Août 2017 (1/2)

7 minutes de lecture

“Je suis dingue de la vie quand je te vois rire.

J'ai, à cet instant, juste devant moi, la plus belle vue

Et la meilleure mélodie du monde...

Quand j'te vois rire, j'suis dingue...

Et pas que d'la vie.

Je t’aime Clémence…”

Voilà un mois que je navigue entre Lézan, Avignon, Aix et Montpellier, au gré des jours de repos de Clémence et de mes envies. Un mois qui est passé à une vitesse folle, chaque journée ensemble apporte son lot de joie, de plaisir et chaque journée seul me laisse le temps de préparer les séquences d’enseignement prévues pour l’année prochaine. Lorsqu’elle bosse de nuit, je l’attends devant la sortie des urgences au petit matin avec des viennoiseries et nous passons une grande partie de la journée au lit. Tandis qu’elle se repose et dort allongée contre moi, la tête sur mon torse, je m’offre de longues séances de lecture ou de documentaires à la télévision.

Les deux prochaines semaines nous retrouverons nos villages et nos parents, nous allons devoir faire preuve de discrétion, hors de question de révéler au grand jour nos retrouvailles tant que je n’ai pas reçu mon affectation pour l’année prochaine.

Même si je songe vraiment à me rapprocher de Montpellier pour pouvoir profiter au maximum de Clémence, je n’ai pas vraiment envie de quitter mon petit cocon Aixois dans lequel je me sens vraiment bien.

Nous passons les premiers jours de nos vacances entre Anduze et Lézan, profitant de la fraîcheur relative des matins pour aller courir ou rouler et de la chaleur des après-midis pour nous baigner dans l’eau fraîche du Gardon, choisir des coins tranquilles pour nous câliner longuement. Mais au bout de quelques jours de cache-cache avec nos parents, la coupe est pleine et nous ressentons le besoin de passer plus que nos journées ensemble, de partager plus que des étreintes, passionnées, mais trop courtes au bord de l’eau ou cachés dans la campagne.

C’est ainsi que nous décidons finalement de rejoindre Aix et mon appartement pour quelques jours de randonnée aux alentours, Clémence prétextant vouloir découvrir la région et changer d’air.

Après une première nuit pendant laquelle nous pouvons de nouveau profiter pleinement de partager le même lit, nous prenons la direction du petit village de Quinson et le cœur des gorges du Verdon, pour les deux jours suivants.

Notre première randonnée nous conduit dans les basses gorges, le long de l’ancien canal de Marseille. Le départ est assez tranquille, plat, à l'abri des falaises, le long de la rivière qui nous éblouit de ses reflets émeraudes, après deux heures de marche, nous grimpons sur le plateau pour rejoindre la chapelle Sainte-Maxime où nous pic-niquons à l'ombre des chênes. Le retour à la voiture se fait par un large chemin en sous bois et une jolie descente très agréable.

Nous terminons l'après-midi par une baignade dans le lac d’Artignosc, au bord duquel nous plantons notre tente pour la nuit. Pour le calme et la tranquillité, nous devrons repasser hors saison, avec le camping juste en face, mais l’endroit est très joli, agréable malgré l’agitation touristique.

- Tu vois, ça ressemble à un coin où j’aimerais être affecté, hors saison c’est assez calme, les itinéraires de rando sont nombreux, les lieux de baignade tout autant.

- On ferait comment tous les deux?

- Il doit bien y avoir un petit hôpital dans les environs…

- Mais pas de service d'urgence ou de réanimation et c’est ce que je veux continuer à faire…

- Enfin, ça ne sert à rien de faire des projets tant que j’ai pas mon affectation pour la rentrée.

- Oui, au jour le jour on a dit… En tous cas, merci pour la balade, c'est super agréable et très joli comme endroit…

- Tu verras demain, ce sera encore mieux.

La nuit reposante que nous passons nous laisse d’attaque pour le plus gros morceau, le sentier de l’Imbut, au départ de l'hôtel des Cavaliers entre Aiguines et Comps sur Artuby.

La première partie est une longue descente abrupte de trente minutes pour arriver trois cent mètres en contrebas, juste au dessus du niveau de l’eau, nous longeons ensuite le lit du Verdon, au fond du canyon, entre les falaises immenses, d’abord dans un sous bois magnifique puis le long des parois pour rejoindre le lit même de la rivière. Nous enchaînons les passages à flanc de falaise, sécurisés mais très impressionnants, en partie creusés naturellement par les eaux, et en partie réalisés par la main de l’homme. Après trois heures de marche, un arrêt au canyon du Styx et la grotte du même nom, nous traversons le Chaos de l’Imbut, enchevêtrement d'immenses rochers, qui nous obligent à escalader et à ramper. Nous nous installons sur deux rochers au lieu-dit le Baou Béni (Roche ou Falaise Bénite), pour pic-niquer et profitons de cette pause pour nous rafraîchir les jambes dans les bouillons.

L’endroit est majestueux, le Verdon, toujours émeraude, se faufile alors entre les deux falaises du canyon ne laissant aucun passage possible, le bruit des remous est assourdissant et nous devons presque crier pour nous parler.

