Décembre 2017 (2/3)

6 minutes de lecture

Le lendemain, le temps maussade est de sortie, ce qui ne freine pas mon envie de partir retrouver les champs et les bois de mon enfance, au rythme de mes foulées, comme à mon habitude. Je confie Clara à ma mère, le temps d’aller me défouler sous la fine pluie froide.

Mal m’en a pris puisqu’après avoir été surpris par un pierre rendue glissante par l’humidité, ma cheville droite décide de m’abandonner et je m'étale copieusement dans la boue après seulement trois petits kilomètres.

- Allo, Justin?

- M’man tu peux prendre ma voiture et venir me chercher?

- Tout va bien? Où es-tu?

- Je suis dans le petit bois de Costelongue, je me suis tordu la cheville et je suis tombé, mais je devrais arriver à descendre au bord de la route .

- Tu préfères pas que j'appelle les pompiers?

- Non, c’est rien. Une petite entorse je pense et quelques bleus…

- On arrive. A tout de suite.

La descente jusqu'à la route est un vrai calvaire, à chaque mouvement du pied la douleur est intense et ma cheville me donne l’impression de ne plus me tenir, mon épaule gauche me fait souffrir. J’arrive en larmes au bord de la route où ma mère me récupère sous le regard inquiet de ma fille que je m’empresse de rassurer.

Après une consultation en urgence chez mon ancien médecin, au village, son diagnostic est peu rassurant et il préfère m’orienter vers l'hôpital d’Alès, pour des examens plus poussés.

J’en ressort aux alentours de midi, avec un pied qui a doublé de volume, une grosse entorse, des béquilles, une immobilisation pour trois semaines minimum avec une orthèse plutôt inconfortable et l’interdiction d’activité sportive pour au moins cinq semaines. Autant dire que les vacances commencent assez mal, mais que, selon le médecin des urgences, je m’en sors “pas trop mal” grâce à ma pratique régulière du sport qui a développé ma musculature et évité une blessure plus grave, malgré les nombreux traumatismes du passé.

Après un repas dans un restaurant asatique qui propose un buffet à volonté, nous décidons de passer l’après-midi au cinéma, et c’est Clara qui choisit le programme. Ainsi, nous découvrons avec plaisir ce qui est, selon moi, un des meilleurs Disney modernes: Coco. Les images sont magnifiques, colorées, le scénario émouvant et musicalement, je prends un plaisir énorme tandis que Clara en ressort silencieuse d'émerveillement.

Le soir, nous passons un petit coup de fil aux filles, auxquelles nous taisons mon accident, prenons le repas et je couche Clara qui s’écroule de fatigue avant de redescendre auprès de mes parents en grimaçant.

- Ça va aller?

- Mais oui, plus que demain et les filles arrivent.

- Tu leur a rien dit?

- Bien sûr que non, sinon, y’en a une qui m’aurait passé le savon du siècle et l'autre qui serait déjà arrivée à toute vitesse pour récupérer sa fille.

- Comment ça se passe entre vous trois?

- Bien, tu vois, Caro me laisse voir ma fille quand je veux, même si je fais attention de pas empiéter sur nos jours de repos en commun avec Clems, qui adore passer du temps et cuisiner avec Clara et les filles ont mangé ensemble hier soir à la maison, elles ont l’air de bien s’entendre.

- Ça me rassure, je savais pas trop comment ça allait se passer, ça m’inquiétait…

- C’est bon, il est grand, il peut gérer tout seul…

- Je gère rien du tout… Ce qui compte c’est Clara… Et que tout le monde soit content…

- Comme d’habitude quoi…

- Ben ça a plutôt bien marché jusqu’à maintenant, non?

- Oui…

Après une nuit compliquée, sans trouver une position vraiment confortable pour dormir, je profite du lever du jour sur mon balcon en attendant que la princesse quitte les bras de morphée. Je vois au loin les monts Cevenols qui se sont parés de leur manteau blanc et je suis déçu de ne pas pouvoir y emmener Clara jouer dans la neige et profiter de l’air pur.

Finalement nous optons pour le musée du bonbon Haribo à Uzès et même mon père nous y accompagne en souriant pour le plus grand bonheur de sa petite fille. Bien évidemment nous ne repartons pas les mains vides, mais je suis tellement dégoûté par ma blessure idiote, qui nous empêche de suivre le programme établi, que j’ai du mal à sourire.

- Mon coeur, qu’est ce que t’as foutu?

- Bonjour mon amour…

C’est Clara qui me devance en chantonnant.

- Papa il s’est cassé la figureuh!!!

- Ah bravo! première fois que je te laisse ta fille pour les vacances et tu finis en vrac! T’es vraiment pas doué!!!

