Jeudi 23 Août 2012- Vendredi 24 Août 2012
- On va se baigner? J’ai besoin de me rincer un peu…
- J’allais te le proposer, ça ne vaudra pas le jacuzzi de François mais ça nous fera du bien…
- Ça me changera les idées au moins… J’ai vraiment passé une super journée… Dommage qu’ils n’aient pas pu rester…
- C’est vrai que la journée a été géniale en leur compagnie…
L’eau est assez fraîche et la sensation tellement agréable après la chaude journée que nous venons de passer, je me précipite immédiatement sous la cascade, rapidement rejoint par Clémence. Le moment est juste délicieux, sous les rayons du soleil de cette fin d'après-midi, le poids de l’eau qui tombe sur mon corps, où les douleurs des efforts commencent à se faire sentir, a un effet apaisant, massant et je sens petit à petit mes muscles se détendre. Clémence à mes côtés semble elle aussi apprécier le moment et le lieu.
J’en profite pour frotter chaque centimètre de peau, il a fait assez chaud aujourd’hui, nous avons roulé sur des chemins, dans la poussière et j’ai besoin de me sentir propre. Ça ne vaut pas une vraie douche, mais nous sommes dans un espace protégé et il est hors de question d’utiliser quelque savon que ce soit.
Une fois bien rincés, nous nous installons sur un côté de la vasque, assis sur une pierre, de l’eau jusqu'à la taille. Naturellement, elle est venue s’installer entre mes jambes, appuyant son dos contre moi.
- Clems?
- Mmm…
- T’es bien installée?
- Ouais… Ça manque juste de rembourrage…
- Bon… Du coup tu fais comment à la rentrée?
- Je rentre que fin septembre à l’IFSI, j’ai le temps de voir venir… J’ai demandé un appart en cité U, mais je pense que je l’aurai pas, on est trop riches… Sinon, mon père a des pistes, il connaît du monde à Montpellier, alors c’est plus simple. Et toi?
- Déjà, faut que j’arrive à avoir mon bac… Après, je passe en dernier sur les listes, donc, je saurais au dernier moment où je suis accepté. J’ai demandé à toutes les facs de la région, mais je risque de me retrouver sur Aix, Marseille ou Lyon… Mais je te promets que si je suis pris à Montpellier, on prend une coloc tous les deux…
- Je prends… J’ai pas envie de me retrouver toute seule, là bas… Mais je te préviens qu’il est hors de question que ce soit la foire au boudin!!!
- Je peux rien te promettre… J’ai envie de reprendre une vie normale et ça passe par là…
- Je sais… Je suis dans le même cas, mais… Certains événements m’ont largement calmée… Je sais pas si je vais arriver à faire à nouveau confiance…
- Si je suis là ce sera plus simple, je veillerai sur toi…
- Merci mon chou…
Évidemment que j’avais envie de la suivre à Montpellier et de vivre avec elle, mais je voulais aussi retrouver confiance en moi, retrouver l’amour et avec Clémence à mes côtés, j‘étais conscient que je n’y arriverais pas à cause du lien qui nous unit. Nîmes serait le point de chute idéal, proche de ma famille, de ma région et de Clémence, nous pourrions facilement nous retrouver le wee-kend, sans pour autant cohabiter. Je pourrais vivre ma vie sans avoir peur de la déranger mais continuer à veiller sur elle de loin.
Je suis perdu dans mes réflexions quand elle propose d’aller profiter des restes que nous avaient laissés Marinka et François. Le vin devait être bien frais maintenant, après avoir, lui aussi, pris un bon bain, en compagnie du pot de pâté. Ils nous avaient aussi laissé quatre carottes crues et des pommes de terre cuites venant de leur production, ainsi que les restes des gâteaux bien évidemment.
Bonsoir à tous!
Une journée riche en émotions, avec pour commencer la rencontre de Marinka, la compagne de François qui s'est jointe à nous pour la journée.
Partager la route avec eux est un véritable plaisir, nous avons fait plus ample connaissance au fil des kilomètres qui défilaient sous nos roues. Ils se sont aussi chargés de notre repas de midi et nous n’avons pas été déçus: pâté, pain et fromage artisanaux, pâtisseries finlandaises préparées par Marinka, idéal pour faire le plein de calories.
Côté route, malgré une côte de quatre kilomètres juste après le repas, rien de trop difficile pour nous, même si les organismes commencent à souffrir des efforts consentis depuis le début de la semaine.
Après l’installation de notre campement au pied de la cascade des Mathieux avec l’aide de nos compagnons, c’est déjà l’heure des au revoir. Nous sommes envahis par l’émotion et leur départ laisse un grand vide.
Le coin est superbe et nous n’avons pas tardé à nous rincer de nos efforts sous l’eau fraîche.
