Août 2015 (4/4)
Je suis soulagé de retrouver mon hôte, qui m’attend avec le sourire.
- Salut Justin. T’as fait bonne route?
- J’ai dû me résoudre à faire une partie de la descente dans la benne d’un pick-up, mais sinon, c’était magnifique, tout comme les trois autres cols. Vous vivez dans une région vraiment superbe et taillée pour les cyclistes.
- On a de quoi faire, mais pas assez de temps pour… L’hiver aussi c’est magnifique, la neige, le calme, on en profite pour skier. Faudrait que tu reviennes nous voir à cette saison.
- Pourquoi pas…
- On rentre?
- Avec plaisir, j’ai besoin d’une bonne douche et de me poser un peu…
- J’ai un truc a te proposer, on passe à la maison, on enfile un maillot de bain et je te mène te baigner.
- Ou ça? Pas dans la Durance, c’est beaucoup trop froid!!!
- Non, mais on a des sources d’eau chaudes pas loin, entre 26 et 28°C.
- C’est tentant…
C’est ainsi qu’une heure plus tard nous trempons dans un bassin de pierres, dans un eau tiède, salée et légèrement pétillante. L’endroit est très atypique, en fond de vallée, avec un panorama sur les montagnes environnantes, au milieu de prés salés. J’apprends que cette source a été, depuis l’antiquité, sujette à des conflits entre les différentes communes, à différents projets d’aménagement à but commercial, mais est finalement restée presque comme à l'origine de sa découverte et de ses premiers aménagements. Cette eau aurait des vertus thérapeutiques pour soigner maladies de peau et articulaires, dans mon cas, la baignade me soulage des douleurs musculaires qui me suivent depuis quelques jours.
- C’est super agréable, je suis étonné que peu de gens nous imitent.
- Même si l’accès est libre et si des aménagements ont été réalisés, ça reste un coin assez “secret”. Mais ça risque de ne pas durer. A part ça, ton ressenti sur ton voyage?
- Je me suis éclaté, les paysages sont somptueux, les gens très accueillants et sympathiques, je vais garder un super souvenir. Physiquement, c’était un peu dur parfois, mais en gérant bien mes efforts j’ai réussi à atteindre chacun des sommets. Mentalement… J’ai pas trop eu le temps de penser… A part hier à midi, j’ai fait une petite rechute…
- C'est-à-dire?
- J’ai pris le temps de me poser au sommet de la Bonnette, et j’ai repensé à Amy et Clems… Je leur ai même envoyé un message pour leur dire qu’elles me manquaient. Puis je me suis souvenu de ce que tu m’as dit samedi quand on grimpait ensemble et je l’ai appliqué. Ça a assez bien fonctionné. Je te remercie encore pour ce précieux conseil.
- De rien, je comprends que ce que tu as vécu t’ait traumatisé, je suis un peu dans le même cas.
- Même si c’est moins grave que ce que t’as eu à vivre…
- Ça dépend de la sensibilité de chacun aux événements… Les faits sont moins graves, mais tu y es peut être plus sensible… C’est pas un concours, tu sais, au centre, par exemple, j’ai côtoyé des personnes qui avaient pété les plombs après une simple séparation amoureuse, et qui ont mis des années à en guérir. Chacun vit les événements à sa façon, j’aurai eu beaucoup plus de mal dans ton cas, savoir que Cess était toujours vivante, mais qu’on soit séparés pour toujours, ça m’aurait totalement détruit, je comprends que t’ai voulu en finir.
- Je crois que si Caro était… Décédée… J’aurais tout fait pour ne pas me louper… La savoir en vie, même loin de moi, même si je ne dois plus jamais avoir de ses nouvelles, c’est un soulagement.
- Et Clémence?
- Elle est vivante, je sais où elle est, j’ai de ses nouvelles presque tous les jours, j’ai aucun souci à me faire pour elle, comme pour Amy… Pourtant elles me manquent toutes les trois, autant les unes que les autres. Je crois que c’est plus le sentiment de solitude, d'abandon, d’échec qui est difficile à vivre pour moi, que l’absence… Ou alors le doute sur nos avenirs ensemble…
- Je comprends… J’ai pas vraiment eu le temps de m’en rendre compte, j’ai rencontré Charlène alors que j’avais pas encore fait mon deuil de Cess… C’est grâce à elle que j’y suis arrivé d’ailleurs…
- Ça me fait du bien de discuter avec toi, cette façon que tu as de chercher toujours à voir le côté positif des choses, tu me fais penser à Claire, une de mes copines de fac.
- Ça n'a pas toujours été le cas, crois moi, c’est beaucoup de travail sur moi-même…
Nous passons une nouvelle fois la soirée sur leur terrasse, autour d’un énorme plateau de charcuteries et de fromages locaux et d’une bonne bouteille de vin rouge.
Le lendemain avant de quitter la région, je dis au-revoir à mes hôtes avec une pointe de tristesse, en leur promettant de leur donner de mes nouvelles et de leur rendre de nouveau visite dès que possible pour visiter la région en leur compagnie.
