Juillet 2014
Les derniers mois ont filé à une vitesse folle, quelques partiels, le bal de promo, l’attente des résultats, ma demande de passeport. Nous passons un nouveau weekend à Lézan début juin, pour l’anniversaire de Clémence, lors duquel je retrouve avec plaisir Cécile, Léa, Fabien, Aurore et Nicolas.
Nous sommes déjà à l'heure des au-revoirs, ces deux mois promettent d'être longs, loin de mes amis, aussi nous décidons de nous retrouver dès le weekend du 14 juillet, à Lézan. Je leur ai déjà réservé la place dans le garage qui se transformera en dortoir le temps d’un weekend, ainsi que la veille de mon départ pour les States, en Avignon.
La séparation avec Amy est douloureuse, j’ai beau avoir eu le temps de m’y préparer depuis plusieurs semaines, savoir que dans un mois nous nous retrouverons de l’autre côté de l'Atlantique, je ne peux retenir mes larmes alors que son train s’éloigne du quai.
Le retour à Lézan est un vrai calvaire, Clémence n’arrivera que la semaine prochaine, avec Nicolas, celle que j’aime doit prendre l’avion pour retourner chez elle, mes amis restent sur Avignon pour la plupart et j’aurai voulu profiter de leur présence pour soulager ma peine, je suis soudainement envahi par un immense sentiment de solitude et de vide.
Je passe les deux premiers jours à errer au gré des chemins et sentiers de ma campagne Cévenole sous la chaleur écrasante de ce début d’été avant de me rendre à Alès le lundi matin pour prendre mon poste à la communauté de communes Alès Agglomération, pour le mois de Juillet. Je passe cette journée avec la responsable du pôle culture et jeunesse, qui m’explique dans les grandes lignes mon boulot et me donne mon planning hebdomadaire, cinq jours, cinq accueils de loisir, dix ateliers lecture par semaine, à moi de trouver comment intéresser les enfants avec un projet.
Pour les plus grands, l'après-midi, je décide de travailler sur la lecture et l’expression en public, je leur propose de choisir un texte parmi un catalogue de poèmes, de le lire et d’expliquer leur choix à leurs camarades et pour ceux qui le souhaitent, de le présenter dans une version slamée, que nous mettrons en musique, devant les parents lors de la fête organisée en fin de mois.
Pour les plus jeunes, pendant les ateliers du matin, nous travaillons sur l'illustration de petits poèmes, de petites histoires que je leur lis et que nous exposerons aux parents lors de la dernière journée.
Je découvre enfin la joie de partager, d’échanger avec les enfants, sans avoir un rôle d’enseignant, mais plutôt de grand frère. Avec les tout petits, âgés de quatre à huit ans, je passe de sacrés moments de rigolade lorsqu’il faut leur expliquer l’exercice et leur faire réaliser l'illustration en lien avec le texte du jour, aussi je décide d’abord de leur faire dire avec leurs propres mots ce qu’ils ont compris et de le dessiner dans la foulée. Avec les plus grands, le travail est tout aussi intéressant, assez différent: il faut leur donner l’envie d’oser s’exprimer en public, d’accepter de bafouiller, d’oublier le texte ou de se tromper, puis apprendre à trouver le bon rythme, à créer. Mais la manœuvre va aussi dans l’autre sens, accepter que l'autre se trompe, sans se moquer, mais en l’aidant si on a la réponse, tout en lui laissant le temps de réfléchir.
Tous les soirs, j’ai droit a mon appel vidéo avec Amy, nous nous racontons nos journées, nos joies, notre impatience de nous retrouver outre-atlantique, nos tristesses, surtout pour elle qui vient de perdre sa Grand-Mère. Je m’en veux de ne pas être là pour la consoler, la serrer dans mes bras, je sais qu’elle y tenait beaucoup et se faisait une joie de notre future rencontre alors je fais mon possible pour la réconforter à distance.
Le weekend du quatorze, je retrouve toute la troupe chez mes parents, où nous installons rapidement le campement dans le garage, avant de filer sur les bords du Gardon pour nous rafraîchir et passer un moment agréable. Les discussions vont bon train sur nos petits boulots, l’une dans une librairie, l’autre à la médiathèque, une autre, comme moi en accueil de loisir, nous échangeons sur nos expériences et tout le monde semble trouver mon projet très intéressant.
Le dimanche soir, nous profitons du magnifique feu d’artifice à Anduze avec Clémence et Nico, puis du bal sur le parking du Gardon pour passer une bonne soirée. Je me rends vite compte que les quelques mots glissés lors de mon anniversaire n’ont eu aucun effet néfaste sur notre relation, Nicolas me semble toujours aussi avenant et notre relation est très amicale.
- Alors mon Juju, des nouvelles de ta moitié?
