture, assise, les jambes pliées et les chaussures au pied du lit. Son regard était gris, vide comme si elle restait en communication avec elle-même, en dehors de ce monde fait de matière.

- J’ai abusé.

- C’est vrai. Moi aussi.

- Je n’ai pas fait de bêtises.

- Tu n’as pas fait de bêtises.

- Tu ne me dis pas cela pour me faire plaisir.

- Je ne te dis pas cela pour me faire plaisir.

- Merci, dit-elle après l’avoir fixé un instant.

Reja lançait un de ces regards, si pénétrant comme celui de son père. Ses bras, ses jambes avaient des poils, son visage comportait du duvet. C’est con, elle n’était pas si glabre. Quel mot immonde glabre, quel mot con comme alien ou abo. Ça sort tout seul, comme gravé dans la matrice historique que constitue nos gènes et c’est insultant pour celui qui l’écoute.

Il se demanda avec le recul, pourquoi ne pas lui avoir dit qu’il l’aimait tout simplement, qu’il voulait rester avec elle, ensemble à l’appartement, au lit. Non c’est bizarre. Reja ne se sentait pas bien. Cela aurait été égoïste. Je suis égoïste.

...]

*

Reja, Reja…

Père, je t’en supplie…

- Professeur Breyl’lia.

Il ne savait pas comment, mais il était à nouveau menotté à la taille. Son corps sursautait à intervalles réguliers parcouru de spasmes. Son coeur battait avec force dans un rythme irrégulier. Une douleur profonde irradiait ses muscles. Une odeur de brûlé exsudait de son pelage.

- Professeur. Je pense que la punition a été suffisante. Je vous laisse un quart d’heure pour réfléchir et enfin me dire la vérité.

Un objet large et orale glissa le long de la table face à son regard éteint.

- En accord avec la procédure. Après une heure d’interrogatoire, vous pouvez en vertu de résident de la partie la plus riche de Coruscant prendre contact avec la personne que vous souhaitez.

Strask cligna douloureusement des paupières. Il ne parvenait plus à soutenir le regard de l’officier.

- A l’exception du droïde protocolaire, vous serez seul. Ne vous avisez pas à tenter quelque chose d’idiot car je serais immédiatement au courant.

La sombre présence de l’instrument emportée par ses 2 gardes disparue avec l’officier. Le droïde le fixa de ses diodes jaunes.

- Quelle heure est-il ?

- 18h30

- Et sur Bothawui ?

Le droïde calcula.

- 15h22

D’une main tremblante, il fit couler le comlink à fonction holographique.

*


  Son père, Askrut Breyl’lia, se tenait dans sa longue robe de doyen. Il n’avait pas changé. Grand, beau, comme lorsqu’il l’avait quitté. Sa voix résonnait encore grave et posée. C’était si bon de le revoir. Mais Trask avait les yeux lourds, et il ne s’agissait pas de la torture.

- C’est vrai ce que l’on m’a rapporté sur toi.

- Oui tout.

- Tu as donc humilié ton tuteur le docteur Adawi devant toute la promotion.

- J’ignorais que c’était lui.

- Tu t’es attiré les foudres des autorités. Tu as cherché à te mettre en avant comme sur Bothawui.

- Il m’a volé mon travail.

- Tu as dissimulé des preuves à un agent de l’Empire.

- Je n’ai pas cherché...

- Et tu as assassiné ton tuteur.

- Non, je ne l’ai pas, je n’ai pas… Papa, je n’ai..

Strask se tut. Son père avait levé la main. Son cœur lui faisait si mal. Son père le fixait de son visage si impénétrable, même à travers des millions d’années-lumière, même avec une piètre qualité holographique, rien ne pourrait dissimuler le regard de déception qu’il grava dans son âme. Maintenant qu’il lui faisait face, Strask regrettait. Il aurait préféré sa mère.

- Tu vas reconnaître tes crimes. Tu vas présenter tes excuses au Capitaine Barker et rédiger ta confession. Tu reviendras à Bothawui dès que possible.

