Mars 2013
Après l’annulation de la Saint Valentin et malgré la montagne de travail sous laquelle elle croule, Clémence me retrouve en Avignon pour mes dix huit ans, que nous devons fêter en compagnie de Caroline et des copains de la bande. Deux mois que nous ne nous sommes pas vus, la fin de notre séparation, sur le quai de la gare d’Avignon est une nouvelle fois émouvante et le long baiser qui s'ensuit met en lumière le manque ressenti et la joie de ces retrouvailles. Rapidement, j’attrape son sac à dos dans lequel elle a fourré ses quelques affaires pour le weekend, sa main que je serre dans la mienne et nous filons à pied le long des remparts pour rejoindre mon petit studio.
- C’est minuscule, je comprends que tu sois tout le temps en vadrouille… Je sais pas comment tu fais…
- Comme je peux… Plus c’est petit, moins ça fait vide quand je suis seul…
- Juss… Ne remet pas le sujet sur le tapis, j’ai pas envie d’avoir ce genre de discussion ce weekend… Je veux profiter de toi…
- Ok… Pardon…
- Je vois que t’as mis mon cadre bien en évidence… Merci… Je suis contente…
- Ouais… Ça décore un peu… Et j’ai ajouté une photo de Noël à côté, comme ça j’ai l’impression que t’es toujours un peu là, avec moi…
- Oui… Puis si t’invites une fille, elle voit bien que t’es pas libre…
- J'invite pas de filles ici, c’est trop triste et trop petit…
- C’est bien aussi…
J’avais profité de mon après midi pour cuisiner un bon plat de lasagnes que nous dégustons après avoir visité mon lit et la salle de bain en moins de deux heures. Puis nous sortons déguster une gaufre à quelques rues de chez moi, avant une petite balade digestive au pied des remparts.
Le lendemain, je lui fais visiter la ville: le Palais des Papes, le Pont d'où je lui montre l’île de la Barthelasse juste en face et l’île de la Motte au loin et le musée Calvet, nous allons aussi jusqu’à l’Université, avant de rentrer nous préparer pour sortir retrouver mes amis.
La soirée du samedi est l’unique moment que nous n'avons pas passé en tête à tête, ce sera peut être mon seul regret quand je vois de quelle façon Clémence a été accueillie. Immédiatement, tous lui ont montré beaucoup d’attention, n’hésitant pas à se renseigner sur ses études, essayant de la faire participer à la discussion. Pour finir la soirée, nous nous installons dans un pub pour boire quelques bières avant de nous quitter.
- Justin, je sais qu’on est pas potes depuis longtemps, mais on voulait te faire un petit cadeau pour marquer le coup, alors voilà, de la part de nous cinq, d’Amy et de Christophe.
- Fallait pas… Je suis déjà content de passer cette soirée avec vous, de retrouver Clémence… Le reste ça compte pas…
- C’est pas grand chose, juste pour te montrer qu’on est heureux de te compter parmi nous…
Pas grand chose, mais quand même, “Histoire d’Avignon” est le livre référence pour découvrir l’histoire de la cité et puis c’est un livre et ça suffit à me faire plaisir.
- Merci les copains… Mon coeur, je vais pouvoir connaître la ville par coeur, et la prochaine fois que tu viens, je te servirai de guide…
- Je suis pas sûre que t’ai besoin d’un livre… T’en sais déjà beaucoup…
- Justin, la tête et les jambes…
- Tu parles Dav’, t’es au moins aussi calé que moi dans les deux matières… En tout cas merci à tous les cinq pour la soirée, ça fait du bien de sortir un peu. Mais là je suis crevé, et j’ai plus l'habitude de boire autant, je crois qu’on va aller se coucher. Bonne fin de soirée.
- Merci à tous pour Justin, je suis rassurée de savoir qu’il est si bien entouré.
Clems semble sincère, elle n’avait pas beaucoup parlé ce soir malgré toutes les questions, je reconnais que ça a du être compliqué pour elle de se retrouver au milieu de nous qui passons toutes nos journées ensemble depuis deux semaines.
- Ma puce, t’es sûre que ça va? T’as boudé toute la soirée…
- J’ai pas boudé, mais je suis crevée. Puis Caroline… T’as vu comme elle te bouffe des yeux?
- Tu te fais des films Clems… T’es fatiguée, c’est tout… Puis rien que son prénom… Je pourrais pas… Impossible
- T’as raison, j’avais pas fait le rapprochement… La distance, la fatigue, ça me joue des tours, pardon mon coeur.
- Allez au dodo… Et demain grasse matinée crapuleuse!!!
- Tu veux pas ton cadeau avant?
- Un week end avec toi et une grasse mat’ dans tes bras, ça me suffit comme cadeau…
- T’es bête! Tiens… Joyeux anniversaire mon amour.
Elle me tend un petit paquet, dans lequel je trouve, en ouvrant, un bracelet en argent, quasiment identique au sien.
- Wahou… Il est trop beau…
- Regarde à l'intérieur… Lorsque je retourne le bracelet je peux y lire “J et C: : 2.5.2008 - ∞”
- Merci… Je t’aime ma puce… Amis pour la vie?
- Je t’aime mon coeur… Amis pour la vie… Et plus si affinité.
- Et plus si affinités…
Le lendemain, nous ne quittons le studio et mon lit que pour grignoter quelques restes et raccompagner Clems à la gare en fin d’après midi, où notre séparation est aussi triste que nos retrouvailles ont été joyeuses. Je la tiens contre moi, jusque sur le quai, l’embrasse une dernière fois avant qu’elle ne monte dans son wagon et lorsque le train démarre, les larmes inondent tellement mes yeux que je ne la distingue plus…
“ Bien arrivée chez moi, tu me manques déjà. Je t’aime…”
“ Le train n'était pas encore parti, tu me manquais déjà… Je t’aime.”
Deux heures à peine après son départ, elle me rassure avec ce message que je déchiffre entre les larmes, alors que Caro et Claire m’ont rejoint chez moi. Si Clems savait…
- Ça va aller Juss?
- C’est comme à chaque séparation, on le sait, on a beau s’y préparer, c’est toujours le drame… Je sais que là, elle a dix semaines de stage, et qu’elle pourra pas quitter Montpellier. Le week-end de Pâques, je vais sûrement la rejoindre pour passer trois jours ensemble, c’est toujours ça… Merci Clairette…
- M'appelle pas comme ça… C’est moche…
- Merci les copines… Ça me fait du bien de pas être seul…
- C’est normal Juss, on serait vraiment des conasses de te laisser seul, dans ces moments là… Ca se voit que vous avez une relation spéciale tous les deux, que vous êtes vraiment proches, c’est beau ce genre de lien, surtout entre un mec et une fille…C’est pas banal…
- Puis quand on te connait, qu’on sait ce que tu as vécu…
- Ah… T’es au courant toi aussi?
- On est tous au courant… Caroline nous à tout raconté…
- Tu m’en veux pas au moins?
- Non, ne t’inquiètes pas… Au moins vous me comprenez maintenant et ça m'évite d’avoir à le faire, de me replonger dans ces mauvais souvenirs… Merci…
On a passé un long moment ensemble, à discuter de tout et de rien, j’en ai profité pour en apprendre un peu plus sur les membres de la bande, où ils vivent, d’où ils sont originaires. J’ai réalisé que j’avais besoin d’avoir des amis ici, ne serait-ce que pour arrêter de penser constamment à Caro, à Clémence et à notre avenir…
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