Après le retour par le Chaos, nous rejoignons le sentier Vidal, la sortie des gorges est une véritable épreuve de force et la fatigue n'aide pas, nous frôlons plusieurs fois l’accident. La pente est raide dès le départ, le sentier est de nouveau creusé à flanc de falaise mais le panorama est magnifique. L’ascension s’effectue à l’aide d’un câble métallique, au coeur de la roche pour aboutir dans un bois et une sente en zigzag, puis nous empruntons un nouveau passage câblé pour arriver à une échelle métallique suivie d’une dernière escalade avec un nouveau filin d’acier, grosse difficulté finale. Après plus d’une heure et demie d’efforts, nous débouchons sur la route départementale et nous accordons une longue pause, les jambes tremblantes, tétanisées par l’intensité de la montée acrobatique.

La fin est plus tranquille après la dernière côte sur un chemin raide, mais praticable et la légère pente descendante nous ramène paisiblement à la voiture à l’ombre d’un bois.

- Putain, je vais bien dormir ce soir…

- C'était chaud par moment…

- Mais ça valait le coup, je crois que mes photos vont te plaire. T’as connu cette rando comment?

- Bernard m’en a souvent parlé, c’est un de ses coins préférés, alors je me suis renseigné, j’ai regardé des photos et je me suis dit que je pourrais venir y faire un tour un de ces jours.

- En tout cas, le coin est magnifique.

- On y reviendra, sur l’autre rive et en remontant le Verdon, y’a une autre rando à faire, mais faut prévoir le retour en voiture.

- T’as prévu quoi pour ce soir?

- Rien… On est à une heure et demie de la maison, je te propose de prendre un petit bain dans le lac de Sainte-Croix, pour nous rincer et on verra après. On trouve un endroit pour manger et on improvise, on plante la tente dans un coin au bord de l’eau ou on peut rentrer à la maison.

- J’aime bien quand tu me dis “A la maison”, comme si on vivait déjà ensemble…

- Le plus tôt possible, je te le promets…

Nous reprenons la route sur une dizaine de kilomètres et trouvons une petite plage isolée où nous nous installons. Abrités par les bosquets, nous en profitons pour nous baigner, nus, dans l’eau fraîche du lac. La différence entre la fraîcheur mordante de l’eau limpide et la douce chaleur de son corps est saisissante, immédiatement, alors que ses jambes se nouent autour de ma taille, l’envie est plus forte que la raison et elle vient s’empaler sur moi. Lentement, soutenue par mes mains, son bassin ondule et sa tête bascule en arrière dans un soupir de plaisir.

Lorsqu’elle rend les armes dans un cri puissant, un immense sourire illumine son visage baigné par les rayons du soleil et elle vient se blottir contre moi sans me laisser quitter sa tiédeur, je prend le relais pour finir par, moi aussi, atteindre l’extase, ses dents imprimées dans mon épaule.

Je quitte à regret le doux écrin dans lequel elle tente de me retenir, en grognant un “non” de mécontentement, mais la fatigue de la journée m'empêche de soutenir son poids plus longtemps. Immédiatement après sa chaleur, la fraîcheur de l’eau vient me saisir et je sors de l’eau en claquant des dents suivi par mon amante qui s’entoure de sa serviette avant de venir se blottir contre moi.

- T’es sur que ça va aller?

- Je te dirai ça quand j’aurai repris mes esprits et mes forces.…

- J’aime quand on fait l’amour comme ça, spontanément et là en pleine nature, c’est encore plus excitant…

- Ça me plait aussi… Surtout quand tu viens t’enrouler autour de moi comme ça, que je peux accompagner tes mouvements et choisir jusqu'où je vais.

- J’aime sentir tes mains sur mes fesses, qui me soulèvent, qui me guident. Je peux m’abandonner complètement, me laisser aller.

- On se rhabille et on file?

- Avec plaisir.

Sur le retour, nous nous arrêtons dans un petit snack en bord de route, juste à côté d’une ferme. Nous y dégustons chacun une assiette de grillades locales arrosées d’un verre de rosé avant de rentrer “chez nous”.

Après ces deux jours intenses, nous décidons d’une journée de farniente au bord de la piscine en compagnie de Julie qui est la seule au courant de notre nouvelle histoire, avec François et Marinka bien évidemment.

- Je suis heureuse pour vous, de vous retrouver souriants et heureux. Vous m'en dites plus?

- Y’a pas grand chose à raconter, on s’est retrouvé c’est tout. Retourner sur les traces de notre passé, à Rennes-le-Chateau, reprendre le même chemin, se retrouver aux mêmes endroits, ça a réveillé des souvenirs et des envies…

- Puis Justin, il est tellement craquant quand on le connaît et les piercings, les tatouages, ce style un peu bourru, ça me fait fondre.

- Je crois qu’au fond de nous, on savait qu’on allait se retrouver, on avait besoin d’un break, de terminer nos études, de nous poser et de mûrir un peu.

- De nous casser la gueule aussi…

- Et la suite?

- La suite c’est demain… Après on verra bien où ça nous mène…

- Mais vous envisagez pas de vous installer ensemble, je veux dire, vous vous connaissez, c’est pas nouveau vous deux.

- Tant que j’ai pas mon affectation pour la rentrée, on peut rien prévoir, mais si c’est possible bien sûr.

- C'est cool ça… Je vous le souhaite…

- Nous aussi…

La réponse collégiale nous fait sourire, signe que rien n’a vraiment changé entre nous.

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