- Je ne peux pas… Je serais déshonoré…

- Ta conduite nous a déjà déshonoré.

Strask enfouit son visage dans ses mains. Comment pouvait-il lui faire ça ?

- Tes émotions te dominent encore et toujours. Ta force devrait être ton cerveau.

- Je suis innocent. Je n’ai rien fait ! Tu ne peux tout de même pas les croire et pas moi, un Bothan, ton fils ! Jamais je n’ai cherché autre chose que rendre le peuple Bothan digne et fier comme il aurait toujours du l’être, parmi les grands de la galaxie.

- Strask. Il existe un temps pour chaque chose. Celui des Bothans n’est pas encore arrivé. Je te laisse méditer sur ta conduite. Si tu es vraiment mon fils tu prendras la bonne décision.

Entre ses doigts, il apercevait son père qui continuait de l’observer de ce regard si profond qui le terrifiait et le mettait mal à l’aise déjà enfant.

- Père. Est ce vrai que tu t’es accaparé son travail quand il était ton élève ?

Strask n’oserait y croire mais depuis que le capitaine Barker l’avait affirmé tout comme le docteur Adawi, il devait savoir. Il crut voir son père froncer un instant ses sourcils.

- Oui c’est vrai. Au revoir Strask.

Son hologramme disparut. Seul. Il était seul. Son père, son propre père lui demandait de se rendre. Strask essuya ses yeux.

Il manipula le comlink entre ses mains. Jamais il n’abandonnerait.

A présent, un droïde protocolaire aux reflets argentés se dressaient.

- Oui.

- Le sénateur Savielk Trey’dra est-il disponible ?

- A qui ai-je l’honneur ?

Strask sourit les dents serrés. Son corps lui faisait si mal qu’il aurait souhaité ouvrir sa bouche et hurler.

- Strask Breyl’lia. Puis-je parler un instant avec le sénateur ?

- Un instant je vous prie.

Le droïde en hologramme quitta son champ de vision. Pendant un temps qui lui parut être un éternité, le temps même de regarder les alentours de la cellule et le sombre droïde qui l’avait torturé et qui penchait se tête vers sa direction, le droïde protocolaire était revenu.

- Je suis navré de vous l’annoncer. Le sénateur a quitté son bureau.

Il mentait. Son regard tournait à intermittence en direction de son maître hors-champ comme un élève qui n’aurait pas appris son texte et attendrait les ordre d’un metteur en scène.

- Puis-je lui laisser un message ?

Le droïde fixa un point sous la clavicule gauche de Strask.

- Cela ne sera pas nécessaire.

- Oh j’insiste…

S’il ne pouvait pas faire passer un message maintenant. Il ne serait plus en état de le faire par la suite.

- Dites au sénateur Savielk Trey’dra que je suis retenu au bloc de détention du secteur 7G. Je suis actuellement torturé et si je ne suis pas bientôt libéré je risque de révéler tout ce que je sais sur le sénateur. De même, j’ai des dossiers, si je meurs ce soir, un ami se chargera de les rendre publics !

Strask raccrocha et serra si fort le comlink qu’il se brisa. Il sentit aussitôt une décharge le renvoyait contre sa chaise et arrêté le battement de son coeur.

- Diffamation, diffamation. Cela sera enregistré sur le rapport.

Le droïde tortionnaire avait cherché à le faire taire. Tout cela était idiot songeait Strask. Même s’il avait vu le sénateur dans des situations peu Caamasienne, il n’y avait pas de quoi constituer un vrai dossier. Mais peut-être, comme tout politicien ambitieux souhaitait-il que certaines choses ne s’ébruite pas. Alors avec un peu de chance, il ne prendrait pas de risques et il userait de son influence pour le faire sortir comme il était parvenu jadis à le faire entrer à l’académie de Coruscant malgré les lois en vigueur sur l’accès restreint aux études supérieures par des races non humaines.

