Métèques
Dans le sang de nos villes errent des ombres sans regard.
Elles traînent un bout de leur histoire dans des sacs
dont les fonds de cale, les rues sombres les trains
les gares ont rongé la trame jusqu’à l’épuisement.
Elles marchent courbées et passent devant nous
qui sommes rassasiés jusqu’à nous engourdir,
Et leurs pas hésitent à frapper le trottoir
quand nous marchons sans fard, le regard droit.
Ces vies dont le destin chavire sur nos mers,
paniquent sous les aboiements de sirènes
qui déchirent la nuit, courent à la curée.
Ces vies s’évanouissent happées par des ventres
blancs et bleus qui roulent un œil mécanique,
crachent une lumière en éclats de colère.
Ces vies, vies en survie, rêvent de s’incarner,
d’exister au grand jour dans l’épaisseur d’un corps
que le soleil double d’une ombre projetée.
Mais l’étranger fait peur et nous n’en voulons pas
Aujourd’hui remonte un relent de passé
dans le bruit de bottes qu’on croyait muselé...
demain se lira-t-il au futur antérieur ?
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