La falaise
Maïa
J'ai l'impression de vivre au bord d'une falaise, je sens presque le vent suivre les vagues en effleurant mes joues. C'est comme si quoi que je fasse cette impression vertigineuse de chute ne me quitterait jamais.
Je suis encore allongée sur mon lit à regarder le plafond, il a quelques minutes j'ai eu Athénaïs au téléphone, elle était dans le bus en direction de la grande ville la plus proche, s'était prévue, notre enquête avance un peu, mais on a besoin d'élément concret elle va donc rendre visite aux archives pour trouver des liens entre nos pistes.
Elle m'a surtout appelée pour me dire que Logan ne viendrait pas nous aider aujourd’hui, je ne fus pas étonnée. Tout le monde est au courant pour Eliott.
Athénaïs m'a aussi demandée comment je me sentais.
Mais je ne préfère pas trop y réfléchir, je sens encore le vide sous la falaise et si j'arrête d'avancer, si je m'arrête un instant pour regarder les vagues en contrebas, je risque de ne jamais remonter.
J'entends la sonnette résonner au loin, William vient d'arriver.
Je me hisse sur mon fauteuil roulant, tout en cherchant du regard des vêtements pour la journée.
Nous quittons la maison quelques instants plus tard, nous avons découvert il y a quelques jours un mot écrit sur la couverture d'un des livres de Nina.
Lorsque nous étions enfants nous avions crée notre propre alphabet, si nous avons arrêté de jouer avec depuis des années ce petit mot à attirer notre attention, car nous y avons vu réapparaître les signes de notre enfance.
Alors, nous avons décidé d'installer notre propre bureau chez la grand-mère de William, elle ne pose pas de questions et c'est quand même plus confortable que le minuscule cagibi dans lequel Athénaîs tient son journal.
Dans la chambre d'amis, sur le grand miroir nous avons juste écrit cette phrase :
« Le danger est celui que l'on voit tous les jours », c'est tout ce que nous avions, une simple phrase traduite du langage codée crée par des enfants de sept ans pour comprendre notre meilleure amie. La police n'avait rien trouvé dans ces affaires personnelles et nous devions désormais constater notre échec.
Nous avions commencé à nous intéresser au livre en question, mais rien de particulier, c'était le roman de Zola que nous avions étudié, il devait simplement être le seul présent sur sa table de nuit ce jour-là. Nous n'avions rien et c'était désespérant, nous étions sa seule chance de découvrir la véritable histoire. Nous nous connaissions depuis l'époque de la peinture a doigts, mais nous ne connaîtront probablement jamais les véritables circonstances de sa mort.
Il nous fallait du nouveau ou de l'aide .
- Nous devrions sûrement en parler à la police proposais-je
- Elle n'a pas codé ce message pour rien, il nous était adressé Maïa ! Et puis ils sont persuadés que s'était un suicide…
- Je sais, mais si on ne trouve rien, il faudra bien le montrer à la police, c'est un élément crucial pour l'enquête. Et qui sait peut-être que ça ferait évoluer leurs théories ?
- Mouais. Je te promets qu'on y ira demain aux premières heures si l'on ne trouve rien. Mais laissons-nous au moins la nuit pour essayer de comprendre…
- J'ai du mal à me faire à l'idée qu'elle ne reviendra jamais, malgré moi je crois que ça me plaît comme idée qu'une de ses énigmes lui est survécu…C'est comme si elle était encore un peu là même si c'est incroyablement douloureux de devoir penser comme elle a présent qu'elle…
Il enroula ses bras autour de mes épaules, parfois je me demande comment j'aurais survécu à tout ça si j'avais été seule. Je crois que quand il est à mes côtés la falaise s'éloigne un peu, je suis plus stable, je n'ai plus peur de tomber.
- Demain aux premières heures, promis ? Soufflai-je
- Promis, souffla-t-il en m'embrassant.
- hum... Si tu me déconcentres on risque d'avoir du mal à avancer
- C'est toi qui me déconcentres surtout, ce n'est pas légal d'être aussi jolie.
- Si tu veux, on a un tas d'articles bien glauques à éplucher qui pourrait t'aider à rester concentré, comme ça, tu n'auras pas à subir mon illégalité.
- Pff... Tu n'es même pas drôle.
- Non, je fais preuve d'un peu de maturité. Quand tu auras passé toutes les étapes qui mènent à la sagesse, tu comprendras.
- Genre, comme les 12 travaux d'Hercule ?
- Tu trouves sérieusement que je ressemble au lion de Némée ?
- Définitivement pas, t'es plutôt du genre Perséphone princesse des enfers qui torture ses amants.
Je lui tirais la langue, ce qui déclencha un immense fou rire et nos cœurs se réchauffèrent un peu en nous disant que quelque part se trouve l'esprit de Nina qui sourit encore a notre éternelle immaturité.
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