Tout cela allait se jouer au cours des prochaines minutes, pensa-t-il. Il en était convaincu. Jamais, il ne pourrait survivre à un second interrogatoire de cette nature. La salle lui apparaissait inégale à la lumière tout comme son palpitant qui semblait tantôt lui battre si fort qu’il lui donnait l’impression de sortir par sa bouche tantôt résonnait si faiblement pendant plusieurs minutes qu’il pensait que son coeur s’était définitivement arrêté comme si une main étrange serrait avec vigueur son myocarde qui gémissait dans sa strangulation.

- Avez-vous bien réfléchi professeur.

- Officier.

L’officier Barker paraissait furieux. Un de ses yeux était plissé, l’autre rougeoyait. Le droïde tortionnaire venait de tout lui raconter.

- Oui j’abandonne. Vous avez gagné dit Strask en cherchant délibérément à articuler le plus lentement possible ses syllabes.

- Vraiment ?

- Oui.

Furieux l’officier le restait. Mais plus encore était son œil artificiel qui semblait dubitatif. Le temps lui était compté. Strask malgré l’impression que la salle tournait autour de lui savait ce qu’il se passait. D’un côté la joie de son triomphe, de l’autre la méfiance et la peur du piège tendu.

- J’aurais besoin d’avoir de quoi rédiger ma confession.

- Reconnaissez-vous avoir assassiné le docteur Adawi ?

- J’aurais besoin d’avoir de quoi rédiger ma confession.

- Vous n’avez pas besoin d’un support écrit. Votre témoignage oral enregistré suffit.

- C’est noté officier.

Même à bout de force, Strask sentait la chaleur monter de l’officier comme un vieux vaisseau qui aurait voyagé trop longtemps en vitesse lumière.

- Avez-vous tué le docteur Adawi ?

- Selon moi, je pense que je suis responsable d’une certaine façon de la mort du docteur Adawi.

- Je ne vous demande pas votre opinion Strask, je vous demande seulement de me dire que vous reconnaissez avoir tué le docteur Adawi.

- Hmm… Selon moi, je pense que…

- Officier Barker.

- Qu’y a-t-il ?

Un stormtrooper venait de faire irruption. Le temps semblait s’être arrêté dans la salle, personne ne bougeait.

- Une personne souhaiterait s’entretenir avec vous.

- De qui s’agit-il ?

- Il s’agit d’un officiel Monsieur. Un représentant d’un officiel, un droïde protocolaire. C’est au sujet du professeur Breyl’lia.

- Il vous a vraiment dit cela ?

Le silence lui répondit. Il n’osait pas y croire. Son plan aurait marché ?

- Restez avec le prisonnier. Je vais prendre ce fameux appel. Ne vous rejouissez pas trop vite Professeur. Vous devez encore faire enregistrer votre confession.

Sa silhouette en casquette disparut avalée par la porte qui redescendait. Le droïde tortionnaire approchait son arme électrique à la main du visage de Strask. Un tir de blaster l’abattit sec. Un second tir élimina les chaînes qui retenait Strask. Le stormtrooper ôta son casque.

- Reja !

- Pas si fort, murmura t-elle.

C’était bien elle. En chair, en os, en fourrure, en pleine forme si ce n’était pas les hématomes sur son visage.

- Comment as-tu fait…

- Plus tard les questions. Il ne pourra pas être retenu longtemps.

Reja ouvrit le feu sur les vis qui tenaient la grille de ventilation qui s’effondra. Strask poussa un cri de douleur tandis qu’elle tirait sur ses bras pour le hisser.

- Qui est ce droïde de représentant officiel ?

- Celui de mon appartement.

- Où allons-nous ?

- Au temple Jedi.

- Au temple ?

- Oui, souffla t-elle tandis qu’elle rampait avec effort. Je t’expliquerai tout.

Strask essuya ses yeux d’un revers de sa manche.

Tu es formidable, merci Reja.

*


- Je suis allé récupéré quelques affaires chez moi. Nous pouvons nous changer.

Ils étaient dans un taxi pour eux tout seul. Reja l’avait emprunté en même temps que l’uniforme du stormtrooper qui l’avait accompagné lors de son séjour à l’hôpital. A présent, ils se cachaient, la planète n’était plus qu’éclairée que par les immeubles et les vaisseaux.