Sur la route du retour, les images de mon périple bousculent les souvenirs, discuter avec Louis m’a fait du bien, comprendre que d’autres jeunes hommes de mon âge ont vécu un drame similaire m’aide à relativiser. Mais surtout, la réussite de mon défi me donne un sacré coup de pied au cul.
Salut les loulous!
Fin de mon voyage dans les Alpes. J’en garde une tonne d’images magnifiques et de superbes souvenirs. J'ai encore pu discuter un bon moment avec Louis hier, pendant un bain dans des sources d’eau chaudes et sa vision de la vie est une ode au bonheur.
Je viens tout juste de retrouver mon chez-moi et l’envie de repartir est déjà présente, mais je dois avant tout me reposer et faire réviser mon vélo qui a souffert de la difficile montée du col du Parpaillon.
Merci de m’avoir suivi, je vous donne rendez-vous dans quelques jours en compagnie de Clems pour une semaine de vacances sportives.
Voilà le retour en images sur mon voyage en altitude et le lien vers les traces GPS pour ceux qui auraient l’envie ou l’inconscience de m’imiter.
Je remercie du fond du cœur Cha et Loulou pour leur accueil et le gardiennage de la voiture, Joël pour le cours de forge, Ben et Jean pour le trajet dans la benne du pick-up et tout ceux que j’ai pu croiser au long de la route.
A bientôt les Copaings. Je vous adore!
Clems, Nico, je vous attends de pied ferme avec un super programme.
Mister J.
Lorsque Clem et Nico débarquent, pour la dernière semaine d'Août, je ne suis pas encore totalement remis du départ d’Amy, convaincu qu’il y a toujours un retour en arrière possible, ni de mon périple dans les Alpes, mais je veux profiter de cette dernière semaine de vacances.
Nous la passons à découvrir et visiter les environs, je les emmène dans les calanques où nous passons une journée magnifique, nous visitons quelques villages du Luberon, Apt, Bonnieux, Lourmarin. Je leur fait découvrir Aix et les environs de la Sainte Victoire, mes bars préférés, nous passons une journée à la plage avec Alizée, une fille rencontrée quelques jours auparavant, avec qui j’aurai le plaisir de partager une seconde nuit torride. Je ne tenais pas spécialement à l'emmener avec nous mais j’en avais assez de tenir la chandelle, elle a de la conversation, elle est cultivée et c’est largement suffisant pour moi en ce moment.
Jeudi soir, Nico est de corvée de cuisine et nous lézardons au bord de la piscine avec Clems, je suis content de passer ces quelques minutes avec elle, de pouvoir enfin discuter seul à seul.
- Elle est pas là ce soir?
- Qui ça?
- Ta greluche…
- Pour quoi foutre?
- J’sais pas… T'occuper cette nuit…
- Tu me fais quoi? T’es jalouse?
- Non, contrariée… C’est pas toi ça Juss, c’est pas celui que je connais et que j’ai aimé…
- J’ai pas changé pourtant… J’ai pris trois claques monumentales en quatre ans… Et la dernière, je m’en suis pas encore bien remis…
- Et c’est une raison pour traiter les filles comme ça?
- J'm'en fous tu sais. Tout ce que je me dis c'est que tout peut s'arrêter, à tout moment, comme avec Caro. Surtout au moment où on s'y attend le moins. Alors j'attends plus rien, je le vis, on verra bien. J'm'en fous des regards des autres. Et puis, je vais te dire : qu'ils me regardent, et qu'ils en fassent de même d'ailleurs... Ils verront à quel point on est bien quand on s'en fout…
- T’es flippant Justin des fois… Je te jure…
- Elles sont au courant du deal, tu sais, avant même de boire un coup ensemble, elles savent pourquoi elles sont là... Pas de mauvaises surprises, pas d’entourloupe… Clems, ça fait des semaines que je ris pour ne pas pleurer, que je suis en action toute la journée pour ne pas penser; mais quand vient l'heure de me coucher, les souvenirs reviennent et les larmes coulent quand je suis seul. Alors avoir une présence, même ponctuelle, ça m’évite tout ça.
- Je comprends mieux… Je suis désolée de t’avoir jugée…
- C’est pas grave, je t’en veux pas et je vais même te dire, t’as certainement raison… J’en suis pas spécialement fier tu vois… Mais entre ça et la solitude, j’ai choisi…
- Mais tu ne guériras pas en flirtant avec tout le monde pour combler le vide. Tu guériras dans ces moments de solitude. Tu ne guériras pas en te noyant dans le divertissement, les soirées. Tu guériras quand tu comprendra qu’il faut que tu prennes soin de toi.
- Possible…
- Et les autres? Ils deviennent quoi?
- Caro et Claire sont à l'ESPE d’Avignon, Dav’ bosse dans une librairie du centre ville, les Jums sont sur Lyon maintenant en master et Christophe n’a plus donné signe de vie depuis le dernier jour de cours…
Un bon repas sur la terrasse et une bonne douche, puis nous filons au centre-ville boire quelques verres au Four Courts, sur le Cours Mirabeau. L’ambiance est encore festive malgré le départ de nombreux touristes et j’ai droit à quelques coups de coudes dans les côtes lorsque mon regard s’attarde un peu trop sur certaines jeunes femmes.
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