Pour notre dernière journée nous prenons très tôt la direction de Rennes-les-Bains pour la matinée avec au programme un tour à la source d’eau chaude, puis à la Fontaine des Amours et un picnic au bord de l’eau.

Clara est surprise par la température de l’eau de la source, bien plus élevée que la température extérieure et n’ose pas vraiment la toucher, mais sous nos encouragements, se laisse finalement convaincre.

Nous changeons de coin dès que les premiers touristes arrivent, leur laissant la place libre, pour rejoindre les bassines de la Fontaine et retrouver ce superbe site ombragé. L'eau y est beaucoup plus fraîche, mais la baignade est vraiment agréable, nous glissons et jouons dans les toboggans naturels comme des enfants avant de partager notre repas à l'ombre de la végétation luxuriante.

- C’est vraiment magnifique, vous avez trouvé ça comment?

- En cherchant dans les guides et sur le net des endroits tranquilles pour se baigner. C’est pas vraiment indiqué, mais ça commence à être connu et les touristes s’y précipitent dès le début de l'après-midi. D’ici moins d’une heure, ça sera vraiment noir de monde.

- On imagine pas pourtant… C’est tellement calme…

- On remballe et on file mon coeur?

- T’es pressée?

- Oh que oui!

Tout au long de la route, nous devinons au loin le village, perché sur sa colline et je commence un peu ma leçon d’histoire, car l’après-midi ne suffira pas pour donner toutes les explications et raconter la drôle d’histoire de l’abbé

Comme à chaque fois, dès que j'éteins le moteur de la voiture, à l’ombre d’un arbre, je ne peux m'empêcher de rester planté quelques secondes, admirant le village, d’en bas cette fois-ci, en frissonnant. Après avoir emprunté le sentier qui y monte, nous faisons une pause devant la table d’orientation. Nous restons fidèles à nos deux précédentes visites, le parcours emprunté reste le même: chemin de ronde en direction de la Tour Magdala et un arrêt au pied de celle-ci pour profiter pleinement du point de vue sur la plaine et les Pyrénées.

Immédiatement, Clémence est venue se blottir au creux de mes bras, certainement soucieuse d’éviter tout malentendu comme l'avant-veille à Aguilar, mais aussi saisie par les souvenirs de nos précédents passages ici. Je suis également ému en retrouvant ce promontoire et ce lieu chargé de joie et de bonheur pour nous deux.

Du coin de l'œil, je vois Caro et Clara s’imprégner du paysage à quelques mètres de nous, se tenant par la main.

- C’est toujours aussi beau…

- Oui et toujours aussi émouvant, merci mon coeur…

Elle se retourne pour venir prendre mon visage entre ses mains et plonger son regard dans le mien avec une telle émotion que j’en frissonne,en murmurant.

Si tu savais, mon coeur, si seulement tu savais à quel point je t'aime, à quel point je suis heureuse avec toi, avec vous. Malgré les surprises, malgré les coups de sort…

- Merci…J’ai rien à ajouter. Tu me combles de bonheur depuis un an, depuis six ans, depuis le début. Je t’aime aussi Clémence, comme j’ai jamais aimé personne… Je te dois la vie et je ne l'oublierai jamais…

- Chut… C’est terminé tout ça… C’est loin derrière et tout est rentré dans l’ordre… Les filles! Venez avec nous…

Nous nous sommes retrouvés enlacés tous les trois, front contre front, nous tenant par les hanches, Clara coincée au milieu du petit cercle que nous formons. Je me suis senti immédiatement comblé par le sentiment de plénitude qui m’a envahi à cet instant. Je crois que je viens de réaliser que la place que Clémence a laissée vacante depuis un an a été comblée par Caro et Clara, de même qu’elles ont comblé le vide que j’ai laissé dans la vie de Clémence.

- Je comprends mieux ce qui s’est passé les deux fois où vous êtes venus ici… L’endroit est… Magique… Grandiose… J’ai l'impression qu’il y a comme une sorte de magnétisme… Quelque chose qui laisse les sentiments, même enfouis profondément, revenir à la surface sans pouvoir lutter.