- Je crois que ceci t’appartient.

Son comlink modifié. Il écouta le message enregistré par l’aggresseur.

- Je n’ai plus le torre Reja. Il me l’a confisqué. A moins que…

-Je suis peut-être ta talentueuse stagiaire mais je ne suis par une sœur de la nuit.

- Je comprends.

Il se demanda un instant pourquoi Reja aurait eu le temps de récupérer le torre. Parqué dans une ruelle mal éclairée, Strask s’abandonna à regarder la fumée en spirale qui se dégageait d’une cheminée. Il avait toujours très mal et une envie furieuse de somnoler mais aussi de pleurer et hurler le prenaient. Il n’avait pas envie d’être ce soir, ni d’être le lendemain. S’il avait pu, il serait resté cette matinée. Il aurait été avec Reja et il aurait pu lui dire quelque chose dans cette teneur :

- Reja.

- Oui Strask.

- Tu es exceptionnel Reja. J’espère qu’un jour, tu pourras trouver ton âme sœur. Quelqu’un qui pourra t’aimer pour qui tu es vraiment et que tu pourras aimer en retour. Ce sera quelqu’un d’exceptionnel. Le genre de héros de légende. Pas le genre d’intellectuel de médeux comme tous ces connards de l’Académie ou moi.

- Arrête de parler. Tu dis n’importe quoi.

Strask venait de répéter ses pensées à haute voix et Reja lui avait tout naturellement répondu. Son ton était froid, plus dur qu’une Dark Side Daiquiri glacée. La pauvre. Quelle figure lui donnait-il en spectacle. Quel sinistre individu. Quel bothan indigne de sa maîtrise de soi. Strask ressentit de la honte et il perçut plus âprement sa douleur. Il fallait qu’il tienne le coup pour Reja, sa famille, son clan, son honneur.

- Allons au district Fédéral maintenant.

Reja serrait ses mains sur le volant mais Strask persistait, immobile, le regard toujours occupé par la fumée.

- Mon père…

- Quoi ton père ?

- Tout à l’heure, j’ai eu l’occasion de parler avec lui. Il m’a demandé de reconnaître mes crimes. Il pense que je suis coupable et m’a abandonné comme le sénateur Savielk.

Reja haussa ses épais sourcils, ses mains gantées tournées vers le ciel.

- Réfléchis Strask ! Ton père tient à toi, tu me l’as dit toi même. Tu n’as pas compris qu’il a cherché à te protéger.

Strask ne savait pas où il en était. Son père, il l’avait élevé. Il avait toujours placé même s’il ne lui avait jamais affirmé de grands espoirs en lui. En un sens, il l’aimait, oui. Leurs interactions passées expliquaient celles actuelles.

- De toute façon, on ne peut pas fuir. Nous sommes recherchés. Avec nos identifiants ils nous arrêteraient au premier spatioport venu et je ne sais pas pour toi, mais moi je n’ai pas envie de passer ma vie en cavale.

- Mais nous ne sommes pas sûr qu’ils aient l’autre partie avec eux.

- Le tout pour le tout. On a rien à perdre et si on arrive à le capturer, cela constituera toujours une preuve pour nous innocenter.

Strask ne put s’empêcher de soupçonner Reja de vouloir se venger de son agresseur. Après tout, il l’avait salement amochée.

- Tu as raison. Tout espoir n’est pas perdu. Je peux encore laver mon honneur.

Reja sourit.

- Enfin je vous retrouve professeur. Je te préfère comme ça.

Elle lança le speeder dans une allure vive et discrète.

- Un dernier point Reja.

- Oui.

- Je pense savoir qui est notre agresseur.

- Vraiment ?

- Pas personnellement. Mais cette technologie ce n’est pas n’importe qui. Cette technologie pour se rendre invisible. Cette batte. Ce style de combat. Notre agresseur est un Bothan.

- Et alors ? Tu ne soupçonnerais pas un complot Bothan de la part du sénateur.

- Peut-être. Ce ne serait pas étonnant mais pas de conclusion hâtive.

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