Bonne nuit les Copaings et à demain pour la suite de ce superbe voyage.
C&J
Nous partageons une nouvelle fois la même couche pour la nuit en assemblant nos deux duvets, je suis allongé sur le dos, ma tête repose sur mon bras droit, mon bras gauche est passé autour des épaules de Clémence qui a posé une main sur mon ventre, l’autre sur mon torse, s’en servant d’oreiller.
Sa respiration se fait paisible en quelques minutes et je sais qu’elle a déjà sombré, tandis que je suis là à me poser encore tout un tas de questions sur mon avenir, sur notre avenir. Tant que nous étions au lycée, chez nos parents, il nous était facile de profiter l’un de l’autre. Les dix-huit derniers mois, que j’ai passé entre ma chambre et l'hôpital, nous ont permis de nous voir plus encore. Mais dès la rentrée, la donne va radicalement changer et je ne suis pas sûr d’arriver à supporter cette nouvelle séparation, me retrouver seul, loin de mes attaches, loin de la seule fille qui ne m’ait jamais trahi.
Ma nuit est mouvementée, incomplète et loin d’être reposante, mon réveil est chaotique, je suis si bien dans notre duvet, contre son corps, dans sa chaleur.
- Juss… Tu veux bien me laisser sortir… J’ai besoin d’aller aux toilettes…
- Non! Tu restes là… Je te laisse plus partir… On part plus d’ici, on est trop bien…
- Arrête tes conneries, je vais me pisser dessus… Je reviens vite…
- C’est bon, t’as tout cassé là… J’ai envie de pisser moi aussi, maintenant…
Nous quittons à regret la chaleur relative de la tente et nous faisons surprendre par la fraîcheur extérieure.
- Putain t’as une sale gueule ce matin… Ca sent la nuit de merde…
- C’est bon… J’ai pas envie d’en parler… On déjeune vite, on remballe et on se casse…
Le petit déjeuner est copieux avec les restes de gâteaux de la veille, le bivouac vite plié et, après un petit tour rapide pour être sûrs qu’aucun déchet ne traîne, nous grimpons sur nos vélos pour entamer la dernière journée de notre périple, par une bonne descente. En fait, la route ne fait que descendre pendant presque quinze kilomètres et je bénis cette entame de journée. Nous ne mettons que trois quarts d’heure pour rejoindre Rennes les Bains, précisément la sortie du village où se trouvent les anciens thermes romains et leur source d’eau chaude, sous laquelle nous n’hésitons pas à nous installer pour nous détendre encore un peu et profiter du calme de ce milieu de matinée.
- Mon chou, il s’est passé quoi cette nuit? Je veux dire, pourquoi t’as passé une sale nuit?
- J’ai cogité… Je me suis rendu compte que ça fait un an et demi qu’on est toujours scotchés l’un à l'autre, que j’ai plus que toi comme amie, que j’ai plus aucun lien social avec le monde extérieur… Que ce voyage tous les deux m’a permis de prendre conscience de certaines choses… Tu sais Clem, dans quelques semaines on risque d’être séparés pour un long moment, on pourra plus prendre le café ensemble le dimanche, se voir quand ça va pas, quand on en a envie… Et j’ai peur…
- Peur de quoi? On s'appellera souvent, on se verra pour les vacances, puis y’a la visio aussi…
- C’est pas pareil… Déjà demain soir, on sera chacun chez nous… On vient de passer deux nuits à dormir ensemble… Et même si la dernière a été agitée pour moi, je me sentais bien…
- Je… Je sais Juss… Je me pose des questions aussi… Depuis un long moment… Mais j’ai pas envie d’y penser maintenant, je veux juste profiter encore de ces deux jours avec toi…
- T’as encore raison… C’est chiant à la fin… Bon, on file? Dans trois kilomètres on est à la Fontaine, pas besoin de se changer, on fait juste un arrêt à l’épicerie pour acheter de quoi manger.
Nous rejoignons les rives de la Sals et la Fontaine des Amours. Cette succession de bassines et de vasques naturelles, creusés par la rivière, est encore tranquille à cette heure de la journée et nous en profitons pour faire trempette, glissant de l’une à l'autre, nageant dans l’eau fraîche du bassin principal.
Après le repas, nous prenons un dernier bain de quelques minutes, avant de quitter les lieux à l'arrivée de la foule, pour boucler les dix derniers kilomètres de cette semaine magique et rejoindre notre terminus, Rennes-le-Château, où nous passerons une bonne partie de notre dernière journée dans la région.
Nous y sommes attendus par les propriétaires du château des Hautpoul, qui nous ont gentiment proposé de bivouaquer sur un terrain où ils cultivent un potager et qui est équipé d’un forage pour l’eau courante, ainsi nous pouvons nous rincer rapidement une fois le camp installé.
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