- Ouais… Elle va pas fort, elle vient de perdre sa grand-mère et elle a du mal à reprendre le dessus. Je m’en veux de pas être à ses côtés alors qu’elle a besoin de réconfort. Je sais ce que c’est de perdre quelqu’un qu’on aime…
- Je comprends et je suis sûre qu’elle aussi, mais dites-vous que dans quinze jours vous allez vous retrouver et vous rentrerez ensemble ici. Puis on va repartir en terre Cathares, retrouver François et Marinka, retourner à Rennes…
- Là ça va être compliqué…
- C’est sur… Mais on prendra le temps pour en profiter, tous les deux… Puis ce sera pas pareil…
- Ben on fera le même parcours, on dormira aux mêmes endroits, on visitera les mêmes choses… Je vois pas la différence…
- On sera quatre et on a plus la même relation toi et moi…
- Chut… C’est pas le moment…
- Pardon… Je croyais que…
- Ça change rien… Ça reste un échec qui nous a fait souffrir… Je m’en veux encore…
- Hey Justin, c’est pas parce que t’es seul ce soir que tu dois me piquer ma copine!!!
- Mon coeur, ferme-là, c’est pas le moment…
- Pardon…
- C’est rien Nico, je comprends. Tu peux la récupérer d’ailleurs…
- T’es sur Juss?
- Mais oui, amuse-toi un peu, profitez-en…
Après ce weekend fort récréatif, je retourne au boulot reboosté par les bonnes ondes reçues tout au long de ces deux jours et retrouve Clems et Nico tous les soirs pour commencer notre préparation physique. Il en avait beaucoup plus besoin que nous, grand et un peu enrobé, je comprenais ce que Clems lui trouvait avec son petit ventre confortable et hormis ça, les cheveux longs et mes décorations corporelles, notre ressemblance était assez frappante.
- Vous êtes deux grands malades! Je comprends mieux pourquoi vous vous entendez si bien…
- Non mais là c’est juste la reprise, faudra qu’on se teste vraiment pour voir où en est…
- Comme si vous aviez besoin de vous entraîner!!!
- Par contre toi mon chou, va falloir que tu t’y mettes sérieusement…
- Et Amy? Elle est dispensée de torture?
- T’es jaloux? Je suis sûre que Juju lui a préparé un bon petit programme…
- Exact et je veille à ce qu’elle le respecte à la lettre. Allez on fait la course pour rentrer les amoureux?
- Chiche?
- Tu vois, t’es contaminé!!!
Je démarre au sprint, sans me retourner, au milieu des champs, bifurque à droite puis à gauche suivant le sentier qui rejoint le chemin du Trinquier et l’asphalte où je stoppe pour les attendre quelques instants.
- T’es pas si rouillé finalement mon coeur…
- Tu… Parles… Vous allez… Me faire… Crever…
- Joli sprint Juss… Et à peine essoufflé!!!
- Allez! On rentre tranquille et un peu de statique pour voir…
Après seulement une série d’abdos et une de pompes, Nico abandonne, alors que Clems semble vouloir tester ma résistance en enchaînant les séries d’exercices. Finalement ma force mentale aura raison de sa résistance physique et c’est elle qui craque avant moi, alors que je suis aussi à bout de forces.
- Hello Darling, how are you? (Hello Darling, comment vas-tu ?)
- Totally slammed… Training was tough today… ( Complètement claqué... L'entraînement a été intense aujourd'hui…)
- I see it… You were with Clems and Nico? (Je vois... Tu étais avec Clems et Nico ?)
- Yes. We wanted to test him... He still has work to do, but it's not so bad… And Clems tries to test me too, but she loses. On your side, how is it going? (Oui. On a voulu le tester... Il a encore du travail, mais ce n'est pas si mauvais... Et Clems a essayé de me tester aussi, mais elle a perdu. De ton côté, comment ça se passe ?)
- Not so bad, five miles of running and three sets of each exercise and I lost three pounds too… I’m so proud… (Pas si mal, cinq miles de course à pied et trois séries de chaque exercice et j'ai aussi perdu trois kilos... Je suis si fière…)
- Congrats my love… But that's enough, where am I going to sleep now? (Félicitations mon amour... Mais ça suffit, où est-ce que je vais dormir maintenant ?)
- On my boobs… Maybe… (Sur ma poitrine... Peut-être…)
- Alright… I’m okay with this… (Très bien... Je suis d'accord avec ça... )
- I miss you Justin, your arms, your skin, your mouth, your… hum…(Tu me manques Justin, tes bras, ta peau, ta bouche, ton... hum…)
- I miss you too, my love, your lips, your kisses, your eyes as deep as the ocean. (Tu me manques aussi, mon amour, tes lèvres, tes baisers, tes yeux aussi profonds que l'océan.)
- Et le boulot? Ça se passe toujours aussi bien?
- Oui, je t’enverrai des photos et je filmerai les grands, ils sont super et je crois qu’il se sont éclatés. Ils vont vraiment me manquer… Et toi, tes cours de Français?
- J’adore… Grâce à toi, j’ai une autre approche, en fait j’applique un peu ce que tu fais, on lit les textes, ils expliquent en anglais ce qu’ils ont compris chacun leur tour et on essaye de le faire tous ensemble en français ensuite.
- Good job Sweetie. Well, I'll leave you. I need a good shower and a good beer... See you tomorrow honey… (Beau boulot, Sweetie. Bon, je vais te laisser. J'ai besoin d'une bonne douche et d'une bonne bière... A demain, chérie... )
- See you tomorrow honey, luv you.
- Luv you too.
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