Le commissariat

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Maïa

Un rayon de lumière traversa la pièce, m'éblouissant le temps d'une seconde, suffisamment longtemps pour me réveiller. Je frotte mes yeux un peu collés par la fatigue et observe la scène.

Je suis allongée en vrac sur le canapé, au milieu des dossiers éparpillés. William s'est blotti dans mon dos et si je me retourner s'avérerait compliqué, je sens sa respiration régulière contre ma peau, il dort encore. Une couverture en patchwork est remontée sur nos corps immobiles, Mme Scott a dû avoir pitié de nous hier soir. Je souris. La famille des Scott est si gentille, elle m'a intégrée très tôt et aujourd'hui, j'ai l'impression d'en avoir toujours fait partie . Je n'ai pas de montre, mais mon horloge interne m'indique qu'on doit avoir largement dépassée les premières heures, il faut qu'on bouge.

- Il faut que tu te réveilles souffle-ai Il faut qu'on passe au commissariat

- Hum, grommela-t-il, ils peuvent bien attendre un peu non…

- On dormira quand on sera mort, allez dépêche-toi, peut être qu'on aura le temps de passer chercher un café à la crème chez l'olympe avant… Fis-je en me relevant sur les coudes pour faire glisser mon fauteuil jusqu’à moi.

Il se leva en frottant ses yeux à son tour.

- bon si c'est pour un café, je veux bien.

-Tu as toujours de la motivation pour un peu de sucre.

Il était 10 h 30 passées lorsque les yeux encore rouges et un immense café à la main nous entrions au commissariat, alors qu'on allait s'adressait à l'accueil pour révéler nos informations nos cerveaux un peu ralentit constatèrent avec désarroi l'animation qui régnait à l’intérieur.

L'affaire Nina semblait leur avoir donnée bien du travail, je ne pus m'empêcher d'être un peu rassurée, s'ils étaient si animés ils devraient nous écouter. Du moins c'est ce que j'espérais.

En réalité, le policier qui nous accueillit eux l'air d'être bien jeune et débutant, il nous prit immédiatement de haut. Dès que nous lui déclinions notre identité il nous catégorisa comme jeune déboussolés par la mort de leur amie qui tente de se faire justice par eux-mêmes. Ce qui n'était pas totalement faux, mais nos trouvailles en furent par conséquent à peine observées et nous furent renvoyés chez nous sans plus de formalités.

....

Athénaïs

Il régnait dans l'air de la minuscule chambre que j'avais louée une odeur d'humidité si intense qu'elle m'empêchait de réfléchir correctement. Les archives de la ville n'ouvraient pas avant dix heures, mais allongée sur mon lit j'avais déjà les yeux grands ouverts. Je refusais de me l'avouer, mais cette enquête écourtait mes nuits, chaque centimètre de ma peau semblait vouloir se cacher sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. J'avais beau retourner cette histoire dans tous les sens cela semblait bien au-dessus de mes compétences de lycéenne curieuse et rien ne m'énervais plus au monde que de me sentir dépassée et impuissante. Après avoir rendu les clefs à l'accueil de l'hôtel je déambulais dans les rues à la recherche d'une librairie. Alsem était une ville agréable, bâtit autour d'un centre historique étendu et l'air semblait y circuler facilement, beaucoup plus que dans ma petite ville encerclée de forets.

Ici on pouvait apercevoir quelques immeubles si haut que même les oiseaux devaient y avoir le vertige, mais la ville en plus d'être beaucoup plus large qu'Halsen comptait une vingtaine de librairies, une petite révolution à mes yeux. Je passais quelques ruelles avant de tomber enfin sur une devanture jonchée de romans divers et de livres de voyages. Je poussais la porte pour être immédiatement plongée dans l'odeur des vieux livre que l'on a oubliée d'ouvrir depuis bien longtemps mélangée à celle du papier neuf, celui qui est si blanc que les mots qui y sont gravés vous attaque la cornée. J'étais à la recherche d'un roman en particulier, il y a quelques années un homme ayant vécu toute sa vie à Alsem s'était passionné pour l'histoire de ces demoiselles disparues. Il en avait écrit un livre peuplé de témoignages, d'articles de journaux et d'hypothèse. Je n'avais jamais lu ce livre, car faute de dénouement et de réelle nouveauté celui-ci s'était peu vendu et demeurais oublié.

J'interrogeais un vendeur qui m'en sortis un exemplaire de derrière une étagère, il semblait curieux de ma requête, mais sûrement aussi soulager à l'espoir que ce livre recommence à se vendre.

Si j'avais besoin de ce livre ce n'était pas vraiment pour me plonger dans la découverte de cette affaire, je suis née dans une ville hantée par ces disparitions et ces meurtres, j'en connaissais la trame. Si l'auteur fut maladroit de choisir une histoire sans fin et sans résolutions il eut le mérite d'être un bon journaliste ayant établi au final l'intégralité de la liste des jeunes filles ainsi qu'un certain nombre de détails sur leurs vies qui pouvaient me permettre d'approfondir.

Les archives de la ville allaient ouvrir d'un instant à l'autre, mon livre sous le bras j'attrapais un bus sans attendre.

Le bâtiment des archives d'Alsem était une immense construction biscornue qui donnait l'impression que les colonnes de l'entrée dansaient au grès du vent.

Au rez-de-chaussée on m'indiqua une grande pièce peuplée de tables et de chaises ainsi qu'un certain nombre d'ordinateurs sortie tout droit de la décennie précédente.

La dissection du livre ne me prit pas bien longtemps, l'auteur avait énuméré assez tôt les victimes indiquant leurs noms et leurs âges au jour de leurs morts.

Douze femmes, entre 16 et 23 ans, aucun lien visible et toujours un mode d'action différent. Je griffonnai leurs noms sur un morceau de papier avant de m'installer devant l'un des écrans, je tapais les noms les un après les autres à la recherche de liens familiaux ou de traces particulières dans les archives. Sans surprise comme les inspecteurs avant moi je ne trouvais rien de concluant, aucune sœur ni branche généalogique en commun du moins dans la région.

La plupart des familles avaient d'ailleurs depuis quittée la ville ce qui réduisait mes possibilités de poser des questions. Je fouillais alors pour Ophélie Ruisseau, dernière victime connue pour laquelle Marcus Ferner avait été découvert et arrêter. Le livre ayant été écrit avant sa mort aucune description de la jeune fille n'étais faite, les premières avaient eu le droit à une description du profil psychologique.

L'idée été de trouver dans leurs activités et dans les vies un élément répétitif qui aurait pu expliquer le choix de leurs assassins. Quelques-unes avaient été membres de l'équipe de basket, l'un d'entre elles était à la tête d'une troupe de théâtre, certaines étaient solitaires quand d'autres organisait les meilleures soirées de la ville. En définition un groupe de jeunes femmes tout ce qu'il y a de plus classique. Ophélie donc, n'avait pas eu le droit à ce profil psychologique relever par l'auteur, sûrement par les enquêteurs, mais bien sûr rien d'accessible.

Par contre, en fouillant un peu je trouvais un acte de divorce, la mère d'Ophélie avait été mariée durant une grande partie de l'enfance de cette dernière avec un prénommé Charles Arsenault, ce nom me fit tiquer immédiatement, Arsenault.

Clio Arsenault étudiait au lycée dans la même classe que moi depuis la rentrée, passionnée par l'art vaudou et capable de tenir une discussion interminable sur les peuples aborigènes d'Amérique Latine, cette fille un peu à part avait attiré mon attention. Voilà qu'elle devenait un élément clef dans l'enquête la plus étrange de ma vie.

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