- C’est rien, juste une petite entorse, dans trois semaines ça ira mieux.

- Trois semaines c’est pas une petite entorse! T’as pas fait semblant…

J’avais oublié que Clémence savait de quoi il en retournait…

- Comment tu t’es démerdé?

- J’ai glissé sur une pierre mouillée en courant mardi matin… Mais c’est rien, ça a déjà bien désenflé…

- Tu me montreras tes radios!

- Okay Doc’, mais d’abord on va accompagner Caro et Clara au gîte, on en reparle après… Ma puce, tu montes avec maman prendre ta valise?

- D’accord.

- Du coup, on s'installe chez moi, ou tu veux rester ici?

- Chez toi c’est de plein pied, ce serait plus simple, mais on serait moins tranquilles et je suis installé ici…

- Ok… Alors t’as fait comment?

- Mardi matin il pleuviotait, j’ai quand même voulu aller courir un peu, vers Costelongue, une pierre mouillée a traversé devant moi, j’ai pas réussi à freiner à temps et je me suis étalé comme une bouse…

- Je rigole pas Juss… Tu aurais pu te fracasser la tête!

- C’est pas ce qui risque le plus chez moi…

- Ha,ha,ha!

- C’est bon, je recommencerais plus, c’est promis! La prochaine fois j’allumerai mes phares!

- Mais t’es revenu comment?

- En marchant sur les mains et en faisant des cabrioles…

- Justin!!!

- J'ai appelé ma mère, elle est venue me chercher en voiture sur la route en contrebas. Je suis descendu comme j’ai pu, en sautillant sur une jambe, en prenant des appui léger sur mon pied droit, je sais plus trop…

- Allez, on y va les amoureux?

Une fois les filles installées, nous les laissons tranquilles et prenons la route d’Anduze pour aller saluer Nadine et Pierre qui sont heureux de nous voir, mais déçus de ne pas rencontrer le reste de la famille. Tandis que Clems récupère quelques affaires dans sa chambre, je reste au salon pour discuter avec mes beaux-parents qui semblent rassurés d’entendre que, malgré les chamboulements, tout se déroule bien pour nous et surtout pour leur fille. Après un dernier point sur l’organisation du réveillon, nous reprenons la route de Lézan pour nous retrouver un moment tous les deux sur mon lit.

- Montre-moi tes radios.

- Tu vas pas me lâcher avec ça?

- Non, même si c’est ta première entorse, t’as déjà eu pas mal de dégâts sur cette jambe, si c’est mal soigné, si tu fais le con, si c’est plus grave que prévu, tu risques d’avoir des séquelles toute ta vie. Je veux pas d’un mec boiteux moi…

- Je suis déjà complètement taré, t’es pas a ça près… Tiens… Tu peux regarder, y’a rien du tout…

Elle prend son air sérieux et analyse très attentivement les différents clichés à la lumière, cherchant le moindre petit détail qui serait passé à l’as.

Alors, qu’en pense la spécialiste?

- Que j’ai besoin de voir ton pied maintenant…

Je la laisse enlever l’attelle et la chaussette pour examiner l’étendue des dégâts et vérifier mes possibilités de mouvements.

Et qu’en rentrant à la maison, t’auras droit à une IRM…

- T’as un doute?

- Pas vraiment, ton pied est vraiment enflé et bleu pour une simple entorse et pourtant tu le bouges assez bien, mais je préfère vérifier en profondeur.

- Ok.

- Ce soir je te masserai, ça te fera pas de mal et demain, si ça a encore un peu désenflé, on commencera à mobiliser légèrement ton pied pour voir. En attendant, j’ai d’autres idées en tête… Rassure moi, t’as mal qu’au pied?

- Tu perds pas le nord…

- Trois nuits, seule, loin de toi… Je suis désolée, j’ai des besoins moi…

- T’es pas la seule… Tu m’as manqué ma puce…

Sans me laisser le temps de répondre, je me retrouve torse nu, allongé sur le dos, ses mains caressant délicatement ma peau.

- C’est quoi ça?

- Hein?

- Sur ton poignet?

- Ma fille, Caro et moi… T’aimes pas?

- Mmmmh… Si, c’est super mignon…

- Le prochain, il est pour toi…

- Pour moi? Où pour nous?

- Pour toi, pour nous c’est déjà fait…

- Oui… Bon j’en étais où moi?

Rapidement, nous nous sommes retrouvés nus, enlacés, puis emboîtés, pour finir enivrés par le plaisir tendre de ces retrouvailles. C'était notre première “longue” séparation, depuis notre emménagement à Aix et même si, sur le moment, avec Clara et ma chute, je n’avais pas eu beaucoup de temps pour ressentir ce manque, à l’instant, je m’en rendais vraiment compte.

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