Je venais d’entrer dans l'adolescence, moment crucial dans la vie de tout jeune homme. Je passais une partie de mon temps à courir après les filles, mais contrairement à mes camarades ce n’était pas pas pour ajouter un maximum de conquêtes à mon tableau de chasse, mais parce que je ressentais déjà le besoin d’une présence à mes côtés, quelqu’un qui pouvait me prendre dans ses bras pour me réconforter, partager mes joies et mes peines.

J’ai trouvé cette présence, au détour d’une soirée d’anniversaire, dans la douceur d’un soir de mai, sous les traits d’un visage d’ange, d’une chevelure châtain, d’un regard vert et d’un sourire étincelant. Nous n’avions pas spécialement de points communs, elle et moi, j’aimais passer du temps avec mes amis, rire, m’amuser, alors que j’appréciais tout autant la solitude, le calme et la nature, elle était plutôt sérieuse et très réservée, casanière, je la trouvais plutôt belle et attirante. Surtout, j’essayais de me donner des apparences qui ne me correspondaient pas vraiment, d’un physique plutôt banal, j’essayais de jouer au joli garçon, gentil sans pour autant tomber dans la mièvrerie.

Je rêvais, à cette époque, d’un avenir dans le monde de la musique, du spectacle, elle voulait dédier sa vie aux autres, les aider, les soigner.

Un slow plus tard, nous étions enlacés dans un coin tranquille, nos lèvres soudées, et nos langues entremêlées pour un premier baiser langoureux, déjà liés, sans le savoir, l’un à l’autre, pour la vie.

J’ai aimé les journées qui ont suivi, les heures passées avec elle semblaient des secondes, nos discussions étaient passionnantes et passionnées, nous n’avions pas besoin de dire certaines choses, nous pouvions les lire dans nos regards.

J’étais déjà adepte de sports, plutôt individuels, comme le cyclisme et la course à pied, elle avait une préférence pour la danse et, comme moi, la musique. La foule dense nous effrayait, même si souvent je m’y fondais pour rester anonyme, le silence et le calme de la nature nous rassuraient et pourtant, lorsque nous évoquions nos avenirs, ils nous ramenaient systématiquement vers les autres, le monde et cette foule.

Bien que cette histoire avec Clémence n’ait duré que quelques semaines, jusqu’à la fin de ce magnifique été, cette tendre complicité s’est rapidement muée en une puissante amitié, qui n'a jamais véritablement pris fin malgré les aléas de la vie.

Depuis cet été là, nous sommes restés inséparables, nous avons affronté les événements ensemble, les joies, les peines, les coups du sort et les surprises, bonnes comme mauvaises.

Grâce à elle, d’une part je me suis rendu compte que j’avais trouvé cette présence dont j’avais besoin, mais surtout que je pouvais remplir ce rôle pour elle aussi, depuis nous savons pouvoir compter l’un sur l’autre à toute heure du jour et de la nuit quelles que soient les circonstances.

Les étés suivant, nous sommes partis en vacances ensemble, avec ses parents j’ai découvert l’Auvergne, ses volcans et ses sources, les randonnées au coeur des Pyrénées, la pêche à pied dans le Cotentin, avec les miens, elle a découvert le camping dans les Alpes, l’histoire de la Corse, et le surf au Pays Basque.

De Briançon à Saint-Jean de Luz, de Bastia à Vichy, de Cherbourg à Perpignan nous avons visité les plus belles régions de France tous les deux et découvert une quantité inimaginable de coins magnifiques.

Notre entourage, familles comme amis, nous voyait déjà mariés, parents et tout le tremblement, alors que nous étions déjà plus que ça, nous étions le sable et la mer, les planètes et le soleil, la neige et les sommets, frère et soeur en somme. Même si…