J’aurais voulu...
À ce temps de nos conjugaisons le regret ma chère envahit la trajectoire de nos regards ;
et si mon sourire adoucit le pli des ans pour quelques moments,
je te le dois.
J’aurais voulu…
Ma volonté s’abandonne au dépit et la résignation.
J’aurais voulu…
À ce temps de nos conjugaisons les mots s’enchaînent dans la douleur d’un tango,
où nos pas s’emboîtent dans un corps à corps fiévreux.
J’aurais voulu…
Dans la mie ombre ma chère;
nos lèvres rouges pressées les unes contre les autres s’entrouvrent
puis s’enveloppent d’une ardeur charnelle
dans la chaleur d’un rock’n’roll.
Et nos yeux s’endiablent d’un tempo à fleur de peau.
J’aurais voulu…
connaître le Tabou,
transgresser les nuits d’un Saint Germain des Prés,
sentir le vent de ta robe dans une de ces pirouettes qui découvrent si haut les jambes,
si haut à la Doisneau,
noir sur blanc fumée
et saxo sexy dans cette cave de Boris à Miles Davis.
J’aurais voulu…
et puis nous serions allés au café de Flores chanter l’existentialisme sauvage
ou l’absurde solitaire au rythme de nos verres ;
j’aurais et toi voulu à deux droit dans les yeux…
j’aurais et toi soupiré, j’aurais et toi caressé, voulu nous embraser d’un feu particulier
nourri de nos espoirs,
car il faut bien rêver pour persister.
j’aurais voulu…
gommer les rues d’un Bataclan troué d’une drôle de musique ;
vivre sans couleur dans la nuance des gris.
J’aurais voulu…
suspendre ce vol aux ailes meurtrières.
J’aurais de la guerre voulu éviter la religion
— Saint Barthélémy, Saint Denis –
J’aurais dans cette ville où se conjuguent siècles et lumières voulu croiser
Rousseau et Voltaire.
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