- C'est exactement ça, j’y croyais pas la première fois, je pensais que c’était la fatigue du voyage, l’émotion de la découverte. Quand on est revenu l’année dernière, je me disais que c’était les retrouvailles et les souvenirs qui avaient précipité notre baiser et fait ressurgir mes sentiments pour Clémence.

- C’est la troisième fois qu’on vient, et pourtant, c’est toujours aussi… Électrique…

- Merci…

- On se fait une photo tous les quatre? On la postera sur la page à notre retour.

J’ai calé l’appareil photo sur un rocher, déclenché le retardateur et nous nous sommes assis au sol avec en toile de fond la plaine du Razès et les Pyrénées. La photo est géniale, le bonheur transparaît dans chacun de nos sourires et je l'imagine déjà encadrée et accrochée au mur de la maison.

Nous poursuivons ensuite notre visite, comme au premier jour, la tour, la villa et son jardin, l’église et son bénitier qui colle une frousse monstrueuse à Clara. Nous poussons même jusqu’au château pour saluer les propriétaires qui semblent ravis de nous revoir et nous offrent une petite visite privée pour le plus grand plaisir de la miss.

En rentrant, je profite d’un moment de calme pour appeler nos hôtes du lendemain, leur annonçant notre arrivée précoce dans la matinée pour pouvoir profiter des joies de la baignade avant les heures les plus critiques de la journée.

La soirée est douce et nous en profitons avec Clémence pour nous accorder une petite balade en amoureux dans le village endormi. La compagnie de Caro et Clara est agréable, mais nous avons aussi besoin de prendre un moment pour nous de temps en temps, de passer quelques minutes seuls tous les deux.

- Ça fait du bien de se retrouver seuls…

- Ouais… Même si elles m’ont manqué pendant toutes ces années, enfin, surtout Caro, j’avais besoin de prendre un peu de temps seul avec toi….

- Tu regrettes?

- Pas du tout… Surtout quand je vois comme vous vous entendez bien.

- Je voulais dire, cette semaine.

- Non plus. Je suis heureux de leur faire découvrir la région, de partager ça avec elles et avec toi. Ce coin est chargé de bons souvenirs pour moi, pour nous deux, venir ici, c’est important.

- Pour moi aussi, j’aime revenir ici avec toi… Caro est une fille géniale. Elle est gentille, simple, intelligente, elle me fait beaucoup penser à toi il y a quelques années, un peu paumée, pas sûre d’elle. Votre fille est un amour, un peu casse-pieds par moment, mais tellement adorable.

- Merci de les accepter dans notre vie…

- C’est normal Juss, elles font partie de ta famille, de notre famille…

- C’est un peu l’idée…

- On va se coucher? Demain est une longue journée encore…

- Oui…

Les trois jours suivants ont ressemblé à de vraies vacances, plage et farniente. Je suis heureux de retrouver Clo et Fred, qui entrevoient avec soulagement la fin de la saison. Il m’apprennent qu’ils prévoient une visite du pays Cathare pendant le mois de novembre et me demandent conseil pour l’itinéraire et les logements. Je leur donne la liste de nos visites, les adresses des campings même s’ils risquent d'être fermés à cette période et les coordonnées de François.

Sur le retour nous effectuons une halte surprise à Castelnau de Guers saluer Edith, Pierre, Cléa et Matteo. La fillette est ravie de me revoir et ne me quitte pas d’une semelle, tout comme Clara qui semble un peu jalouse, mais les quelques explications que je lui donne la détendent un peu et elles finissent par jouer un long moment ensemble pendant que nous discutons tous les cinq. Matteo a beaucoup changé en un an, un vrai petit bonhomme désormais, beaucoup moins timide que lors de ma précédente visite surtout avec Clacla.

Après cette halte, nous terminons notre route à Lézan où nous passerons la nuit. Nous déménageons mon clic clac dans la salle de jeu pour que Clara et Caro aient chacune leur lit, puis filons au bord du Gardon pour un dernier bain.

Le soir, le rituel n’est pas rompu et nous débarquons chez Céline, rejoints par Nadine et Pierre pour une jolie tablée. Ils ont droit à un récit détaillé de nos vacances de la part de Clara qui est encore toute excitée par cette semaine de découvertes et de rencontres.